Coignard - Une nouvelle bombe juridique contre Najat Vallaud-Belkacem
Entre les deux tours de la présidentielle, le ministère de l'Éducation nationale a publié une circulaire pour légitimer le tirage au sort à l'entrée de l'université.
PAR SOPHIE COIGNARD
Modifié le - Publié le | Le Point.fr
Le 27 avril 2017, six jours après le premier tour de la présidentielle, le Bulletin officiel de l'Éducation nationale publie une circulaire qui sécurise la pratique du tirage au sort à l'université. Avant de faire ses cartons rue de Grenelle, Najat Vallaud-Belkacem a donc tenu à entériner la méthode de sélection la plus absurde qui soit, celle qui dénie toute valeur au mérite pour lui préférer le hasard, comme au loto.
Moins d'un mois plus tard, Me Henri de Beauregard dépose, au nom de l'association SOS Éducation, une requête devant le Conseil d'État pour demander la suspension en urgence, puis l'annulation de ce texte. Cet avocat avait déjà donné du fil à retordre à l'ancienne ministre en s'attaquant avec succès à la suppression des bourses au mérite pour les étudiants boursiers qui avaient obtenu une mention très bien au baccalauréat. « Il existe plusieurs parallèles entre les deux dossiers, remarque Me de Beauregard. Sur la forme, ce n'est pas une circulaire administrative qui peut édicter un règlement prévu par la loi, surtout quand celle-ci ne prévoit pas le tirage au sort parmi les critères de sélection, qui sont au nombre de trois : lieu de résidence, situation familiale et ordre des vœux effectués par le futur étudiant. Sur le fond, il s'agit dans un cas comme dans l'autre de nier toute valeur au mérite. »
Immense gâchis
En effet, le choix aveugle des heureux élus dans les filières en tension ne peut que renforcer la faible proportion d'étudiants qui réussiront la licence pour laquelle ils ont postulé : ils ne sont déjà que 25,7 % à obtenir leur diplôme au bout de trois ans, et 40 % au bout de quatre ! Un immense gâchis pour les étudiants eux-mêmes, qui déchantent plus ou moins vite, pour leurs familles et aussi pour la collectivité, appelée à financer des études qui ne débouchent sur rien.
Tandis que le secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur Thierry Mandon affichait sa volonté de « faire disparaître le tirage au sort à l'université », Najat Vallaud-Belkacem avait déjà tenté de faire valider cette pratique, en janvier 2017, par un arrêté, avant de le retirer face aux protestations du Cneser (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche). Elle a voulu passer en force, au risque de voir le Conseil d'État lui donner tort une nouvelle fois, comme le laisse espérer le bon sens le plus élémentaire.
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