Charles
Millon: «Le général François Lecointre ne doit pas accepter n'importe quoi»
LE SCAN
POLITIQUE - Ex-ministre de la Défense, sous la présidence de Jacques Chirac
(1995-1997), l'animateur du réseau Avant-Garde, accuse le chef de l'État de
«plus être en phase» avec la France.
LE
FIGARO. - Quel est votre avis sur la nomination du général François Lecointre,
nouveau ministre de la défense, nommé mercredi?
CHARLES
MILLON. - J'ai une certaine admiration pour ce général puisque j'avais ordonné
l'opération Verbania en Bosnie-Herzégovine le 27 mai 1995 et qu'il en était
alors responsable. C'est un chef militaire de qualité. Je lui souhaite de
pouvoir assumer ses nouvelles responsabilités alors que la France a des
engagements extrêmement importants, notamment en Afrique, contre l'islamisme
radical, fléau du XXIe siècle. Il ne peut pas accepter n'importe quoi.
● Que pensez-vous du départ du général de Villiers?
Cette
démission interpelle les responsables politiques et les citoyens sur trois
points essentiels: le sens de la parole donnée, la cohérence des engagements et
la nature de la démocratie. Le chef d'état-major des armées doit-il se taire ou
mentir devant une commission parlementaire pour être conforme aux derniers
propos du président de la République? Sa mission n'est-elle pas d'alerter les
responsables politiques sur les risques d'une dégradation des équipements
militaires? Faut-il se rappeler des précédents historiques où de grands chefs
militaires ont alerté les politiques et où les événements leur ont donné
entièrement raison, confer 1940?
● Si vous aviez été ministre de la défense dans une telle
situation qu'auriez-vous fait?
J'aurais
démissionné.
● Quelle conclusion politique en tirez-vous?
Le
président de la République n'a pas pris la dimension du problème.
● Est-ce le premier couac d'Emmanuel Macron?
Non. Pour
moi, le premier couac a été posé avec les élus locaux. Le chef de l'État ne
connaît pas la France. Il connaît la bureaucratie, la technocratie, les
méthodologies économiques, sociales ou autres mais il ne connaît pas les
Français. Aucun responsable politique ne peut dire qu'il y a trop d'élus locaux
alors qu'ils sont tous des bénévoles au service de la nation et de la
république. Aucun responsable politique ne peut demander aux chefs d'état-major
des armées de se taire devant une commission parlementaire quand on connaît
l'importance de leurs avis au vu de l'histoire de France. Aujourd'hui, le
président n'est plus en phase avec le pays.
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