Lettre ouverte à François Bayrou
09 mars 2017 par Bernard Debré dans
Monsieur le Ministre,
Vous avez donc décidé de ne pas vous représenter pour la quatrième fois à l’élection présidentielle. L’avez-vous fait spontanément ? Je ne le crois pas. Vous avez remarqué qu’il vous était difficile d’obtenir les 500 signatures et surtout vous avez eu peur de ne pas atteindre les 5 % de votants et de devoir rembourser les 800 000 euros attribués par l’Etat aux candidats.
La solution que vous avez choisie est la pire : vous ralliez Emmanuel Macron que vous aviez vilipendé quelques semaines auparavant… Les mots que vous aviez utilisés à son encontre étaient d’une dureté exceptionnelle, il vous a fallu les oublier !
Quand vous prônez une politique différente et plus éthique, je ne peux être qu’abasourdi !
En 2007 déjà, vous avez hésité à prendre position pour Ségolène Royal, mais vous n’avez pas osé, refusant d’ouvrir votre porte.
En 2012, vous avez franchi le Rubicon et appelé à voter François Hollande dont le conseiller était Emmanuel Macron.
Vous avez été battu aux élections législatives en juin suivant les présidentielles. Dès le début du quinquennat de François Hollande vous avez, semble-t-il, compris que la France avait fait le mauvais choix.
Beaucoup parmi les hommes et les femmes de droite ont imaginé qu’enfin vous aviez renoncé à vous allier aux socialistes. D’ailleurs, l’UMP, que vous critiquez maintenant, vous a fait élire à Pau contre un candidat socialiste.
Pendant ce temps vos maigres troupes se sont alliées à l’opposition de droite pour bénéficier du rejet de la gauche : Marielle de Sarnez, Yann Wehrling et d’autres ont pu ainsi être élus à Paris avec Nathalie Kosciusko-Morizet. Où vont-ils siéger maintenant ? Avec les socialistes de Paris ?
La campagne municipale à laquelle j’ai participé a été « unitaire » sans arrière-pensée, idem pour les élections régionales. Vous étiez bien installés dans notre opposition… D’ailleurs, pendant les primaires de la droite vous avez soutenu Alain Juppé, et c’est vraisemblablement la cause de son échec…
Maintenant, vous trahissez de nouveau.
Décidément, vous avec une drôle de façon de faire de la politique ! Est-ce véritablement éthique, vous qui voulez moraliser la vie politique ?!
Vous avez vraisemblablement négocié des circonscriptions pour vous et vos amis. Magouille politique évidente !
Qu’allez-vous faire maintenant pour aider votre nouvel ami ? D’abord, vous avez oublié qu’il a été le conseiller de François Hollande, puis son secrétaire général adjoint en charge des questions économiques à l’Elysée, et enfin Ministre des Finances de son gouvernement.
C’est donc en partie grâce à ses conseils que la France est tombée si bas, que le chômage a augmenté, que la dette a progressé. Pensez-vous véritablement qu’Emmanuel Macron, touché par la grâce divine comme il le sous-entend, a tellement changé ? Bien sûr que non.
Vous avez été poussé par l’ambition et la rancune, vous l’ancien Ministre de Chirac.
Vous attaquez François Fillon sans connaitre son dossier qui est vide mais vraisemblablement manipulé par la majorité socialiste actuelle.
Dans un livre intitulé « Les mains propres » paru en 2015, Corinne Lepage a dénoncé les magouilles dont le MoDem, que vous présidez, s’est rendu coupable. Vous aviez demandé que des permanents de votre parti soient pris en charge par le Parlement européen, tout comme il est reproché à Marine Le Pen…
Corinne Lepage a refusé, mais d’autres élus ont accepté ! Il semblerait que même votre secrétaire ait été payée par l’enveloppe de certains de vos amis élus européens. Bravo ! Belle notion de l’éthique politique ! Cela mériterait une enquête judiciaire… pour que vous puissiez vous expliquer, même si vous y voyez un mensonge.
Le programme de Macron est une copie de celui de Hollande, promesses non tenables et inefficaces pour redresser le pays. Mais surtout l’installation de la proportionnelle : les députés seront « coupés » de leurs électeurs et ce sera le règne des partis politiques. Il n’y aura plus de majorité pour gouverner le pays, ce sera le chaos… Mais peu vous importe, vous voulez exister même au détriment de la France.
L’élection présidentielle est pourtant le moment le plus important de cette vie politique dont vous étiez écarté depuis si longtemps.
Qu’allez-vous faire quand des dizaines de députés socialistes et quelques ministres vont rallier Emmanuel Macron ? Allez-vous vous sentir à l’aise ?
Ne vous regardez pas dans une glace, vous y verriez certainement l’image de Judas…
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