Dans ce que je lis dans la presse, je ne vois pas où ni quand le général de Villiers, chef d’état-major des armées (CEMA), a critiqué ou contesté le PR.
Dans un article récent, M. Robin de la Roche expliquait qu’« il [fallait] virer le général de Villiers » car « il [oubliait] une idée simple, une idée éminemment française, une idée qui [avait] tenu notre État pendant quinze siècles : le principe avant le prince ».
Et il argumentait en expliquant : « Dans le cas qui nous occupe, le principe, c’est le PR. »
Il y a là, me semble-t-il, une erreur de logique : le PR, c’est le « prince » des temps modernes ; il a remplacé le monarque d’avant la Révolution. Et notons au passage qu’aujourd’hui, la déférence accordée au PR n’est sans doute pas moindre que celle accordée au roi ; il y a sans doute là une constante de la culture française, plus de deux cents ans après le changement de régime.
Avant, le régime était celui d’une monarchie de droit divin. Mais les Lumières sont passées par là, et ont fondé la République sur… la Constitution.
Le « principe » des temps modernes, c’est donc la Constitution.
Et dans la Constitution, rien ne dit que le PR, qui est le chef des armées (cf. l’article 15), décide du budget des armées ; ce budget fait partie de la politique budgétaire et de la politique de la défense de la nation, et c’est le gouvernement (Premier ministre et ministres) qui détermine et conduit la politique de la nation (cf. l’article 20). Le Premier ministre est spécialement cité comme responsable de la défense nationale (cf. l’article 21). Et le Parlement contrôle l’action dudit gouvernement (cf. l’article 24).
Le chef des armées, fonction nécessaire quand on pense à la dissuasion nucléaire, n’est donc responsable ni de la défense nationale ni du budget des armées.
Dans ce que je lis dans la presse, je ne vois pas où ni quand le général de Villiers, chef d’état-major des armées (CEMA), a critiqué ou contesté le PR.
En revanche, ce qui pousse le général de Villiers à partir, c’est, selon ses propres termes, qu’il considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel il croit.
Or, tout le monde sait que le CEMA ne décide pas des moyens qui sont alloués aux armées.
Le CEMA est le conseiller militaire du PR. Il est aussi le « responsable de l’emploi opérationnel des forces » (cf. décret 2013-816 du 1290.2013) ; c’est à ce titre qu’il est entendu par le Parlement.
Dans un cas comme dans l’autre, il faut une confiance réciproque.
Or, d’une part, le PR change manifestement de discours et, d’autre part, ce qui est dit lors d’une audition non ouverte à la presse du CEMA par la commission de la défense de l’Assemblée se retrouve immédiatement sur la place publique : dans les deux cas, la confiance n’est plus de mise.
Fort de ce constat, le général de Villiers, logiquement et honnêtement, part.
Son successeur devra à la fois établir une relation de confiance avec ses interlocuteurs politiques, tout en gagnant la confiance des troupes, qui ne voient, au bout du compte, que les moyens qui leur manquent.
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