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mardi 23 mai 2017
Macron remet les journalistes à leur place : j’applaudis des deux mains !
Les politiques n’ont pas que le devoir et les journalistes les droits.
Il y a des
moments de grâce intellectuelle dans la vie.
Quand les préoccupations du
pouvoir rejoignent, par exemple, celles du commun des citoyens et que « la
communication selon Macron » Le magazine du Monde interpelle ceux qui se
passionnent pour les débats politiques et médiatiques.
Cette coïncidence est
heureusement ressentie par un extraverti comme moi qui éprouve de l’admiration
pour les systèmes comme celui de l’Élysée, à l’heure actuelle capable de
discrétion, de retenue, muré sans la moindre mauvaise conscience dans une
communication totalement maîtrisée.
Et, surtout, déterminé à ne
plus laisser la main aux journalistes politiques, mais à changer le rapport de
force avec eux.
Pour la visite au Mali,
certains auraient été choisis au détriment d’autres. L’Élysée a démenti.
Mais la tendance est claire.
Avant la présidence d’Emmanuel Macron,
les politiques, notamment les plus hauts d’entre eux, avaient des devoirs et
les médias des droits. Les premiers étaient tenus de se plier aux désirs
d’information éperdue des seconds et ceux-ci avaient toute latitude pour
s’ébrouer comme ils l’entendaient dans le champ démocratique.
Avec le nouveau président de
la République, les choses apparemment ont radicalement changé.
On a le droit de rêver. Pour
moi qui suis moins passionné par l’univers médiatique que par la réflexion,
après coup, sur lui, je songe à la volupté de pouvoir se constituer sur tous
les sujets, notamment politiques et judiciaires, un aréopage de professionnels
dont la qualité et l’intelligence seraient garanties.
Et dont on serait assuré que rien d’absurde ne sortirait des entretiens, des échanges.
Dans « la communication selon Macron », j’apprécie que les interviews politiques soient relues mais qu’en revanche les entretiens traitant de la pensée, de la littérature, de la philosophie soient les seuls pour lesquels on fasse toute confiance à l’interlocuteur. Ainsi, questionné sur ce registre par Jérôme Garcin, Emmanuel Macron n’aurait jamais eu l’idée saugrenue de solliciter une relecture.
Cette manière de remettre le journalisme politique français à sa place me déplaît d’autant moins qu’elle détruit une trop haute conception qu’il a de lui-même, perçoit sa fiabilité relative dans l’analyse et les commentaires – quels sont véritablement les journalistes capables de damer le pion aux citoyens éclairés ? – et met en pièces cette surabondance de l’information continue qui s’imagine approfondir parce qu’elle répète. Alors que, se répétant, elle se prive inéluctablement de profondeur.
Un quidam dénonçant ces insuffisances est vite qualifié d’aigri ou de jaloux, mais quand un pouvoir respecté fait le même constat et, officiellement, en tire les conséquences, une forme de noblesse tombe sur le thème et on a le droit de se réjouir modestement d’avancées dont on a été l’un des nombreux artisans civiques.
Il ressort que les politiques n’ont pas que le devoir et les journalistes les droits. Ceux-ci, pour le FN comme pour toutes les manifestations de leur belle mission, ne sont à la hauteur de ce qu’ils exigent comme une automatique considération qu’à condition de faire preuve d’un certain nombre de vertus intellectuelles et morales. De pluralisme et d’honnêteté. L’honneur d’être journaliste se révèle après, pas avant l’obstacle.
J’espère que cette rareté de la parole présidentielle, cette « communication selon Macron » ne surgissent pas seulement maintenant pour éviter tout couac avant les élections législatives mais qu’elles dureront parce qu’elles ne sont pas pour rien, en si peu de temps, dans l’adhésion majoritaire au nouveau style présidentiel.
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