samedi 15 juillet 2017

"Je suis votre chef": le recadrage d'Emmanuel Macron face à la grogne des militaires

"Il n'est pas digne d'étaler certains débats sur la place publique", a-t-il estimé en faisant allusion aux critiques sur la réduction du budget de la Défense

 13/07/2017 22:12 CEST | Actualisé il y a 8 heures
ARMÉE- "Je suis votre chef". Le président Emmanuel Macron a porté une violente charge, ce jeudi 13 juillet, contre les critiques émises en interne sur le budget des armées et réaffirmé ses engagements en la matière en promettant une hausse "dès 2018" de l'effort de Défense.
"Je considère qu'il n'est pas digne d'étaler certains débats sur la place publique", a-t-il lancé à la veille du 14-juillet, devant la communauté militaire dans une allusion transparente au chef d'état-major des armées, le général de Pierre de Villiers. "J'ai pris des engagements. Je suis votre chef. Les engagements que je prends devant nos concitoyens et devant les armées, je sais les tenir et je n'ai à cet égard besoin de nulle pression et de nul commentaire", a-t-il affirmé.
Le général de Villiers a vivement critiqué, mercredi 12 juillet, devant des députés, le train d'économies de 850 millions d'euros imposé à la défense en 2017, jugeant la trajectoire budgétaire "non tenable" pour les armées, selon des propos rapportés par plusieurs participants à l'AFP.
"Un effort a été demandé pour cette année à tous les ministères, y compris le ministère des Armées", a souligné le chef de l'État. "Il était légitime, il était faisable sans attenter en rien à la sécurité de nos troupes, à nos commandes militaires et à la situation telle qu'elle est aujourd'hui", a-t-il dit.
Interrogée sur le maintien ou non de la confiance à Pierre de Villiers, la ministre des Armées Florence Parly a indiqué vendredi que le chef d'état-major des armées assisterait, au côté du président, au défilé du 14-Juillet.
Hausse du budget et modification de l'opération Sentinelle
Emmanuel Macron a annoncé que le budget des Armées connaîtrait une hausse dès 2018 afin de pouvoir atteindre l'objectif de 2% du produit intérieur brut (PIB) qu'il a fixé pour 2025. "Dès 2018 nous entamerons cette remontée du budget du ministère des Armées dont les crédits budgétaires seront portés à 34,2 milliards d'euros, dont 650 millions d'euros de provisions pour les opérations extérieures", a-t-il dit. "Parmi ces ressources, 200 millions d'euros seront consacrés au renforcement de la protection de nos forces partout où elles sont engagées", a-t-il ajouté.
Devant les députés, le général de Villiers a notamment exprimé son inquiétude vis-à-vis de la sécurité des militaires sur le terrain, jugeant le nombre de véhicules blindés insuffisant. En 2014, il avait mis sa démission dans la balance pour protester contre des restrictions budgétaires. Le ministre de la Défense à l'époque, Jean-Yves Le Drian, avait alors pris fait et cause pour ses troupes.
Dans une tribune publiée sur le site du Figaro jeudi soir, le général de Villiers estime qu'il est "important" que la "trajectoire" des 2% du PIB consacrés à la défense soit "initiée, dès 2018, puis respectée dans la durée, pour préserver l'indispensable cohérence entre les menaces, les missions et les moyens. C'est à cette condition que nos armées pourront demeurer ce qu'elles sont et refléter ce qu'elles incarnent."
Ce jeudi, Emmanuel Macron a également annoncé que l'opération Sentinelle allait être "revue en profondeur" afin de gagner en "efficacité". "Nous proposerons à l'automne une nouvelle doctrine d'intervention qui permettra de revenir en profondeur sur l'organisation de Sentinelle afin d'avoir une plus grande efficacité opérationnelle et de prendre en compte l'effectivité et l'évolution de la menace".
S'il prend en compte les critiques, le chef des Armées ne compte pas les tolérer très longtemps. "De mauvaises habitudes ont parfois été prises sur ces sujets considérant qu'il devait en aller des armées aujourd'hui comme il en va de nombreux autres secteurs. Je le regrette. J'aime le sens du devoir, j'aime le sens de la réserve qui a tenu nos armées où elles sont aujourd'hui et ce que j'ai parfois du mal à considérer dans certains secteurs, je l'admets encore moins lorsqu'il s'agit des armées", a-t-il averti.

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