Le candidat donne l’impression de mettre son talent, non pas à offrir une vision, mais à répondre aux demandes d’un électorat composite, aux aspirations contradictoires.
Macron, de contradiction en contradiction
Il y a, dans la maison Macron, un vice de construction. Une contradiction dans les fondations même de son projet qui, les jours passant, est en train de fissurer la façade de son mouvement. Rien de très préoccupant pour l’instant. Simple problème esthétique, diront ses partisans, qui préfèrent souligner l’incontestable dynamique de leur candidat depuis un mois. Inquiétante faiblesse de structure, espèrent ses adversaires, qui pointent, eux, le petit tassement sondagier de ces derniers jours. D’ores et déjà, on sait que l’édifice est au minimum fragile : de tous les gros candidats à la présidentielle, Emmanuel Macron est celui dont le pourcentage d’électeurs certains d’aller voter pour lui est le plus faible. Cette faiblesse n’est pas conjoncturelle, mais congénitale. L’ex-ministre de l’Economie a justifié son départ du gouvernement et le lancement de son mouvement par l’impérieuse nécessité de construire une nouvelle offre politique. Puisque le clivage traditionnel gauche-droite est, répète-t-il, périmé, construisons autre chose, autrement. Indiscutablement, ce pari a répondu à l’attente de nombreux Français. Macron allait donc offrir autre chose.
Or, depuis deux mois, le leader d’En marche ne propose rien ou si peu. Voilà sa contradiction ontologique. Le plus curieux, c’est que Macron la revendique, en déclarant par exemple que «c’est une erreur de penser que le programme est le cœur d’une campagne». Alors, il parle ; beaucoup, mais sans cohérence. Ces trois derniers jours ont été un florilège. Il dit que la colonisation est «un crime contre l’humanité»,mais qu’il faut en assumer les aspects «positifs». Il confie que les antimariage pour tous ont été «humiliés», mais il défend la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes. En trois mois, il change trois fois de position sur la légalisation du cannabis, pour finalement défendre le statu quo. Emmanuel Macron donne l’impression de mettre son talent, non pas à offrir une vision, mais à répondre aux demandes d’un électorat composite, aux aspirations contradictoires.
Il était programmé pour être un homme politique de l’offre, il se révèle un tribun obsédé par la demande. Il était attendu sur le registre du courage de la conviction, il se démarque dans l’agilité à ménager les contraires. Il en va des hommes politiques comme des produits de grande consommation : il ne faut jamais que la belle promesse de la marque entre en contradiction avec la triste réalité du produit. Sauf à produire un redoutable effet de déception.
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