Réflexions d'un ancien
de la cour des comptes.
Chers
tous,
J'ai
comme vous été assommé par la cataracte médiatique du Penelopegate.
Mais
ensuite j'ai enquêté et réfléchi. Voici quelques éléments à cet égard. S’ils
vous paraissent valables, vous pouvez les faire circuler. Je n'épiloguera pas
dans cette note sur l’aspect médiatique des choses, que chacun connait puisque
c’est l’essentiel de ce que traitent les médias. La présente note vise au
contraire à tenter d’analyser et d’éclaircir le fond du dossier.
.
y a-t-il emploi fictif?:
A
mon avis non: c'est impossible pour plusieurs raisons, l'accusation ne tient
pas.
. d'abord est-ce que Pénélope a réellement travaillé ?
La
réponse est nécessairement oui. M Fillon, comme tous les députés, ne peut pas
travailler sans assistant parlementaire, dont le rôle est à la fois divers et
très chargé: suivre l'actualité, préparer des notes de synthèse ou des dossiers
sur des sujets complexes, préparer les discours amendements et interventions à
l'Assemblée, recevoir l'énorme courrier d'un parlementaire et rédiger les
réponses, écouter les solliciteurs, représenter le député localement quand il
est indisponible, préparer l'emploi du temps et suivre les rendez-vous et déplacements,
...
Bref,
il faut quelqu'un de fort calibre et ayant du temps disponible. C'est un
travail qui relève du niveau “Administrateur civil” de la fonction publique.
J'ai fait du Cabinet ministériel, je n'ai jamais autant travaillé.
Or
à aucun moment le Canard n'a dit: « le travail était fait en réalité par Mr X,
Mlle Y et Mme Z, donc pas par Pénélope ». C'était pourtant le seul moyen de
prouver que Pénélope n'aurait rien fait. Et à ma connaissance, personne n'a
cité le nom d'autres assistants parlementaires que Mme Fillon. Si donc elle
était bien la seule, comment imaginer qu'elle n'ait pas fait le travail ?
Comment le député Fillon aurait-il pu fonctionner ?
Ainsi
l'accusation d'emploi fictif paraît peu vraisemblable.
. ensuite, même si Pénélope n'avait pas travaillé, y aurait-il détournement
de fonds publics ?
La
réponse est non, car jusqu'en 2012, les fonds concernés étaient privés :
personne n'obligeait M Fillon à dépenser son enveloppe destinée à payer un ou
plusieurs assistants. Il pouvait garder les fonds entièrement pour lui, leur
emploi était totalement libre. Une fois ces fonds arrivés sur son compte
bancaire, il en avait la libre disposition. C'était des fonds privés, comme son
salaire de député.
Donc
il ne pouvait y avoir détournement, puisque le parlementaire en avait le
libre emploi, sans avoir à en rendre compte à personne. Et encore moins de
détournement de fonds publics, puisque ces fonds étaient privés.
Ce
régime de libre utilisation des fonds a cessé fin 2012. Depuis 2013, les sommes
non utilisées à payer un ou plusieurs assistants parlementaires reviennent à
l'Assemblée. A partir de cette date les fonds sont « fléchés », leur nature est
un peu différente. Ne cherchons pas à en dire davantage, puisque les faits sont
antérieurs à ce changement de régime : à partir de 2013 Mme Fillon a cessé
d'être rémunérée par son mari. M Fillon a expliqué qu'il avait cessé de le
faire parce qu'il avait senti monter la réprobation publique contre ces emplois
familiaux, pourtant légaux, et que, pour tenir compte de cette inflexion de
l'opinion, il avait pris d'autres personnes pour remplacer son épouse.
Ainsi
la qualification de détournement de fonds publics ne peut être retenue.
.
si enfin cette qualification était néanmoins retenue, l'auteur des faits
pourrait-il être poursuivi en justice ?
La
réponse est non car les faits sont trop anciens. De tels "délits"
(emplois fictifs, détournement de fonds publics) se "prescrivent" par
trois ans. Après trois ans on ne peut plus les poursuivre. Or les faits
remontent largement à plus de trois ans. Rien que pour ce motif la procédure
diligentée à grand fracas contre Fillon est « bidon ». Si la PJ avait été
honnête, elle aurait refermé le dossier en 24 heures en disant: les faits sont
prescrits et ne peuvent plus être poursuivis. Et on n'en parlait plus.
Au
lieu de cela, elle fait durer l'affaire, sans aucune chance d'aboutir, ni sur
le fond ni sous l'angle de la prescription, uniquement pour ternir la
réputation du candidat qui apparaissait bien placé pour gagner l'élection, et
dégoûter les électeurs de voter pour lui.
. passons à présent au plan moral, qui est celui qui est le plus retenu
par le public et le plus “lourd à porter” :
Y
a-t-il eu népotisme ?
Oui
au sens littéral. Mais cette situation est légale, organisée et encadrée par
les assemblées parlementaires. Plus de 200 parlementaires emploient des membres
de leur famille comme assistants parlementaires, sans que personne n'y ait
trouvé à redire. Cette pratique est sans doute regrettable, mais on ne peut
en accuser M Fillon sans devoir en accuser aussi les autres parlementaires qui
sont dans le même cas et sans ouvrir une enquête judiciaire à leur encontre. Ce
que ni les médias ni la justice ne font.
Y
a-t-il eu rémunération abusivement élevée ?
La
réponse est non, les rémunérations pratiquées sont normales : il
convient pour les apprécier de considérer la totalité de la période dénoncée
par les médias. Si on rapporte ces salaires « énormes », aux quelque 25 ans de
mandat de député ou sénateur (hors périodes de poste de ministre), ils ont été
en moyenne autour de 2.400 E nets par mois.
Ce
montant est à comparer à la rémunération mensuelle d'un Administrateur civil (=
catégorie A), qui va de 2.100 E bruts en début de carrière à 3.600 E (et
davantage pour le hors classe, le hors échelle…) sans les primes qui s’y
ajoutent, et qui sont en moyenne de 20% du traitement brut. On peut comparer le
net de Pénélope au brut d'un administrateur sans les primes.
Un
assistant parlementaire a été interrogé à la TV, pour savoir si la rémunération
de Pénélope était excessive. Il a répondu que si cela avait été lui l'assistant
de Fillon, pendant toute la période en question, cela aurait coûté plus cher
que les sommes énoncées par le Canard enchaîné. Je l'ai vu et entendu moi-même.
Ceci
n'a été repris par aucun média.
Pour
résumer :
.
le travail d'assistant parlementaire a bien dû être fait par quelqu'un, et si
ce n'est par Pénélope, par qui d'autre a-t-il été fait ? Il n'y a pas d'emploi
fictif.
.
les fonds, à l'époque des faits étaient d'emploi libre et, par conséquent,
n'étaient pas des « deniers publics », mais des fonds privés. Il ne peut y
avoir de « détournement de fonds publics ».
.
les faits allégués sont prescrits et ne peuvent être poursuivis. Il ne peut y
avoir d'enquête de police et encore moins de mise en examen.
.
l'emploi de membres de la famille est légal et largement pratiqué par des
parlementaires de tous bords, dont aucun n'est poursuivi,
.
les rémunérations étaient normales pour le poste concerné.
Tout
ceci montre qu'on est devant une bulle médiatique doublée d'un détournement
de procédure par l'autorité publique, consistant à faire durer une
enquête judiciaire « bidon », dans le seul but de persuader une opinion non
informée que les faits étaient immoraux et délictueux, afin de fausser
l'élection présidentielle.
S'agissant
des médias, rien de surprenant. On se souvient que lors de l'élection de
Hollande, les médias s'étaient entendus pour réaliser chacun de leur côté un «
vote blanc » anonyme de leurs personnels, reproduisant celui qu'ils avaient
émis pour le scrutin réel. Résultat : 85 % avaient voté Hollande.
S'agissant
des pouvoirs publics, rien d'étonnant non plus quand on connaît le respect de
la gauche pour la légalité, la présomption d'innocence et la moralité.
Alors,
pour qui voter ?
Procédons
à la revue des choix possibles :
.
à l'extrême gauche, Mélenchon, le candidat du « peuple ».
Son
programme économique est désastreux, fondé sur le gonflement du smic et des
prestations sociales, le recrutement massif de fonctionnaires, le matraquage
fiscal, la fermeture des frontières et le reniement de la dette publique. Ce
programme est idéal pour accélérer les délocalisations des entreprises comme
des hommes et femmes ayant reçu une instruction supérieure, c'est à dire pour
vider le pays de sa substance.
Et
pour financer tout cela, on répudierait nos dettes (les banquiers n'avaient
qu'à pas nous prêter, c'est de leur faute ! Sic) et on emprunterait à la
Banque de France.
Ce
programme est inspiré de celui de Hugo Chavez au Vénézuela, qui a fait en peu
d'années de ce pays prospère, assis sur un immense gisement de pétrole, un des
pays les plus pauvres du monde. La fermeture des frontières françaises par des
droits de douane élevés est un suicide collectif, quand on sait que la part du
commerce extérieur est d'à peu près la moitié du PIB. En même temps, c'est la
hausse assurée des prix intérieurs du fait des droits de douane, de l'inflation
dûe aux emprunts à la Banque de France (interdits par les règles européennes,
donc, sortie de l'Europe), de la perte de compétitivité, sans compter les
mesures de rétorsion inévitables du reste du monde envers nous.
Bref,
évitons Mélenchon.
Au
plan moral, rappelons-nous que l'intéressé s'est déclaré opposé à ce qu'on
demande aux candidats de publier leurs revenus, parce que son patrimoine est de
plusieurs millions et qu'il gagne environ 30.000 E par mois en tant qu'élu
cumulant plusieurs mandats.
.
puis M Hamon. Sa semaine de 32 heures approfondira la chute de la
compétitivité de nos entreprises, comme l'ont fait les 35 heures, cependant que
le « revenu universel », qui coûterait chaque année autant que tout le budget
de l’État, ne peut être financé qu'en doublant tous les impôts (la TVA à 40 %
par exemple) ou en s'endettant comme la Grèce.
La
France irait tout droit sous la tutelle du F M I, comme en 1958, situation dont
nous a tirée l'arrivée de de Gaulle, remettant tout en ordre, et ouvrant le
pays sur le monde pour le faire repartir.
Donc,
évitons M. Hamon.
Au
plan moral, jusqu'ici aucune « casserole » n'a été détectée contre lui, à ma
connaissance. Mais il y a plus grave, c'est la destruction par son programme de
ce qui reste de la « valeur travail » déjà mise à mal par les 35 heures.
.
puis M Macron. On attend son programme. Le peu qu'il
en ait exposé consiste à créer de nouvelles dépenses. Il ne prend parti sur
rien, ou, quand il le fait, c'est pour renier ce qu'il a défendu comme
ministre. Il se présente comme le candidat de la rupture et du renouveau, alors
qu'il regroupe sous son aile l'essentiel des ministres de M Hollande. Bref, M
Macron, c'est le nouveau Hollande.
Si
on est satisfait du bilan de M Hollande, alors il faut voter Macron.
Au
plan moral, pas un mot sur la gangrène islamique qui est devenue la
préoccupation N° 1 des français, et qui fait le lit de Mme le Pen.
Rappelons
en outre que M Macron a consommé en huit mois 80 % des frais de représentation
de Bercy, dont une partie semble l'avoir été pour des fins électorales
personnelles, sans qu 'aucune enquête judiciaire n'ait été ouverte pour le
laver de ce soupçon.
.
Mme le Pen : c'est le mariage des extrêmes, de gauche et de
droite : son programme économique est d'extrême gauche, c'est celui de M Mélenchon
(voir ci-dessus), motif pour lequel, d'ailleurs, au Parlement européen le Front
national s'est vu refuser sa demande d'adhésion au groupe d'extrême droite.
Son
programme monétaire est la sortie de l'euro, par création d'un euro français
dont la valeur sera déterminée souverainement par l'Etat et avec lequel
seraient remboursés les emprunts publics (NB : ceux-ci sont libellés pour
l'essentiel en vrais euros ou en dollars, et sont détenus pour les deux tiers
par des étrangers): on rêve ? On va vers des dévaluations en chaîne, dues à la
perte de compétitivité des entreprises. Personne ne voudra de notre euro
national. Personne ne voudra plus de nos emprunts publics.
Elle
promet de fermer les frontières à l'immigration et aux marchandises et
d'expulser les étrangers en situation irrégulière. C'est la politique de la
Ligne Maginot et du recroquevillement national. Elle croit sans doute qu'en
agissant ainsi elle empêchera les élites et les capitaux de fuir le pays pour
aller créer des entreprises ailleurs et qu'elle encouragera les investissements
étrangers chez nous.
Son
programme budgétaire consiste à s'affranchir des règles d'équilibre de
Maastricht. On fera le déficit qu'on voudra, financé par la Banque de France,
enfin libérée des contraintes européennes, redevenue « souveraine . Vive la «
planche à billets » et les nouveaux « assignats ».
Mme le Pen c'est le nationalisme + le socialisme. Ça a un nom, qu'il ne faut
pas prononcer, parce qu'il rappellerait de mauvais souvenirs.
Donc,
évitons Mme le Pen.
Au
plan moral, pour se limiter à l'actualité récente, rappelons que Mme le Pen
doit personnellement 650.000 E au Parlement européen, pour avoir pris son
concubin comme attaché parlementaire, ce qui est interdit à Bruxelles, et avoir
fait financer sa campagne en France par les fonds européens. Elle refuse de
rembourser ces sommes et fait donc l'objet de poursuites judiciaires de ce
chef. Ceci ne semble émouvoir personne.
Alors,
il reste qui, si on veut sortir du Hollandisme sans tomber encore plus bas
?
Il
reste M Fillon, le seul à présenter un programme complet et cohérent de
redressement du pays appuyé sur une force de caractère capable d'en assurer
la mise en œuvre.
Et
on irait douter de lui et du programme de redressement de la France au motif
qu'il fait l'objet d'une campagne mensongère de la part des « immobilistes »,
profiteurs du statu quo, qui creusent des trous dans le bateau pour s'amuser un
peu, en se fichant pas mal de le faire couler !
Mais
où avons-nous la tête ? Nous voulons voter pour tous ces marchands d'illusions
qui nous conduiront à ce que sont devenus la Grèce ou le Vénézuela (sans
compter l'Argentine, Cuba et bien d'autres) ?
Ou
alors allons-nous nous abstenir courageusement, pour ne pas avoir à choisir, en
nous cachant la tête dans le sable pour ne pas voir ce qui va nous arriver ?
Allons
donc !
Personnellement,
je n'ai pas d'états d'âme. Je voterai Fillon, et je le ferais même s'il était
fautif. Car mieux vaut un fautif qui sauve le pays qu'un candidat bien propre
qui le conduise au précipice. Sans compter que par les temps qui courent, les
candidats bien propres ne sont pas légion. Après tout, ni Colbert, ni Mazarin,
ni Napoléon, ni Talleyrand, ni Clémenceau, ni la plupart des grands hommes
d’Etat qui ont oeuvré pour le bien du pays, n’étaient de petits saints, malgré
ce qu’ils s’efforçaient de paraître.
C’est
pourquoi je voterai Fillon et je le fais savoir autour de moi pour redonner du
courage à ceux qui doutent. La communication initiale de Fillon a été faible,
c'est à nous de prendre le relais.
Je
vous ai aidé à y voir clair ?
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