dimanche 28 mai 2017


Impitoyable avec François Fillon mais clément avec Richard Ferrand

Que vous soyez de droite ou que vous soyez de gauche semble décider du traitement médiatique dont vous serez la cible si vous avez commis quelque acte probablement légal mais moralement condamnable.
Ainsi fut-ce le cas de l’ancien premier ministre François Fillon et candidat des Républicains (LR) pour l’élection présidentielle 2017. Mis en examen depuis le 14 mars, notamment pour « détournement de fonds publics » et « recel d’abus de biens sociaux », ce dernier a été « tué » par les médias et ses adversaires politiques qui ne lui ont rien épargné.
Deux mois plus tard, on apprend par Le Canard Enchaîné que Richard Ferrand, secrétaire général d’En Marche (EM) devenu ministre de la Cohésion des territoires d’Emmanuel Macron, aurait confié en 2011 un marché des Mutuelles de Bretagne qu’il dirigeait à la Saca, une société civile immobilière (SCI) non encore constituée mais a posteriori dirigée par son épouse.
Forte de la promesse d’un loyer annuel de 42.000 euros, cette dernière aurait pu acquérir le bien immobilier correspondant pour 402.000 euros à l’aide d’un prêt bancaire (1). Richard Ferrand aurait reconnu les faits, les estimant parfaitement « légaux » et Benjamin Grivauxporte-parole de  La République en Marche (LREMa dénoncé cette révélation comme une « boule puante ».
Dès lors constate-t-on que l’acharnement médiatique diffère en fonction de votre appartenance politique puisque si un tel fait avait été connu concernant François Fillon, il aurait immédiatement été condamné en première page de tous les quotidiens. Aussi, constate-t-on que la célérité avec laquelle En Marche dénonçait ses adversaires n’a plus cours dès lors que des faits moralement discutables concerneraient ses membres.
Personne n’affirme ici la culpabilité de Fillon ou de Ferrand mais l’on souligne la flagrance d’un deux poids deux mesures permanent qui interroge sur la nature réellement démocratique et équitable du processus électoral.
Si la droite souhaite réellement l’alternance politique à terme, elle doit se doter d’une stratégie médiatique globale (2) plutôt que de rester tributaire d’un environnement qui lui est idéologiquement et systématiquement défavorable.
(1) Hors considération de travaux éventuels, le ratio loyer/coût du bien semble une excellente affaire. Il semblerait aussi que le prêt couvrait 100% de l’achat, frais de notaire inclus. Sans apport donc, peut-on estimer que sans la promesse d’un tel loyer payé par les Mutuelles de Bretagne, ce prêt n’aurait probablement pas été obtenu. Rappelons enfin que Richard Ferrand fut élu député socialiste du Finistère en 2012.
(2) La droite doit se doter de chaînes de télévision sur la TNT, de radios et de vecteurs médiatiques à la hauteur de ceux qui lui ont opposés. Sans cela, continuera-t-elle à se battre à armes inégales dans un combat presque perdu d’avance. Ce n’est pas une opinion politique, c’est un simple constat.

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