lundi 31 juillet 2017

Macronisme «Régime dictatoriale?»: En colère, des députés LREM dénoncent un fonctionnement «anti-démocratique» au sein du parti

Des statuts au fonctionnement trop «pyramidal», des candidatures décidées d'en haut, des parlementaires astreints à une discipline de fer. Au sein de la République en marche, certains protestent contre un «verrouillage» jugé contraire aux promesses.
Alors que les «marcheurs» ont jusqu'au 30 juillet pour voter sur les nouveaux statuts du parti, le collectif la «Démocratie en marche» conteste ces derniers en justice. Les membres du collectif estiment en effet qu'ils «cantonnent les adhérents à un rôle de supporter et les excluent de la gouvernance, aussi bien locale que nationale». Ainsi, au sein de La République en marche (LREM), certains réclament davantage de démocratie à l'interne. 

Selon Rémi Bouton, porte-parole de «Démocratie en marche», les statuts du parti sont «formidablement pyramidaux». Ces derniers auraient été prétendument co-construits par les adhérents, mais il affirme que cela n'est pas vrai.
Ainsi des dizaines de partisans et animateurs de comités locaux de LREM, réunis en collectif, ont déposé un recours en référé devant le tribunal de grande instance de Créteil pour annuler le vote qui a démarré le 23 juillet à l'assemblée générale de LREM, où doivent être adoptés les nouveaux statuts du parti politique. Le 1er août, jour de la publication des résultats du scrutin, c'est le tribunal de grande instance de Créteil qui tranchera donc sur la question.
Les plaignants ont reçu l'appui de la présidente de COP 21, Corinne Lepage, soutien d'lors de la campagne présidentielle. «On a des statuts où les marcheurs sont quasiment privés de tout pouvoir. Ça n'est pas conforme à ce qu'on a proposé», affirme-t-elle.
Même réserve du côté du député LREM François-Michel Lambert qui affirme qu'il ne votera pas pour les statuts, pointant une forme de «précipitation». Au niveau local, «il y a de la grogne, on ne peut pas le nier», observe-t-il.
Selon le texte sur lequel les marcheurs doivent se prononcer, le principal organe de décision du parti sera le «Conseil», chargé d'élire la majorité des membres du bureau exécutif et de déterminer les principales orientations politiques. Il sera composé aux trois quarts de membres de droit ou désignés par la direction (ministres LREM, élus, référents...). Le dernier quart de ses membres sera tiré au sort.
«La République en marche sera le seul mouvement en France où les adhérents seront représentés directement au sein de sa principale instance nationale», vante le parti. Mais le conseiller national MoDem et adhérent LREM François-Xavier Pénicaud est loin d'être de cet avis. «C'est archi-faux», proteste-t-il. «Ce serait au contraire pratiquement le seul mouvement politique en France où aucun des membres du Conseil n'est l'émanation d'un vote des adhérents», s'est-il insurgé sur sa page Facebook, incitant ses amis marcheurs à voter contre les statuts.
Les marcheurs mécontents évoquent aussi l'absence de processus électif pour désigner les référents territoriaux du mouvement [ces derniers sont nommés par le bureau exécutif], ainsi que les candidats aux élections. Des listes dissidentes pourraient ainsi voir le jour aux sénatoriales, comme dans le Pas-de-Calais où des «Marcheurs en colère» protestent contre l'investiture du sortant Jean-Marie Vanlerenberghe, de l'Union des démocrates et indépendants (UDI).

«Un parti où personne n'élit personne»

Le collectif des Marcheurs en colère, qui revendique plus de 8 000 membres, tiendra une conférence de presse la semaine prochaine, selon sa porte-parole Tiphaine Beaulieu.
Interrogé par l'AFP, l'avocat Jean-Pierre Mignard, qui a contribué à l'élaboration des statuts de LREM, assume ces choix. L'un des objectifs poursuivis est d'«éviter des compétitions destructrices à l'intérieur du parti», en refusant la «structuration en courants», souligne-t-il.
Une porte-parole de LREM rappelle que ces statuts ont été soumis à une «large consultation», entre les 8 et 13 juillet, et qu'ils ont été modifiés pour tenir compte des demandes des adhérents.
«Sur la question d'organiser des élections locales, notre parti-pris est de dire que c'est ce qui a conduit à constituer des baronnies locales dans les vieux partis. C'est une erreur qu'on ne veut pas reproduire», explique-t-elle.
«On ne peut pas avoir un parti où personne n'élit personne !», s'emporte pour sa part un ancien ministre, soutien d'Emmanuel Macron, sous couvert d'anonymat. Pour cette source, «le verrouillage général est quand même préoccupant».
Un «verrouillage» que souligne également l'opposition au Parlement, où les députés du groupe LREM sont soumis à un règlement interne très strict : aval du groupe sur les amendements, interdiction de cosigner des amendements avec d'autres groupes, confidentialité des débats, discipline de vote hors des questions d'éthique.

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