Emmnauel Macron, le candidat d'En Marche!, sur le plateau du «Grand Débat» (TF1 et France 2), le 3 mai 2017.
Emmnauel Macron, le candidat d'En Marche!, sur le plateau du «Grand Débat» (TF1 et France 2), le 3 mai 2017. - AFP
« Mon concurrent refuse tout débat avec moi. De quoi a-t-il peur ? », s’interroge le Républicain Guillaume Larrivé, candidat dans la 1ère circonscription de l’Yonne, sur son compte Twitter. Comme lui, ils sont nombreux à déplorer le refus de dialogue de la part de candidats LREM entre les deux tours des élections législatives.
C’est aussi le cas d’Olivier Faure, candidat PS dans la 11e circonscription de Seine-et-Marne, qui affronte Amandine Rubinelli (LREM) au second tour. « Elle affirme que nos avis sont divergents et qu’un débat ne servirait à rien. Mais le débat est une manière d’éclairer les électeurs sur nos différences, non ? Dans la vie démocratique, le minimum, c’est d’accepter la confrontation. » L’ancien porte-parole du Parti socialiste affirme devoir faire campagne autrement. « Du coup, je fais beaucoup de réunions publiques, j’ai aussi participé à un meeting. Je vais plus au contact des électeurs. »
Mathilde Panot, candidate France insoumise dans la 10e circonscription du Val-de-Marne, estime, elle, que ce refus dessert la candidature de son adversaire, Sheerazed Boulkroun. « Je trouve ça anormal qu’elle n’arrive pas à porter publiquement son projet, expliquer ce qu’elle veut faire. » Sheerazed Boulkroun a expliqué dans un communiqué que le débat avait déjà eu lieu « pendant les élections présidentielles. »

Différentes raisons invoquées

Chaque candidat de la République en marche se justifie à sa façon. Eric Bothorel, au second tour dans les Cotes-d’Armor reproche à son adversaire LR Jean-Yves Chaisemartin son attitude déplacée. « Il estime que je fais campagne sur le cercueil de Corinne Erhel [décédée le 5 mai dernier]. Je trouve que les propos de mon adversaire dépassent les limites. Une telle liberté de ton et une telle agressivité ne me donnent pas envie de débattre avec lui. »
D’autres, comme Agnès Thil, opposée au candidat FN Gaëtan Dussausaye dans l’Oise, évoquent le combat inégal que représenterait un débat. « Est-ce qu’on mettrait un boxeur face à quelqu’un qui fait de la natation ? Non. Moi je ne veux pas être le jouet d’un jeune loup de 23 ans », explique-t-elle. « Il connaît le discours du FN par cœur, il sait parler aux médias. Moi, je suis issue de la société civile. Je débute en politique et je préfère causer avec les gens sur les marchés. »

Aucune consigne donnée par le parti

Un parti pris qui ne dérange en rien les cadres de la République en marche. Jean-Paul Delevoye, président de la Commission nationale d’investiture l’assure, le parti n’a donné aucune consigne à ses candidats. « Nous souhaitons responsabiliser les membres de notre mouvement. Chacun d’entre eux mène sa campagne comme il le souhaite. Peut-être certains veulent-ils s’adresser aux citoyens plutôt que de tomber dans le jeu politique classique. »
Certains débats ont pourtant bien lieu, comme dans la 5e circonscription du Puy-de-Dôme. « Moi je n’ai aucun problème à aller débattre avec mon adversaire. Je suis allé à la radio, à la télé… C’est vrai qu’il y a eu une pointe d’agressivité lors de notre dernier débat mais rien qui ne m’empêche de continuer à échanger avec Monsieur Chassaigne », explique Sébastien Gardette. Dans les Cotes-d’Armor, Dider Déry (LR) et Hervé Berville (LREM), ont eu aussi, accepté de dialoguer.