jeudi 30 mars 2017


«Honte», «minable», «sans honneur»... Valls critiqué après son soutien à Macron

R.L.
29 mars 2017, 9h58 | MAJ : 29 mars 2017, 15h06

Lille, le 16 janvier 2017. Arnaud Montebourg lors de la primaire. Il dénonce aujourd'hui le choix de Manuel Valls de soutenir Emmanuel Macron.

CAMPAGNE. Le soutien de Manuel Valls à Emmanuel Macron était attendu mais il n'en a pas moins suscité des réactions très vives chez les socialistes soutenant Benoît Hamon.
C'est un soutien sans surprise mais il met le PS en ébullition. En annonçant officiellement qu'il voterait pour Emmanuel Macron ce mercredi sur BFMTV, Manuel Valls a provoqué des réactions très violentes à son égard chez nombre de socialistes.
Le premier à dégainer a été le député marseillais Patrick Mennucci qui sur Twitter s'est adressé directement à l'ancien Premier ministre pour lui dire «tu nous fais honte»
La députée des Hautes-Alpes Karine Berger n'a pas non plus mâché ses mots et a qualifié le «comportement de Manuel Valls de minable». Yann Galut, élu du Cher et membre de l'équipe de campagne de la gauche, estime lui que «jusqu'au bout Valls aura été le fossoyeur de la gauche». 
Jusqu'au bout @manuelvalls aura été le fossoyeur de la  en faisant toujours porter la responsabilité sur les autres 
La réaction d'Arnaud Montebourg est également sans appel. «Chacun sait désormais ce que vaut un engagement signé sur l'honneur d'un homme comme Manuel Valls : rien. Ce que vaut un homme sans honneur».
Chacun sait désormais ce que vaut un engagement signé sur l'honneur d'un homme comme Manuel Valls : rien. Ce que vaut un homme sans honneur.
Sur BFMTV, François Kalfon, soutien d'Arnaud Montebourg à la primaire, a aussi sorti la sulfateuse. «Manuel Valls est en train de creuser sa propre tombe : celle du dégoût qu'il inspire autour de lui», a lâché l'élu régional d'Ile-de-France adepte des phrases choc.
Le député Sébastien Denaja, qui a soutenu Benoît Hamon dès la primaire, fait dans la poésie en jugeant que Manuel Valls «observe les règles de l'honneur comme on observe les étoiles, de loin...» 
@manuelvalls observe les règles de l'honneur comme on observe les étoiles, de loin. On se rappelle la stratégie d'empêchement c/ @fhollande
Sur Twitter, le commissaire européen Pierre Moscovici est énigmatique mais sa citation de Léon Blum, «les poisons sont parfois des remèdes, mais certains poisons ne sont pourtant que des poisons», semble montrer qu'il n'approuve pas la démarche de Manuel Valls de soutenir Macron en raison du risque FN.
"Les poisons sont parfois des remèdes, mais certains poisons ne sont pourtant que des poisons": Léon Blum, "à l'échelle humaine"
Martine Aubry, qui doit être mercredi soir, au meeting de Benoît Hamon à Lille, y est allé aussi de son couplet. Sans citer Manuel Valls, elle a rappelé que lorsqu'elle avait perdu la primaire face à François Hollande fin 2011 sa «conception de l'honneur et de l'éthique démocratique a été de mettre toute (son) énergie au service de la victoire de la gauche». 
Ma conception de l'honneur et de l'éthique démocratique a été de mettre toute mon énergie au service de la victoire de la gauche en 2012

Dans un communiqué, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis se contente de dire qu'il est «triste de ne pas avoir réussi à convaincre Manuel Valls de ne pas soutenir Benoît Hamon» et assure «combattre cette position». Il termine son texte par une de ses phrases préférées depuis qu'il est à la tête du PS : «j'appelle tous les socialistes au calme»...

Pour les écologistes, alliés de Benoît Hamon, ce soutien de l'ancien Premier ministre au candidat d'En Marche est une «bonne nouvelle». «Hamon est désormais libéré du bilan gouvernemental dont Valls vient de charger Macron, candidat de la continuité»,estime le secrétaire national d'EELV David Cormand. 

Emmanuel Macron de son côté a évidemment «remercié» Manuel Valls pour son soutien. Mais il n'a pas été très chaleureux pour accueillir l'ancien Premier ministre... Car aussitôt, le candidat d'En Marche a pris ses distances avec celui qui a été Premier ministre un peu moins de 3 ans. «Je serai le garant du renouvellement des visages, du renouvellement des pratiques», a-t-il lâché sur Europe 1. Interrogé pour savoir si donc il ne gouvernerait pas avec Manuel Valls, il a été clair : «Vous l'avez compris !».

Heureusement pour lui, Manuel Valls a aussi reçu des messages de sympathie. Ainsi, François de Rugy, qui comme lui a renié son engagement de la primaire pour soutenir Emmanuel Macron, a salué sa «cohérence» et son «esprit de responsabilité». 

Du côté du Parti de gauche et des soutiens de Jean-Luc Mélenchon, le soutien de Manuel Valls marque «l'explosion du PS». «Une page se tourne», renchérit le porte-parole du candidat Alexis Corbière.

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