Charlotte d’Ornellas est allée à la rencontre d’Henri Guaino dans la circonscription parisienne où il se présente… face à NKM. Selon lui, si l’on veut reconstruire, il faut être clair sur le socle commun. Or, pour la première fois depuis 1958, aucun électeur ne sait à l’avance si celui pour lequel il vote sera dans la majorité ou dans l’opposition !
Vous êtes en train de tracter. Vous êtes dans votre circonscription dans laquelle vous vous présentez pour les législatives. On l’appelle parfois la circonscription de NKM. D’aucuns disent que vous vous présentez contre NKM. Est-ce que vous vous présentez contre NKM ?
Je ne me présente pas contre Nathalie Kosiusko-Morizet. Je me présente pour que la ligne politique de tout ce qui se situe entre le Front National et le mouvement de Emmanuel Macron soit enfin clarifié. Cela fait des décennies que nous accumulons les contradictions. Le moment est donc venu de clarifier les choses. Si nous voulons reconstruire, il faut que nous soyons clairs sur le socle commun d’idées en ce qui concerne la société, la nation, la civilisation, mais aussi l’économie.
Nathalie Kosiusko-Morizet incarne une ligne politique. Moi j’en incarne une autre.
Si on ne veut pas que tout l’espace politique entre monsieur Macron et le Front National soit déserté, il est temps que les électeurs tranchent.
Et puis il est temps aussi de trancher vis-à-vis de Monsieur Macron.
Il y a quand même un deuxième problème au-delà même du fond et du socle commun. Pour la première fois depuis 58, nous sommes dans une situation où aucun électeur ne sait à l’avance si celui pour lequel il vote sera demain dans la majorité ou dans l’opposition.
Je ne suis pas partisan d’une opposition bornée, butée. Le devoir de l’opposition est d’être évidemment constructive. Mais c’est une chose d’être dans l’opposition constructive, s’en est une autre de se retrouver dans la majorité en train de soutenir le projet du président de la République. Si demain les électeurs la porte au pouvoir puisque, ce bien sera une majorité présidentielle.
Je peux être d’accord sur tel ou tel sujet, mais je suis en désaccord avec les principes et les valeurs qui fonde le projet présidentiel aujourd’hui.
Je ne peux donc pas voter la confiance au gouvernement. Je ne peux pas être dans la majorité.
Emmanuel Macron est président depuis quelques semaines maintenant. L’opposition a du mal à se placer par rapport à lui parce qu’il est assez malin dans les gestes qu’il pause, etc. Sur quoi est-ce que vous voulez, dans l’opposition, rester vigilant ? On a bien compris que vous vouliez une opposition constructive, mais sur quoi voulez-vous rester vigilant par rapport à Emmanuel Macron ?
Tous les sujets sont sur la table.
Par exemple, lorsque Emmanuel Macron, pendant la campagne électorale, va à Sarcelles et dit : « Je viens ici parce que toutes les communautés sont représentées« . Je suis totalement opposé à conception du communautariste de la nation. C’est totalement contraire à toute notre histoire, toute notre culture, à la manière dont cette nation s’est constituée, et à tout ce qui la fonde.
Je serai donc intransigeant sur cette question du communautarisme.
Je serai également intransigeant sur la question de l’Europe fédérale.
S’il s’agit de reconstruire une coalition européenne pour défendre en commun des intérêts et des valeurs. C’est très bien !
Mais s’il s’agit de faire encore un pas, puis un autre pas, vers l’Europe fédéral, c’est à dire vers la liquidation de la nation, alors je ne suis pas d’accord. Je serai donc intransigeant sur cette question.
S’il s’agit de s’ouvrir au monde. C’est très bien !
Mais s’il s’agit d’œuvrer pour l’aplatissement du monde et pour abandonner tout ce qui fait notre identité, notre génie et notre particularité dans le monde, alors je ne serai pas d’accord.
C’est la même chose sur d’autres sujets: la conception de l’homme, la vision de la société, et la question de l’affiliation qui a déjà était posée est, c’est vrai, une vrai ligne de partage.
En réalité, tous les sujets sont concernés parce que tout est remis en cause aujourd’hui.
Tous les fondements même de la civilisation, toutes les raisons qui nous ont fait partager l’idée d’une destiné commune sont remises en cause.
Ce n’est pas propre à la France. C’est vrai pour la France, pour l’Europe, et pour tout l’Occident. Tout l’Occident est traversé par un profond malaise de civilisation. C’est précisément le moment où on voudrait étouffer cette question du malaise de la civilisation et de ses causes. Je pense le contraire. Si nous ne voulons pas que tout cela finisse mal, je pense que nous avons tout intérêt à mettre nos divergences sur la table, nos contradictions en pleine lumière et à les trancher.
Nous avons donc besoin de clarté et de reconstituer sur la scène politique un grand mouvement populaire d’inspiration Gaullienne qui pourrait parler au classes populaires et aux classes moyennes.
Ce fut le cas avec le RPR à ses débuts, comme l’avait été le RPF du Général de Gaulle dans les années 50.
En tout cas c’est mon dessein.
Sinon, il n’y aura plus rien entre toutes les radicalités dans lesquelles se dispersera la majorité des Français et puis le fameux cercle de la raison dont vous noterez qu’il est tout sauf très raisonnable. S’il était raisonnable, on ne se trouverait pas dans la situation économique, sociale, culturelle et politique dans laquelle nous nous trouvons.
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