Pour échapper à la réputation de « Président des riches » qui lui colle à la peau, Emmanuel Macron songe déjà à une nouvelle mesure : la suppression des allocations familiales pour les familles les plus aisées. Lui qui se veut en même temps « et de droite et de gauche » choisit le pire de la gauche et de la droite.
Bruno Le Maire envisage sérieusement cette hypothèse, affirmant sur CNews que « [cette réforme] pourrait être une mesure juste parce que, quand on a un niveau de revenu élevé, on n’a pas forcément besoin des allocations familiales ». À condition, précise-t-il, « qu’on ne se contente pas d’une mesure ponctuelle »et qu’on prenne en compte « l’ensemble de la politique familiale », ajoutant que le projet n’est pas encore sur la table, mais à l’étude, et serait porté par le ministre de la Santé.
Le rapporteur de la commission des affaires sociales de l’Assemblée a même calculé que cette suppression, pour ceux qui gagnent mensuellement plus de 6.000 euros, permettrait une économie d’environ 440 millions d’euros par an. Le gouvernement, à l’affût de recettes, ne va pas cracher sur ce pactole, tout de même ! Sans compter un autre bénéfice : montrer que son budget n’est pas celui des riches.
Ce n’est pas la première fois qu’on s’attaque à l’universalité des allocations familiales. En 2015, elles ont été modulées en fonction des ressources, réduites de 50 % et 75 % pour les ménages gagnant respectivement plus de 6.000 et 8.000 euros par mois. On ne se souvient pas que le ministre Macron s’y soit alors opposé.
Avant même François Hollande, Alain Juppé avait émis l’hypothèse de fiscaliser ces allocations mais, devant le tollé suscité, avait dû y renoncer. Lionel Jospin avait ensuite annoncé la mise sous condition de ressources des allocations, pour l’abolir en 1999. Maintenant, l’opinion semble prête : les riches peuvent bien faire un petit effort de solidarité nationale, n’est-ce pas ?
Qui ne voit pourtant qu’en s’attaquant à l’universalité des allocations familiales, on s’attaque à la famille et à un principe fondamental de notre système de protection sociale ? La question est de savoir si la famille nombreuse est socialement utile ou si c’est un fardeau.
En 1946, l’objectif était nataliste, mais il n’est venu à personne l’idée d’en priver les plus riches. Ce que les partisans de la suppression passent sous silence, c’est que les plus « aisés » – non ceux qui seront dispensés d’ISF par la faveur de Macron, mais les couples qui ont plusieurs enfants et gagnent à eux deux un peu plus de 6.000 euros – contribuent déjà, plus que les autres, aux divers impôts et taxes.
De plus, dans un système où les retraites sont payées par les cotisations des plus jeunes, une telle réforme serait, non seulement une injustice, mais une faute politique. Pourquoi les familles supporteraient-elles seules les charges financières pour élever leurs enfants qui paieront les retraites des autres ? Avec une telle mesure, la porte serait ouverte à d’autres abus, comme le remboursement des frais médicaux au prorata des revenus.
La société que nous promet le macronisme est une société égoïste, individualiste, anti-famille, où la réussite se mesure à l’épaisseur du portefeuille. Après tout, les familles nombreuses n’ont pas à se plaindre : si elles ont des enfants, c’est leur choix – à elles d’en assumer les conséquences ! Et si, d’aventure, la France manquait d’enfants, on ferait appel, comme en Allemagne, aux immigrés ?
Cette « philosophie » correspond bien à cette mentalité moderne qui considère l’enfant comme un objet de consommation et troque les valeurs humaines contre les valeurs matérialistes. Faites des placements, pas des enfants : telle semble être la devise de notre Président !
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