Christophe Castaner minore l’affaire visant Muriel Pénicaud
Le porte-parole du gouvernement veut faire cesser le « tir aux pigeons », une « mauvaise habitude » des Français
À quelques heures du discours de politique générale d’Édouard Philippe devant les députés, le porte-parole du gouvernement tente de déminer les dossiers qui pourraient nuire à l’action de l’exécutif. Parmi eux, l’embarrassante affaire Business France, caillou fiché dans la chaussure de Muriel Pénicaud. Christophe Castaner a appelé mardi 3 juillet à « mettre les choses à leur juste niveau », réagissant aux nouvelles révélations de Libération. Le quotidien met à mal la défense de la ministre du Travail dans l’enquête sur la soirée fastueuse organisée sans appel d’offres en 2016 autour d’Emmanuel Macron à Las Vegas.
« Juste » un dépassement d’un seuil de marchés publics ? Sur Europe 1, Christophe Castaner a tout d’abord rappelé une règle intangible que s’est fixé le gouvernement : la mise en examen d’un ministre entraîne logiquement sa démission. Mais le porte-parole du gouvernement, qui a pris à plusieurs reprises la défense de la ministre et a invité la presse à ne pas l’affaiblir, a toutefois minimisé l’affaire. « D’un côté on a la réforme du travail, de l’autre on a un dépassement d’un seuil de marché public. Je pense qu’il faut mettre les choses à leur juste niveau, ce qui compte, c’est de libérer le travail pour libérer les chômeurs de la situation dans laquelle ils sont enfermés », a plaidé le secrétaire d’État, selon qui on parle « juste » d’un dépassement de seuil de marchés publics.
« Délit de favoritisme, complicité et recel ». Le parquet de Paris a ouvert en mars une enquête préliminaire pour « délit de favoritisme, complicité et recel » contre Business France, l’établissement public que Muriel Pénicaud a dirigé de janvier 2015 à mai 2017. La firme avait confié à Havas, sans passer par une procédure - obligatoire - d’appel d’offres, l’organisation d’une soirée le 6 janvier 2016 autour du ministre de l’Économie de l’époque à l’occasion du Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas pour un coût supérieur à 380.000 euros, avant renégociation.
Selon le JDD, la directrice générale de Business France avait été informée dès 2015 des difficultés de financement et risques d’irrégularité liés à la mise sur pied de cette soirée sous la pression, documentée, du cabinet d’Emmanuel Macron. Muriel Pénicaud a reconnu le 28 juin sur RTL une « erreur de procédure » et assuré avoir « immédiatement déclenché un audit interne et externe » en mars 2016. Elle avait qualifié de « blague » l’idée qu’elle ait pu étouffer cet audit, comme l’avançait Libération. Le quotidien publie mardi 4 juillet des nouveaux éléments qui montreraient que Muriel Pénicaud n’a informé son conseil d’administration qu’en décembre 2016 avec « une synthèse tronquée qui minore les dysfonctionnements pointés par un audit alarmant du cabinet EY (ex-Ernst & Young) ».
Une profusion médiatique qui donne visiblement le tournis au ministre : « Il faut arrêter de faire du tir aux pigeons et de penser que c’est le sport national. Les Français ont cette mauvaise habitude, redonnons confiance dans la politique et vous verrez que ça s’arrêtera ».
(Avec Reuters)
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