vendredi 8 septembre 2017

Quand Macron se compare (deux fois) à Napoléon

Le chef de l'Etat a accepté d'être suivi par l'écrivain Philippe Besson pendant sa campagne et ses premières semaines à l'Elysée. Il lui confie ses états d'âme, et choisit d'assumer certains événements parfois lourdement critiqués.
Il décortique, analyse, assume ses choix. A l'écrivain Philippe Besson, qui l'a suivi dans les coulisses de sa campagne, Emmanuel Macron a confié les hauts et les bas de ces quelques mois. De l'épisode de la Rotonde à ses performances lors des débats télévisés, le chef de l'Etat se veut lucide. Aujourd'hui, les confidences glanées au cours de la campagne paraissent dans un ouvrage, Un personnage de roman (Julliard), dont L'Obs publie des extraits. BFMTV.com a sélectionné les 5 points à retenir.
La Rotonde: "Je les emmerde"
C'est l'épisode qui a marqué la fin du premier tour: arrivé en tête le 23 avril, Emmanuel Macron réunit ses proches à la Rotonde, une célèbre brasserie du 6e arrondissement parisien, pour fêter sa qualification. Aussitôt, la soirée est comparée à celle de Nicolas Sarkozy au Fouquet's en 2007, après le second tour. Les critiques fusent.
"J'assume totalement. C'est pour nous. On fête avec les gens qui ont fait et je les emmerde", répond Emmanuel Macron. "C'étaient pas des people, c'étaient des courageux. Je protégerai les faibles et je célébrerai les braves, c'est la France que je veux. Je ne leur cèderai rien (…) Chez moi, on fait et on fête".
Son entourage: "J'assume"
Philippe Besson fait remarquer au Président l'endogamie qui se dégage de son entourage: autour d'Emmanuel Macron, beaucoup de jeunes actifs, fraîchement diplômés ou exerçant souvent des professions intellectuelles. La réponse ne se fait pas attendre:
"Il y a beaucoup de jeunes, oui, et de diplômés, oui. J'assume. Les maréchaux d'Empire (qui entouraient Napoléon) étaient jeunes et ce n'étaient pas des paysans, ils avaient fait l'école de guerre".
Plus tard dans l'entretien, la référence à Napoléon revient, cette fois pour évoquer le "dégagisme", une erreur aux yeux d'Emmanuel Macron.
"Le coup de balai intégral, ce n'est pas sérieux. Même Napoléon à côté de ses jeunes maréchaux d'Empire est allé piocher dans l'Ancien régime".
Manuel Valls: "Je ne crois pas en sa sincérité"
Le candidat d'alors n'a pas l'intention de préserver ses rivaux, même hors compétition. Manuel Valls en prend ainsi pour son grade:
"Valls, je ne l'ai pas sollicité. Je ne crois pas en sa sincérité: ai-je tort? Il se positionne pour le coup d'après et, pour être tout à fait transparent, je pense qu'il ne verrait pas d'un mauvais œil que je perde".
Les débats: "Je déteste ce genre d'exercice"
Avec l'écrivain, Emmanuel Macron revient aussi sur ses ratés, dont le premier débat télévisé:
"Je n'ai pas aimé ce débat", confie-t-il. "A mes yeux, je n'ai pas été bon, mais les autres ont été plutôt mauvais. Si je gagne, c'est par défaut". Lors du second débat, il dit avoir "l'impression d'avoir fait le job et d'avoir plutôt bien géré, mais l'ensemble était ennuyeux, non ?". Puis il avoue "détester ce genre d'exercice: c'est trop formaté."
Ses proches: "Il y a une part d'injustice dans les choix"
La vie d'un homme change-t-elle vraiment lorsqu'il devient président? Oui, à en croire Emmanuel Macron. Il confirme "la solitude absolue", mais aussi les conséquences sur les proches:
"C'est avec les proches que tu es le plus dur. Il y a une part d'injustice dans les choix, qu'il faut assumer", répond-il, avant de préciser: "tu écartes des proches, des gens qui t'ont aidé depuis le commencement, tu en retiens d'autres qui viennent souvent d'arriver. Tu choisis les meilleures personnes". 

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