Budget 2018 : un numéro d'équilibriste pour le gouvernement
Le projet de loi de finances "bénéficiera à tous les Français sans exception" et protégera les contribuables "les plus modestes", promet Bruno Le Maire.
SOURCE AFP
Modifié le - Publié le | Le Point.fr
Mercredi, le gouvernement a détaillé les mesures d'économies contenues dans son projet de loi de finances (PLF) pour 2018, destinées à concilier la baisse des prélèvements avec la réduction du déficit public. Pour le premier budget du quinquennat Macron, censé planter le décor pour l'ensemble du quinquennat, l'exécutif avait promis de « faire des choix »... et, forcément, des déçus. Une position assumée par Bercy, qui a assuré mercredi vouloir « tenir ses promesses ». Le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a défendu un « budget de transformation et de pouvoir d'achat », avec « une forte hausse du pouvoir d'achat des salariés ». « La France qui ne tient pas ses objectifs budgétaires, qui accumule les déficits, est une France dont la parole politique a perdu toute crédibilité », a déclaré le ministre de l'Économie Bruno Le Maire lors d'un point de presse, insistant sur la nécessité de respecter les engagements européens de Paris en restant sous la barre des 3 % de déficit. Dans sa trajectoire macroéconomique, le ministère des Finances a ainsi prévu 2,6 % de déficit public par rapport au produit intérieur brut (PIB) l'an prochain, après 2,9 % en 2017. Un engagement difficile à conjuguer avec les baisses d'impôts massives promises depuis des mois par le gouvernement. Surprise de ce PLF : la réduction des prélèvements obligatoires ne sera que de 7 milliards d'euros en 2018, alors que le gouvernement promettait ces dernières semaines une baisse de 10 milliards.
Cette différence de 3 milliards tient au fait que la baisse des cotisations chômage et maladie (qui permet une hausse du pouvoir d'achat des salariés), initialement prévue en janvier, se fera pour partie en octobre 2018, alors que la hausse de la CSG (qui pénalise les actifs et les retraités) sera intégralement appliquée dès le 1er janvier. « En moyenne, nous serons à sept milliards d'euros » de baisse l'an prochain, a reconnu Bruno Le Maire, niant tout renoncement. En année pleine, il y aura « bien 10 milliards d'euros d'impôts en moins pour les ménages et pour les entreprises », grâce aux mesures prévues dans le projet de budget 2018, a-t-il détaillé. Outre cette baisse des prélèvements obligatoires, le PLF prévoit des augmentations significatives de crédits pour quelques ministères prioritaires : le budget des Armées augmentera ainsi comme prévu de 1,8 milliard d'euros pour atteindre 34,2 milliards d'euros, tandis que la justice gagnera 300 millions d'euros de plus à 7 milliards. La Transition écologique verra son budget passer de 9,9 milliards d'euros à 10,4 milliards. L'enseignement scolaire, budget le plus important de la nation, bénéficiera, lui, de 1,3 milliard d'euros supplémentaires à 51,3 milliards, hors cotisations aux retraites.
Inversion de la courbe
Pour tenir son équation, le gouvernement a décidé de sabrer les enveloppes du logement et de l'emploi : les aides au logement seront ainsi réduites de 1,7 milliard d'euros, tandis que les contrats aidés se verront amputés de 1,5 milliard d'euros par rapport à la loi de finances initiale de 2017. Du côté des transports, une pause sera aussi imposée dans les grands projets d'infrastructure. Au total, environ 15 milliards d'euros d'économies seront réalisés, dont la moitié sur le périmètre de l'État. La Sécurité sociale sera, elle, mise à contribution à hauteur de cinq milliards d'euros, quand 3 milliards d'économies seront réclamés aux collectivités locales et au Grand Paris. Ce tour de vis, bien que moins sévère que les 20 milliards initialement programmés, est « inédit », a souligné le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin. « On inverse la courbe de la DP [dépense publique], c'est toujours extrêmement difficile, mais nous sommes heureux d'avoir pu enfin mettre le pays sur les bons rails », a-t-il ajouté. Dans un avis remis au gouvernement, le Haut Conseil des finances publiques (HCFP), chargé d'évaluer la crédibilité des prévisions budgétaires, a mis en garde contre des « risques significatifs » pesant sur les objectifs d'économies, appelant le gouvernement à respecter ses engagements en la matière, même en cas d'accélération de la croissance. Du côté des prélèvements obligatoires, les baisses concerneront – outre les cotisations salariales – l'impôt sur les sociétés, la taxe d'habitation, ou encore l'impôt sur la fortune, qui sera transformé en impôt sur la fortune immobilière. Parmi les hausses de prélèvements, il faut citer la CSG, les carburants, le tabac. Ce PLF « bénéficiera à tous les Français sans exception » et protégera les contribuables « les plus modestes », a assuré Bruno Le Maire, rejetant les critiques formulées ces dernières semaines par une partie de la gauche. Il a toutefois défendu le choix de mettre en place une fiscalité permettant aux entreprises « d'investir pour innover, et d'innover pour créer des emplois ». « Nous voulons créer des richesses avant de les redistribuer », a-t-il insisté.
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