Législatives 2017 : le "plan B" de la droite
Si François Fillon est battu, Les Républicains ne désespèrent pas de remporter les législatives. D'ailleurs, ils ont un programme de rechange...
Par Emmanuel Berretta
Modifié le -
Publié le
| Le Point.fr
Le calcul est simple : si François Fillon ne parvient pas en un mois à repasser devant Emmanuel Macron, Les Républicains
ne désespèrent pas de remporter malgré tout les législatives.
D'ailleurs, la plupart des ténors – y compris ceux qui sont en froid
avec Fillon – ne lâchent rien sur le terrain. Ils sillonnent leurs
circonscriptions afin de ne pas désarmer au soir du premier tour de la
présidentielle. Repoussant à plus tard les querelles de leadership, ceux
qui, de Baroin à Wauquiez, n'ont pas réussi à se mettre d'accord pour
trouver un remplaçant à François Fillon sont convenus d'une "direction
collégiale" le temps des législatives. Il sera bien temps, au moment du
Congrès, en octobre ou en novembre, de désigner un nouveau chef. Le
dernier mot reviendra bien entendu aux militants des Républicains.
En fait, les leaders des Républicains analysent que, la France étant à droite, Emmanuel Macron, même élu, aura bien du mal à trouver une majorité de "bric et de broc". "Face à ces candidats internet, nos élus locaux, nos députés sortants qui ont un ancrage local feront aisément la différence", juge Laurent Wauquiez, qui, sans doute, candidatera à la présidence du parti lors du prochain congrès. Emmanuel Macron, quant à lui, pense que le mode de scrutin des législatives résistera à l'éclatement "pentapartite" (FN, LR, EM !, PS, France insoumise) de la vie politique française et que les Français, respectant la logique institutionnelle, offriront au président élu une majorité pour appliquer son programme. Il est impossible de trancher ce débat tant la situation est confuse avec une droite, qui, avec 18 à 20 % des intentions de vote à l'élection présidentielle, n'est pas située au niveau où elle devrait être s'il n'y avait eu toutes ces affaires d'emplois fictifs présumés, de costumes et autres.
LIRE aussi Législatives : les scénarios du jour d'après
"La droite a envie de gagner" (Éric Ciotti)
En attendant, la droite serre les dents et ne lâche rien sur le
terrain. "Je crois que notre noyau électoral s'est remobilisé. Il est
déterminé et il a envie de gagner", estime Éric Ciotti, très engagé aux
côtés de François Fillon. La crise l'a servi. Le lâchage des élus à la
suite de la crise a transformé Fillon en candidat du peuple contre les
notables du système."
Quand bien même ce noyau dur ne suffirait pas, l'après-Fillon est de toute façon prêt. "Nous ferons alors campagne sur le programme adopté par les militants du parti", déclare l'entourage de Gérard Larcher. En effet, on l'a un peu oublié mais en juillet 2016, Nicolas Sarkozy a eu la bonne idée de faire valider un programme de gouvernement complet dont la relecture est tout à fait intéressante. Un programme d'essence libérale dans lequel les électeurs conservateurs retrouveront leurs petits et qui s'inscrit d'ailleurs tout à fait dans la lignée de ce que propose le candidat Fillon en bien des matières (immigration, sécurité...).
Des divergences plutôt technocratiques
Bien sûr, le programme des Républicains est plus mesuré que celui du
candidat investi, notamment sur la trajectoire des finances publiques.
Fillon veut repousser la retraite à 65 ans (par référendum), les
Républicains proposaient, en juillet 2016, de passer de 62 à 63 ans dès
2020, puis de porter l'âge légal de la retraite à 64 ans à partir de
2025. Mais ne chipotons pas, l'effort vers un allongement des carrières
comme une conséquence de l'allongement de la durée de la vie est là,
avec, à terme, 19 milliards d'euros d'économies à la clé.
Fillon parle de réduire l'emploi public de 500 000 unités en cinq ans. Dans le programme des Républicains, le parti s'engageait à sabrer 300 000 postes de fonctionnaires en cinq ans, soit à peu près le chiffre que défendait Alain Juppé pour qui les 500 000 suppressions n'étaient pas réalisables. Là où Fillon entend remettre la fonction publique à 39 heures (à l'issue d'une négociation qui portera aussi sur une réévaluation des traitements et des carrières), le programme du parti LR promettait 37 heures payées 37 au sein de la fonction publique d'État. Mais le point d'indice ne serait pas revalorisé dans ce cas et les mesures catégorielles remises à plat. Les Républicains s'accordaient sur l'instauration de deux jours de carence en cas d'arrêt maladie (450 millions d'euros d'économies) afin de remettre de l'équité entre secteur public et privé.
La droite jouera-t-elle le jeu de la cohabitation ?
Autre différence majeure : François Fillon campe sur des coupes
de 20 milliards d'euros dans les dépenses des collectivités locales sous
une forme contractuelle. Il prévient de préciser que l'Etat baisserai,
pour sa part, sa dotation de 7,5 milliards d'euros. Le parti Les
Républicains était parvenu dans son document-programme validé par les
militants à 5 milliards d'économies à la charge des collectivités
locales.
En somme, si Fillon est battu, les candidats LR aux législatives renoueront avec un programme dont Éric Woerth fut l'un des principaux coordinateurs sous la houlette de Nicolas Sarkozy. Un programme qui avait fait l'objet de très nombreuses réunions de concertation au sein des élus LR et qui pourra servir de plateforme à une reconstruction.
Dans l'hypothèse d'une cohabitation imposée à Emmanuel Macron, la question la plus épineuse sera plutôt de savoir qui sera appelé à Matignon. Les Républicains joueront-ils le jeu des institutions ou feront-ils blocage pour contraindre Macron à la démission ? S'ils jouent le jeu, accorderont-ils leur confiance à un Premier ministre issu de leurs rangs qui pourrait être Laurent Wauquiez, François Baroin, Nicolas Sarkozy ou d'autres encore ? Laisseront-ils à Macron le soin de choisir un Premier ministre parmi eux ou lui imposeront-ils un homme ou une femme et selon quel processus ? Au fond, le programme des Républicains est bien le moindre des problèmes par rapport à celui de savoir qui reprendra le leadership dans une droite post-filloniste...
En fait, les leaders des Républicains analysent que, la France étant à droite, Emmanuel Macron, même élu, aura bien du mal à trouver une majorité de "bric et de broc". "Face à ces candidats internet, nos élus locaux, nos députés sortants qui ont un ancrage local feront aisément la différence", juge Laurent Wauquiez, qui, sans doute, candidatera à la présidence du parti lors du prochain congrès. Emmanuel Macron, quant à lui, pense que le mode de scrutin des législatives résistera à l'éclatement "pentapartite" (FN, LR, EM !, PS, France insoumise) de la vie politique française et que les Français, respectant la logique institutionnelle, offriront au président élu une majorité pour appliquer son programme. Il est impossible de trancher ce débat tant la situation est confuse avec une droite, qui, avec 18 à 20 % des intentions de vote à l'élection présidentielle, n'est pas située au niveau où elle devrait être s'il n'y avait eu toutes ces affaires d'emplois fictifs présumés, de costumes et autres.
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"La droite a envie de gagner" (Éric Ciotti)
En attendant, la droite serre les dents et ne lâche rien sur le
terrain. "Je crois que notre noyau électoral s'est remobilisé. Il est
déterminé et il a envie de gagner", estime Éric Ciotti, très engagé aux
côtés de François Fillon. La crise l'a servi. Le lâchage des élus à la
suite de la crise a transformé Fillon en candidat du peuple contre les
notables du système."Quand bien même ce noyau dur ne suffirait pas, l'après-Fillon est de toute façon prêt. "Nous ferons alors campagne sur le programme adopté par les militants du parti", déclare l'entourage de Gérard Larcher. En effet, on l'a un peu oublié mais en juillet 2016, Nicolas Sarkozy a eu la bonne idée de faire valider un programme de gouvernement complet dont la relecture est tout à fait intéressante. Un programme d'essence libérale dans lequel les électeurs conservateurs retrouveront leurs petits et qui s'inscrit d'ailleurs tout à fait dans la lignée de ce que propose le candidat Fillon en bien des matières (immigration, sécurité...).
Des divergences plutôt technocratiques
Bien sûr, le programme des Républicains est plus mesuré que celui du
candidat investi, notamment sur la trajectoire des finances publiques.
Fillon veut repousser la retraite à 65 ans (par référendum), les
Républicains proposaient, en juillet 2016, de passer de 62 à 63 ans dès
2020, puis de porter l'âge légal de la retraite à 64 ans à partir de
2025. Mais ne chipotons pas, l'effort vers un allongement des carrières
comme une conséquence de l'allongement de la durée de la vie est là,
avec, à terme, 19 milliards d'euros d'économies à la clé.Fillon parle de réduire l'emploi public de 500 000 unités en cinq ans. Dans le programme des Républicains, le parti s'engageait à sabrer 300 000 postes de fonctionnaires en cinq ans, soit à peu près le chiffre que défendait Alain Juppé pour qui les 500 000 suppressions n'étaient pas réalisables. Là où Fillon entend remettre la fonction publique à 39 heures (à l'issue d'une négociation qui portera aussi sur une réévaluation des traitements et des carrières), le programme du parti LR promettait 37 heures payées 37 au sein de la fonction publique d'État. Mais le point d'indice ne serait pas revalorisé dans ce cas et les mesures catégorielles remises à plat. Les Républicains s'accordaient sur l'instauration de deux jours de carence en cas d'arrêt maladie (450 millions d'euros d'économies) afin de remettre de l'équité entre secteur public et privé.
La droite jouera-t-elle le jeu de la cohabitation ?
Autre différence majeure : François Fillon campe sur des coupes
de 20 milliards d'euros dans les dépenses des collectivités locales sous
une forme contractuelle. Il prévient de préciser que l'Etat baisserai,
pour sa part, sa dotation de 7,5 milliards d'euros. Le parti Les
Républicains était parvenu dans son document-programme validé par les
militants à 5 milliards d'économies à la charge des collectivités
locales.En somme, si Fillon est battu, les candidats LR aux législatives renoueront avec un programme dont Éric Woerth fut l'un des principaux coordinateurs sous la houlette de Nicolas Sarkozy. Un programme qui avait fait l'objet de très nombreuses réunions de concertation au sein des élus LR et qui pourra servir de plateforme à une reconstruction.
Dans l'hypothèse d'une cohabitation imposée à Emmanuel Macron, la question la plus épineuse sera plutôt de savoir qui sera appelé à Matignon. Les Républicains joueront-ils le jeu des institutions ou feront-ils blocage pour contraindre Macron à la démission ? S'ils jouent le jeu, accorderont-ils leur confiance à un Premier ministre issu de leurs rangs qui pourrait être Laurent Wauquiez, François Baroin, Nicolas Sarkozy ou d'autres encore ? Laisseront-ils à Macron le soin de choisir un Premier ministre parmi eux ou lui imposeront-ils un homme ou une femme et selon quel processus ? Au fond, le programme des Républicains est bien le moindre des problèmes par rapport à celui de savoir qui reprendra le leadership dans une droite post-filloniste...
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