dimanche 21 mai 2017

Les consignes de vote des autorités religieuses ne sont ni rationnelles ni charitables

Les législatives approchent et nous sommes sans doute nombreux à attendre avec impatience les instructions des autorités religieuses. En effet, le climat d’hystérie créé lors du second tour de l’élection présidentielle, la multiplication des signes de résistance au mal absolu ont porté leurs fruits. Et au-delà du travail des médias, appliqués à réaliser quotidiennement les fameuses « deux minutes de la haine » qu’Orwell a si bien imaginées, il y eut l’intervention efficace de responsables chrétiens, toutes confessions unies, malgré la position officielle des évêques. Arrêtons-nous sur les arguments anti-FN : n’ayez pas peur, pas peur des terroristes auxquels vous opposerez l’amour et non la haine, ni de l’islam qui va gentiment s’installer sans vous faire de mal, pas peur de la mondialisation, heureuse, forcément heureuse, ni de l’Europe qui ne veut que votre bien, ni des banquiers qui prennent grand soin de leur protégé parce qu’il le vaut bien, mais redoutez la bête immonde qui monte, qui monte… Pas de deuxième chance pour elle.
À Lyon, par exemple, entre les deux tours ont été affichées dans églises, temples et autres lieux de culte des déclarations conjointes de l’archevêque, de prêtres et pasteurs locaux, recommandant de bien réfléchir, de ne pas se tromper de bulletin de vote. Il y était question de risque, d’un discours nationaliste dangereux dont la mise en œuvre serait désastreuse et, parce que ces religieux sont des artisans de paix, ils s’engagent contre les discriminations, les inégalités, la violence, la xénophobie et toutes les paroles de haine.
Si l’on suit bien, il faut avoir peur de certains qui, sans autre considération et surtout sans aucune excuse, se voient rangés dans le camp du mal et, donc, incontestablement (si les mots ont un sens) stigmatisés, exclus de la paix revendiquée et rejetés hors de toute compréhension et considération ; bref, des haineux qui méritent la haine. Raisonnement admirable : ne pas avoir peur d’un côté (malgré Charlie, le Bataclan, Nice, etc.), ne pas haïr ceux qui vident l’Orient de ses chrétiens et débarquent en nombre sur nos frontières de vieux pays chrétiens, ceux qui tuent des enfants juifs dans leur école, un prêtre dans son église, des policiers dans leur mission ou chez eux, ne pas redouter une mondialisation qui réduit nos travailleurs à la misère et nos paysans au suicide, mais détester et rejeter dans les ténèbres extérieures (imaginez Mgr Barbarin dans la position du Christ de la chapelle Sixtine qui pointe un doigt vengeur sur les damnés traînés dans la géhenne) les millions de Français qui ne se laissent pas convaincre par l’Eliacin nouveau. Même s’ils revendiquent l’Histoire de France, la religion de leurs ancêtres et les mânes de Jeanne d’Arc, point de salut pour ces pécheurs.
Résumons : la peur de l’autre ne mène à rien. Opposez-lui confiance, accueil, paix. Or, le FN fait peur. Donc, ne lui faites ni confiance, ni accueil, ni signe de paix. Contradiction ? Oui, selon la logique puérile et honnête, mais non si l’on admet que, selon eux, les Français qui votent FN ne sont pas des « autres ».

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