mardi 28 février 2017

L'Opinion de François d'Anjou

Par François d'Anjou

Après le ralliement contre nature de Bayrou à Macron, il y a peu traité d'"hologramme" par le maire de Pau,  le week-end a été marqué par un recul de Fillon dans les sondages anticipant sa défaite au premier tour. Ça n’a pas duré. En réalité, dans une situation aussi fluide les enquêtes d’opinion sont forcément toujours en retard. Le défaut de perception est encore aggravé quand les médias et les commentateurs se noient dans le parti pris.
Essayons de changer de perspective pour  nous extraire des mantras politiquement corrects diffusant comme une fumée, un vaste brouillage de l’entendement.
Peut-être est-ce un effet de l’âge ou d’une conscience politique réveillée par le très mauvais état de la France, Fillon est le premier homme politique depuis longtemps à qui je porte un intérêt soutenu. La dernière fois que j’avais voté avec conviction, j’étais en Nouvelle Calédonie. C’était en 1981. Depuis j’ai toujours manqué de cet esprit d'adhésion nécessaire à un vote partisan. Précisément pour les raisons énoncées dans mon dernier message : le « peuple » est très sensible aux apparences, aux discours creux et simplistes, tandis que les politiques, se vautrent trop souvent dans l’illusion et le mensonge.
Tout le monde le sait, à cette époque lointaine, on glosait sur les diamants de Giscard. L’homme à la particule rattrapée de justesse était certes d’un narcissique proto-monarchique, à qui l’élection était un peu montée à la tête. Mais, si on réduit les exigences de la course de chevaux présidentielle à la morale, alors force est de constater que Mitterrand véhiculait une impressionnante série de canailleries et d’impudences à côté desquelles les diamants de Giscard et les petits arrangements de l’Harpagon de la Sarthe étaient du niveau de la sucette dérobée au patronage du curé.
Simples rappels : les contacts troubles avec Vichy, l’attentat factice de l’Observatoire, l’affaire du Rainbow Warrior, l’utopie du discours de La Baule en partie à l'origine des massacres au Rwanda auxquels fut confrontée l'opération Turquoise et, bien sûr, protégée des investigateurs journalistes borgnes, la famille secrète entretenue dans un appartement de fonction de 250 m2 Quai Branly,  dans un immeuble affecté à la présidence, protégée pendant 13 ans par 8 « super-gendarmes » aux ordres de Christian Prouteau etc…
S’agissant du sérieux politique, quand Fillon a, en arpentant la vieille France dont les fontaines profondes sont en train de se réveiller, concocté un programme ambitieux, qui fera date, balayant l’ensemble des problèmes du pays, depuis les graves contradictions socio-économiques jusqu’aux transes de sécurité dans les banlieues, en passant par les angoisses identitaires et l’obligation laïque,  l’homme de Jarnac n’avait lui, même pas lu le programme commun, sur lequel il s’est pourtant fait élire. 
Macron dont l’épine dorsale est fragile, est dans la même veine du flou artistique et illusoire de l’image. Chez Mitterrand, les ingrédients en étaient le style, la culture littéraire, le bon mot, le flegme du « sphinx »  et la distance monarchique ; chez Macron, l’illusion s’articule à un ensemble mêlant sa jeunesse à sa culture académique, alchimie quasi magnétique effaçant comme le ferait la main visible d'un magicien, le handicap de n’avoir jamais été élu et de venir directement de la banque sur fond de « grandes affaires sans frontières ».
L’homme lige de François Hollande est en effet lié à la nébuleuse des nouvelles technologies mondialisées de l’information ayant  la vertu d’électriser la jeunesse, les médias et l’incessant rabâchage des commentateurs. Ainsi, toute cette gentille galaxie déconnectée des tensions françaises s’esbaudit du « modernisme façon Macron », quand son programme, ou du moins ce qu’il en laisse entrevoir, rejoignant en partie celui de Fillon dans l’exigence de réduire le poids de l’Etat, est plutôt prosaïque et sans surprise.
Mais les sondages ne sont pas l’élection. Une réponse au téléphone entre deux croissants ou en allant chercher sa voiture au garage n’est pas un bulletin secret glissé dans une urne sous l’œil des scrutateurs.
Plus encore, dans une situation extrêmement fluide, le flot tumultueux de l’opinion charriant de considérables non-dits, eux-mêmes ambigus et sans cesse chambardés, les ponctions périodiques instantanées opérées par les sondeurs dans l’écume insaisissable des arrière-pensées françaises, ne sont plus en mesure de rendre compte avec exactitude des intentions de vote. Bref, le moins qu’on puisse dire - et le passé récent des sondages pris à contre-pied le laisse entrevoir -, est qu’il est possible que nous ne soyons pas au bout de nos surprises.
Les Français sont un peuple étrange. Prêts au lynchage violent et grégaire pour de vénielles déviances morales ; ils sont aussi facilement animés par la compassion à l’égard des cibles de harcèlements trop voyants et trop injustes. Surtout, dès lors que l’acharnement est orchestré, en sous main,  depuis la position embusquée de l’Élysée, par un homme dont le mandat s’achève dans un  pathétique désastre politique.
Quel Français lucide ne serait en effet par au minimum « étonné » - c’est un euphémisme -, par le contraste entre, d’une part, ce qu’on reproche à Fillon et, d’autre part, l’incroyable déploiement judiciaire annoncé vendredi dernier : 3 juges d’instruction et une extravagante série de chefs d’accusation. Comment en effet, un Français attentif au sort de notre pays, ne serait-il pas inquiet de voir au moins une partie de l’appareil judiciaire, le 3ième pouvoir, en collusion avec le 4ième,    organiser des fuites de pièces de l’instruction supposées secrètes, auxquelles Fillon et ses avocats n’ont pas accès. 
Le délabrement décadent de la 5ième République et de son arrière plan de grandeur apparaissant à son comble quand on sait que les deux relais des fuites  dans Le Monde sont précisément les mêmes journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, auteurs indignes mais satisfaits de « Un président ne devrait pas dire ça ».
Autrement dit, trop c’est trop.
J'attends la volte-face de l’opinion et la qualification de François Fillon pour le 2ième tour, en dépit matraquage des médias dont, comme le dit Finkelkraut, les soi-disant « journalistes d’investigation se mettent aux abonnés absents dès lors que les faits ne correspondent plus à l’histoire qui se raconte, les vérités réfractaires étant repoussées hors du champ du champ de l’information ». 
Ceci étant dit, face à l’hypothèse, à mon avis  improbable d’un 2ième tour Macron – Le Pen, mon opinion est déjà faite. Le type de bulletin que le mettrai dans l’urne me regarde. Mais une chose est sûre, compte tenu de l’état du pays, je ne me prêterai (s) plus au jeu du « vote républicain pour faire barrage », produisant des résultats de scrutin de république bananière, cache-sexe du politiquement correct destiné à mettre sous le boisseau  20 à 30% de l’électorat.
Incroyable ostracisme démocratique, cette habitude d’exclusion et de facilité imaginée par le système oligarchique est précisément une des origines de la montée des tensions en France se nourrissant depuis des lustres de cette mise au ban de la réalité par ceux que la vérité dérange.

Sondages (Filteris)
17 février
Le Pen 23
Fillon 21,3
Macron 21,1
20 février
Le Pen 22,78
Fillon 21,42
Macron 19,91
23 février / 18h
Le Pen 22,45
Fillon 22,11
Macron 18,88
24 février / 18h
Fillon 22, 53
Le Pen 21,74
Macron 20,16
27 février
Le Pen 23,30
Fillon 21,63
Macron 19,54
La spécificité de la méthodologie exploitée par Filteris Euro / Mediations réside dans le fait de ne pas constituer d'échantillons, de ne pas poser de questions qui orientent les réponses, de ne pas opérer de redressements hasardeux auxquels les sondeurs doivent inévitablement se plier. Au contraire, la méthodologie de Filteris Euromediations permet de capter et d'analyser les opinions publiques et d'en dégager des tendances certaines à court, moyen et long termes.

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