Emmanuel Macron: les symboles derrière le portrait officiel du président

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 Paul Veronique, publié le 29/06/2017 à 18:50 , mis à jour à 21:47

Le portrait officiel publié aujourd'hui sur Twitter contient son lot de symboles. Une photographie entre modernité et classicisme, finement travaillée. Décryptage.

Peu après midi, la photo est tombée sur le compte Twitter du président. Elle a été prise la semaine dernière, mais après quelques retouches elle est devenue officielle. Derrière l'objectif, Soazig de la Moissière. C'est la photographe officielle qui a accompagné Emmanuel Macron durant toute sa campagne. 

Emmanuel Macron apparaît debout, appuyé sur un bureau, un léger sourire aux lèvres. Derrière lui, la fenêtre est ouverte, et l'on devine les jardins de l'Élysée. Un cliché millimétré, aux multiples symboles, disséminés çà et là. 

Une dose de classicisme

"D'un côté cette photo dégage beaucoup de classicisme", décrypte pour L'Express, Christian Delporte, historien spécialiste de la politique française. Selon lui, les livres présents à gauche et à droite de l'image ont pour fonction de rappeler la bibliothèque de l'Élysée, devant laquelle d'anciens présidents, dont de Gaulle, avaient posé. De même, la photo est prise à l'intérieur, ce qui rappelle les premiers portraits officiels des présidents de la Ve République. 

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"L'horloge à sa gauche représente le temps long, la fonction présidentielle. C'est le décorum habituel de l'Élysée", ajoute de son côté Arnaud Mercier, professeur de communication politique, contacté par L'Express. Une volonté affichée de s'inscrire dans une forme de continuité de la fonction, via l'utilisation de symboles traditionnels. "Les livres, l'horloge et le bureau sont des éléments très classiques des ors de l'Élysée", reprend Christian Delporte. D'ailleurs, les livres ne sont pas choisis au hasard: à gauche, Les Mémoires de De Gaulle; à droite, Les Nourritures terrestres de Gide, et Le Rouge et le Noir de Stendhal.  

Des éléments de modernité

Mais comme souvent avec Emmanuel Macron, le classicisme à la française se mêle à d'autres éléments, bien de son temps. Derrière sa main droite, deux iPhones. "C'est typiquement pour signifier sa modernité", lance Arnaud Mercier. De même, c'est sur le compte Twitter du président qu'a été d'abord publié le cliché. "L'idée est de souligner l'un de ses marqueurs : il a un usage moderne des outils de communication, comme les réseaux sociaux numériques. Il sait très bien qu'en y publiant son portrait officiel, ça va faire le buzz et que l'engouement prendra tout seul", poursuit le chercheur. 

Selon Christian Delporte, le président pousse plus loin ce rapport à la modernité en s'approchant de certains standards anglo-saxons. "Je trouve ce portrait moderne, dans le sens où il ressemble à une photo à l'américaine. Il a une position centrale, alors qu'habituellement, on voit des présidents légèrement de trois-quarts. De plus, il esquisse un léger sourire et sa position est assez inhabituelle, presque assise sur son bureau", détaille-t-il. Peut-être une façon de faire écho à son désormais célèbre slogan : "Make our planet great again." 

L'art de la synthèse

"Au final, je trouve que cette photo c'est l'art de la synthèse, il combine des éléments de classicisme et de modernité. Je pense réellement que c'est l'effet recherché", avance Christian Delporte. "Ce qui est amusant, c'est également cette impression d'être à l'intérieur de l'Élysée et en même temps dehors. Le cliché est pris dans un bureau, mais la fenêtre est ouverte et donne sur les jardins. Nous sommes dedans comme avec de Gaulle, Pompidou, Mitterrand et Sarkozy, et en même temps dehors, comme avec Chirac et Hollande", renchérit l'historien. 

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Une combinaison presque géométrique des symboles: au premier plan l'intérieur, au second l'extérieur; à droite un drapeau européen, à gauche un drapeau français; d'un côté deux iPhones, de l'autre une horloge ancienne, etc. 

Un résultat bien conforme au personnage et à l'image qu'il tente d'incarner depuis sa prise de fonction résume Arnaud Mercier. "On voit bien qu'il a essayé de trouver une pose et un cadrage qui combine à la fois, l'incarnation d'une photo présidentielle assez classique, et une volonté de renouveler le genre. C'est une forme de compromis qui lui ressemble bien", termine-t-il.