Ce week-end, ils écumeront les marchés, tracts de Fillon en mains. La
tempête semble s'être (un peu) calmée, assurent-ils. « Les électeurs
potentiels, qui étaient assommés ces dernières semaines, paraissent
retrouver de l'allant », constate Joëlle Léonhardt, ancienne professeur
de sciences physiques à la retraite.
Ça change ! Dire que les jours précédents furent rudes pour ces
militants est un euphémisme... « Quand on tendait les tracts, on pouvait
se faire traiter de voleurs », se souvient tristement Joëlle. À ses
côtés, Monique Vrastor opine. « Il est même arrivé que l'on se fasse
bousculer physiquement sur le terrain, confie cette frêle conseillère
financière à la retraite. Un jour quelqu'un m'a dit :
Vous me faites penser à des poilus de la guerre de 14 que des généraux irresponsables enverraient au feu ! »
L'exemple vient d'en haut
Les bombardements d'infos n'ont pas entamé le moral de ces
fillonistes purs et durs. « C'est glorifiant d'être comparé à des
poilus », lâche Nicolas Fantun, 19 ans, étudiant en première année
d'école de commerce à l'université catholique de
Lyon.
Les métaphores guerrières font plus que jamais partie du vocabulaire
des fantassins du fillonisme en campagne. L'exemple vient d'en haut, le
candidat en usant et en abusant, le combattant se faisant désormais
résistant, comme récemment en meeting à Quimper. Ici, à Lyon, le mot
prend tout son sens, même s'il faut l'utiliser avec précaution tant il
pèse de tout son poids dans une ville qui fut pendant la Seconde Guerre
mondiale la capitale française de la Résistance (avec une majuscule).
Mais, entre Rhône et Saône, les fillonistes semblent plus que jamais en
résistance puisque le maire,
Gérard Collomb, a fait de sa métropole la capitale de la « macronie ».
La droite locale aspirée
À un point tel que la droite locale a été, en partie, aspirée par la
centrifugeuse Macron pilotée par Collomb. L'ancien ministre chiraquien
Dominique Perben et le centriste et ancien ministre de François Fillon
Michel Mercier
ont ainsi rejoint le candidat d'En marche !. Pour ne parler que de
têtes d'affiche... Mais ces ralliements laissent de marbre Joëlle
Léonhardt, qui a milité au RPR (à partir de fin mai 1981), à l'
UMP
puis aux Républicains. Dominique Perben ? « Il a été mon député alors
que j'étais déléguée de circonscription, j'ai beaucoup œuvré pour sa
campagne aux municipales de 2008 (NDLR : l'homme s'était alors présenté
contre un certain
Gérard Collomb...).
Il est très proche de Juppé, mais son choix n'aura pas beaucoup
d'incidence : c'est un non-événement, il n'est plus dans le circuit... »
Sur le cas Michel Mercier, Joëlle se montre plus sévère : « Il était
tête de liste pour la droite aux municipales de 2001, face à Gérard
Collomb et à Charles Millon, et il a lâché entre les deux tours... Cela
illustre le personnage. » « Que ceux qui ont des convictions restent,
que les autres partent », juge sans indulgence Nicolas, par ailleurs fan
de Laurent Wauquiez.
« Faire abstraction »
Les actuels chefs de file de la droite lyonnaise, le sénateur
Francois-Noël Buffet, filloniste de la première heure, et le député
Philippe Cochet, président de la fédération LR, restent, eux, derrière
le candidat – droits dans leurs bottes. À Lyon – contrairement à
d'autres villes –, la machine LR soutient François Fillon.
Les Lyonnais ont, d'ailleurs, été parmi les plus nombreux à se montrer à Paris pour le rassemblement du Trocadéro.
Ces militants se montrent plus prompts à conspuer ceux qui sont passés
chez Macron, ainsi que les journalistes et les juges, que les fautes de
leur candidat... « On essaie de faire abstraction, on n'a rien à voir
avec tout ça, souligne Monique. On s'en tient à la présomption
d'innocence, nous ! » Droit devant... « Les gens reviennent sur Fillon,
car il a un bon programme et il s'est débattu », poursuit Monique. « Et
il nous faut à la tête de l'État quelqu'un de solide, pas une
girouette », enchérit Joëlle. Si le vent tourne, pour ces fillonistes,
c'est en faveur de leur candidat. « On est en train de récupérer ceux
qui avaient voté pour Fillon à la primaire et disaient ces jours-ci :
Je ne voterai plus pour lui »,
lance Nicolas. Alors que l'entretien touche à sa fin, l'étudiant
ajoute : « Il faut d'abord penser à la France, et les Français ne sont
pas bêtes. Trump a été élu alors qu'il avait subi un constant
bashing pendant la campagne. »
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