Ça commence par la SNCF, puis ce sera la RATP, puis EDF, puis la police nationale, puis les infirmières, et où cela s’arrêtera-t-il ?
Le Monde a exhumé des propos pas si vieux attribués à Emmanuel Macron au sujet de l’envie de l’exécutif de s’attaquer au régime spécial de la SNCF.
S’il est vrai que ce chantier fait partie de ses promesses électorales – une de plus qui n’a pas été lue avant de pousser béatement son bulletin de vote dans l’urne -, il n’en demeure pas moins que le sujet est explosif.
Je serai sans doute à contre-courant en affirmant que ce projet n’a rien du Grand Soir de justice sociale.
On peut parfaitement remettre en cause des primes désuètes liées à une époque où les locomotives brûlaient du charbon et que le cheminot mouillait indéniablement la chemise. En revanche, que l’on m’explique clairement où est la justice dans le fait de remettre en cause la nature même du contrat qui lie l’employé à l’employeur ?
Que je sache, le marché de l’emploi est ainsi fait que l’aspirant salarié (ou fonctionnaire) passe en revue les offres d’emploi disponibles à l’instant t et se dirige vers le travail qui correspond le mieux à ses aspirations. Cela inclut la localisation, le niveau de qualification, le salaire et les avantages. On arbitre ensuite entre les avantages et inconvénients et on signe son contrat. Pour le dire autrement : que ceux qui les jalousent postulent – la SNCF manque de conducteurs.
Les cheminots qui ont signé leur contrat ont accepté de ne pas passer Noël en famille, de ne pas choisir leurs dates de vacances, de ne pas dormir tous les soirs auprès de leur conjoint et d’être exposés aux agressions. Ils ne sont pas à plaindre, ils l’ont choisi. Ils ont aussi choisi la contrepartie qui était offerte, à savoir le départ à la retraite à 52 ou 57 ans.
Au nom de quel égalitarisme va-t-on leur dire, demain, qu’ils peuvent conserver les concessions faites en se séparant des avantages ?
Soyons clairs : comme chaque Français, j’ai souvent eu un remake d’Apocalypse Now dans ma tête lorsque j’ai voyagé en retard, subi les grèves ou déploré des suppressions de trains. C’est humain.
Pour autant, pourquoi devrais-je souhaiter que mon voisin soit aussi misérable que moi ? Parce que ça commence par la SNCF, puis ce sera la RATP, puis EDF, puis la police nationale, puis les infirmières, et où cela s’arrêtera-t-il ? Pas aux avantages des hommes et femmes politiques, apparemment.
Qu’il est facile d’expliquer aux autres qu’ils sont privilégiés, quand on dépense 25 SMIC en maquillage, quand on a un service d’ordre affecté à la surveillance de sa maison inhabitée, quand on prend des jets toute l’année pour aller dans d’autres pays pour échanger trois mots qui auraient pu l’être par téléphone, quand on dépense entre 200.000 et 600.000 € pour un congrès n’étant qu’un meeting politique déguisé ?
Il y a mille et une choses à revoir à la SNCF, mais savoir que le conducteur qui m’emmène à mon travail chaque jour devra partir plus tard à la retraite en espérant en profiter quelques années avant de crever d’un cancer chopé à respirer les particules de pollution ne m’apporte aucune espèce de satisfaction revancharde.
J’avoue ne pas comprendre cette rage qui anime certains à se réjouir sans cesse des efforts demandés aux autres, avant de se retrouver bien démunis lorsque cela les touche.
La seule satisfaction, dans cette histoire, serait d’écraser la CGT et autres syndicats révolutionnaires qui sont les premiers ennemis des cheminots, mais est-ce que le jeu en vaut la chandelle alors que la meilleure publicité contre la CGT, c’est encore elle qui le fait le mieux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire