mardi 18 juillet 2017

Macron, ou la malédiction du winner

Patatras ! Voici que la Justice ouvre une enquête pour favoritisme et recel de favoritisme dans l’affaire Business France, du nom de cet organisme public voué à la promotion de l’investissement en France, dirigé à l’époque des faits par l’actuel ministre du Travail Muriel Pénicaud. En cause, des dépenses élevées, et surtout en dehors de tout appel d’offres, au bénéfice du ministre-pas-encore-candidat Macron à l’occasion d’un séjour à Las Vegas en 2016.
Sur le fond, pas de quoi fouetter un chat puisqu’on parle d’un éventuel surcoût de 100.000 à 200.000 euros sur une prestation facturée le double. Quand on pense à la gabegie quotidienne produite dans la plus grande légalité par l’administration française, le jour même où les syndicats de fonctionnaires couinent parce qu’on leur remet le jour de carence pour le premier jour d’arrêt maladie, jusque-là synonyme de week-ends de trois jours aux frais du contribuable, on rigole.
On rigolera aussi quand on verra que celles ou ceux qui se feront poisser dans l’affaire se verront reprocher de ne pas avoir fait d’appel d’offres. Tous les consultants du monde vous le diront : avec une entreprise publique ou une administration, faire un appel d’offres et respecter les règles débiles que des générations de fonctionnaires sédimentés auront édictées, c’est l’assurance de pouvoir (peut-être) faire en six mois ce qui devrait être fait la semaine prochaine. Résultat : les appels d’offres sont soit oubliés, soit en régularisation. Et passons le détail des appels d’offres que, pour gagner du temps, on fait directement rédiger par le consultant qui va gagner…
Ce qui est drôle, c’est que cette opération éclaire d’une lumière crue toute une série de fonctionnements malsains, qui finissent épinglés au nom de la sacro-sainte transparence.
Car il y a crime de lèse-winners ! En effet, les fonctionnaires de Bercy qui s’agitent à Business France (qui s’appelait jusqu’en 2015 l’Agence française pour les investissements internationaux) auraient attribué sans appel d’offres à l’agence Havas un budget d’événementiel.
Quoi, on attendrait de ces gars-là, qui sont par ailleurs impitoyables avec la moindre petite entreprise qui déclare sa TVA en retard, qu’ils respectent les règles qu’ils imposent à toute l’économie ?
Quoi, on attendrait de ces gars-là qu’ils disent « stop » à la pression du politique pour éviter, au dernier moment ou presque, d’accepter un devis énormément surfacturé ? Mais, comme dirait François Hollande, ça ne coûte rien, c’est l’État qui paie.
Quoi, on attendrait de ces gars-là qu’ils mettent en concurrence Havas ? Mais… Havas, c’est la boîte qui va nous recycler quand on quittera l’administration… ou que notre camp sera battu aux prochaines élections. On ne va pas, quand même, se fâcher avec un futur employeur ?
Las, trois fois hélas, ce joli monde de winners arrogant s’est fait choper au nom de la transparence absolue prônée par leurs patrons comme dernier argument pour justifier la subversion de la réalité démocratique par la tyrannie médiatique.
Comment Muriel Pénicaud, devenue notre sémillant ministre du Travail, va-t-elle s’en sortir ? Je m’interroge.
Notre bel et beau Macron avait pourtant réussi le hold-up parfait : embarquer, nolens volens, les deux tiers de la France en faisant croire à chacun qu’il faisait partie des winners. Entre les vrais winners qui chutent et tous ceux qui vont vite comprendre qu’ils n’ont jamais fait – et ne feront jamais – partie de cette enviée catégorie, il va y avoir de la perte au feu.
Méchants juges, rendez-nous nos winners !

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