Ecrivain, musicienne, plasticienne
Monsieur Macron – on ne peut pas être bon en tout ☺ – ne sait pas où est la Guyane. Il croit que c’est une île. Dans quel océan ? Un océan d’incertitude, assurément…
En visite à La Réunion (qu’il ne savait peut-être pas très bien situer non plus avant de s’y poser), il a déclaré dans ce style neuneu-gnangnan qu’il affectionne : « Ce qui se passe en Guyane depuis plusieurs jours est grave. C’est grave en raison des débordements. Mon premier mot est celui d’un appel au calme parce que bloquer les pistes d’un aéroport, bloquer les décollages, et parfois même bloquer le fonctionnement de l’île ne peut être une réponse apportée à la situation. »
Il faut le comprendre, Emmanuel : la Guyane a peu de start-up, ce n’est pas un paradis fiscal et l’on y trouve sans doute assez peu de financiers « en marche » vers un avenir radieux… donc pas de quoi « imprimer » ses coordonnées dans le cerveau 2.0 de notre jeune loup. Pas plus que la Guadeloupe, d’ailleurs, dont notre présidentiable pensait encore, en décembre dernier, qu’elle était une terre d’« expatriés ».
L’ignorance de Macron est grave en ce qu’elle témoigne du gouffre qui sépare nos politiques des populations en général, et des populations ultramarines en particulier. Un aller-retour le temps d’un meeting, une semaine de vacances sur la plage privée d’un hôtel de luxe, et hop ! on reprend son vol vers la métropole.
Mais la Guyane (ses fusées, ses orpailleurs) est une poudrière qui détient (avec Mayotte) le record absolu des maux qui rongent la France : homicides, viols, vols à main armée, chômage, trafic de drogue… À l’origine de tout cela : l’un des plus forts taux de natalité au monde, et l’explosion de l’immigration clandestine.
Une immigration illégale en provenance d’Haïti, du Suriname et du Guyana, le tout sous la coupe des trafiquants de l’or et de la drogue.
Alors, oui, Monsieur Macron, la grève générale déclenchée par « les 500 frères » cagoulés qui, le 17 mars dernier, ont mis en fuite Ségolène Royal n’est peut-être pas la solution. Mais que faire quand le gouvernement est incapable d’assurer ses missions régaliennes, dont la première est la protection des citoyens ? Que faire devant le mépris des « élites » qui dépêchent leurs sous-fifres parce qu’ils ont eux-mêmes la trouille au ventre ? Dans un article au Monde, l’un des porte-parole du mouvement rappelle qu’« il y a eu, depuis vingt ans, de nombreuses marches blanches contre la violence, mais personne n’a été entendu ». Alors, que reste-t-il sinon les actions qui marquent ?
Le mot de « milice » est lâché, mais les 500 frères (qui ne seraient, en réalité, qu’une centaine) se défendent de toute action violente : la cagoule et la tenue noire, c’est juste pour impressionner, disent-ils.
En attendant qu’un ministre – et de préférence le Premier – daigne se déplacer, ils avancent leurs propositions : éradication des squats, maintien d’un escadron de gendarmerie affecté en renfort ou encore renvoi dans leur pays des criminels étrangers condamnés afin qu’ils purgent chez eux leur peine. Et bien que les statistiques « ethniques » soient interdites en France, Le Monde précise que les étrangers représentent, en Guyane, 50 % des détenus.
Ce gouvernement ne fera rien, et il va falloir bien réfléchir à qui l’on va élire car il y a fort à craindre que le suivant soit tout aussi inopérant. Le propret Macron, qui ne sait même pas situer nos territoire d’outre-mer, ne fera sûrement pas mieux, et la gauche repentante encore moins. C’est que tous ces gens ont peur. Peur de devoir imposer l’ordre (un mot honni) sans lequel il n’y a pas de sécurité, peur de cet État de droit qu’il faudra bien rétablir et dont l’idée les terrorise tout autant.
Mais attention, Mesdames et Messieurs les candidats. Il reste moins d’un mois avant le premier tour, et si vous ne voulez pas que nos territoires du bout du monde viennent mettre la pagaille dans vos petites magouilles, il va falloir annoncer la couleur !