jeudi 15 juin 2017

Le budget 2016 de François Hollande critiqué par la Cour des comptes



Dans un rapport de 200 pages, l'institution regrette que le contexte favorable n'ait pas permis d'améliorer la situation budgétaire de la France.

Publié le  | Le Point.fr
La Cour des comptes a publié mercredi 31 mai un rapport consacré au dernier exercice budgétaire du quinquennat de François Hollande. Dans ce document de 200 pages, l'institution de la rue Cambon déplore une « occasion manquée » pour les finances publiques. « L'exécution du budget 2016 » s'est caractérisée « par une réduction du déficit faible et peu significative », écrit la Cour des comptes. « Le contexte propice de la baisse de la charge de la dette et de la forte réduction des prélèvements sur recettes a été insuffisamment mis à profit pour progresser dans le rétablissement des finances de l'État », ajoutent les magistrats financiers, par ailleurs inquiets pour 2017.
Le déficit de l'État (une des trois composantes du déficit public, qui intègre également les comptes des collectivités locales et ceux de la sécurité sociale) a atteint officiellement 69,1 milliards d'euros en 2016, soit 3,3 milliards de mieux qu'initialement prévu, et 1,5 milliard d'euros de mieux qu'en 2015. Mais « après retraitement », c'est-à-dire corrigé des éléments exceptionnels survenus l'an dernier et les années précédentes, ce déficit s'est établi à un niveau supérieur à celui de 2013, souligne la Cour des comptes, qui dénonce des effets d'aubaine et des « accommodements » comptables de la part du gouvernement sortant.

Une dette toujours en hausse

Les dépenses nettes de l'État, inférieures de 1,4 milliard d'euros aux objectifs de la loi de finances initiale, ont ainsi été réduites « à la faveur d'économies de constatation sur la charge de la dette, liées aux faibles taux d'intérêt », soulignent les magistrats financiers. Ces différents facteurs écartés, la progression de la dépense par rapport à 2015 a été « près de deux fois plus rapide que celle affichée » (+ 1,8 % au lieu de + 1 %), insistent les sages de la rue Cambon, qui reprochent au gouvernement sortant son manque de résultats en termes d'économies au vu des objectifs qu'il s'était fixés. Côté recettes, l'État a également bénéficié de facteurs exceptionnels, comme la redevance d'usage de 1,3 milliard d'euros pour la bande de fréquences des 700 MHz versée par les opérateurs de télécommunication, ou la baisse imprévue des prélèvements sur recette au profit de l'Union européenne. Or « en l'état, rien ne permet d'anticiper la reconduction d'éléments aussi favorables en 2017 », met en garde la Cour, pour qui « les incertitudes sur la trajectoire budgétaire à court et moyen terme » se trouvent « renforcées ».
En 2016, la dette financière de l'État a atteint 1 621 milliards d'euros, en hausse de 45 milliards d'euros par rapport à 2015. Le solde budgétaire primaire (hors charge de la dette) est quant à lui ressorti en déficit de 27,6 milliards, alors qu'un excédent de 16,5 milliards aurait été nécessaire pour stabiliser la dette de l'État en part du PIB. De quoi menacer l'assainissement promis sur le plan des finances publiques « en 2017 et au-delà », estime l'institution de la rue Cambon, qui publiera le 3 juillet un audit complet des comptes de l'État et des administrations publiques, à la demande de Matignon.
« À court terme, l'accélération de la croissance des dépenses fiscales et les reports de charges créent un risque sur l'exécution 2017. » Et « à moyen terme, les effets différés des décisions prises en 2015 et 2016 accélèrent fortement l'évolution tendancielle de certaines dépenses », prévient la Cour. Un message relayé mercredi par un rapport sénatorial, qui a mis en garde contre un « risque de dérive de la dette publique », en l'absence de réels « efforts budgétaires ».

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