Ecrivain, journaliste
Son blog 
 
Il se dit que Christine Angot a rendu service à François Fillon. Ses outrances verbales ont mué celui-ci en victime et ont été le meilleur des alliés. Mais on peut dire aussi que François Fillon – à son corps défendant – a rendu service à Christine Angot qui, avec son grand numéro de Christine Dingo, a pu sortir de l’ennuyeux anonymat dans lequel elle était en train de sombrer. Elle vient d’accorder avec gourmandise un entretien à Libération, lui permettant de prolonger ces quelques instants de notoriété. Et elle y dénie avoir fait preuve d’agressivité. On n’ose imaginer la déflagration atomique lorsqu’elle est vraiment énervée.
Une chance pour elle que Fillon soit homme bien élevé, issu d’un Landernau politique où l’on a appris à ne jamais remettre en cause la dictature culturelle de la gauche, arbitre autoproclamé des élégances littéraires.
Alain Finkielkraut et Benoît Duteurtre se demandent chacun à leur façon, lit-on ce matin, s’il est bien pertinent qu’un écrivain se mue en procureur. Procureur, elle l’a été sans conteste, l’espace d’un soir ; tout le monde peut en témoigner.
Mais écrivain ? Pour parler d’emploi fictif, Christine Angot était en effet la personne qualifiée.
Son registre est, d’ailleurs, « l’autofiction » ou, pour faire simple, l’autobiographie qui s’autorise des libertés. Comprenez : le journal intime d’une mythomane. Comme une vieille fillette appliquée – Christine Angot décrit minutieusement, sur un ton terne et monocorde -, il est des maîtres, comme dans Les 101 Dalmatiens, qui ressemblent à leur chien, il est des auteurs qui ressemblent à leur bouquin – ses aventures scabreuses, réelles ou fantasmées. C’est long et cafard comme un jour sans pain, car Christine Sanglot a le sexe triste et la luxure à face de carême. Mais passée la surprise de la description trash, où est l’originalité ? Pourquoi serait-on obligé de se pâmer, sous peine de passer pour un philistin, devant ce qui, pour le reste (c’est-à-dire pas grand-chose), ressemble à une rédaction du brevet ? Son « œuvre », toute égocentrée, comme sa harangue enfantine à l’encontre de François Fillon font montre, du reste, de son intrinsèque immaturité.
Mais elle est surtout représentant fictif des Français : « C’est mon travail de traduire un sentiment collectif, et je crois que ça a soulagé les gens », affirme-t-elle – très sérieusement – à Libé, comme si elle était la pasionaria de la France périphérique. On peut rigoler ? Il ne suffit pas de cracher sur la bourgeoisie pour s’en exonérer. Dans Elle, il faut lire Doc Gyneco évoquer leur liaison avec le ton emprunté du jardinier dans L’Amant de Lady Chatterley – « J’ai toujours dit mon attirance pour les bourgeoises » -, usant même, pour la qualifier, du mot nunuche et désuet de « BCBG »
Il est, on le sait bien, des Français aux revenus modestes que le Penelopegate et l’affaire des costumes a choqués. Ceux-là étaient légitimes à venir s’exprimer. En quoi Christine Angot était-elle habilitée à les représenter ? Pujadas compte-t-il inviter BHL au nom des agriculteurs ou Attali en celui des chômeurs ?
À moins que le mot « service public » soit aussi devenu fictif ?