mardi 28 mars 2017


L'ÉTRANGE MEETING D'EMMANUEL MACRON DANS UNE SALLE À MOITIÉ VIDE À LA RÉUNION
IMPRO - En déplacement à la Réunion, le candidat d'"En Marche !" avait donné rendez-vous aux habitants de l'île ce samedi pour un meeting de campagne. Face à 2500 personnes et une salle à moitié vide, Emmanuel Macron a troqué son discours pour une séance de questions/réponses avec le public. Un exercice plutôt inhabituel qui n'a pas forcément séduit les Réunionnais présents.

25 mars 23:24 Claire Cambier

"Ce qui devait être un meeting s'est transformé en rencontres", a tweeté Emmanuel Macron. Le candidat "En Marche !" résume ainsi son étrange meeting de campagne organisé ce samedi à Saint-Denis, la principale ville de la Réunion. Après une journée de visite sur l'île, l'ancien ministre devait prononcer un discours au Petit stade de l'Est, une salle qui peut accueillir 4500 personnes. Le favori des sondages, qui tient pourtant à rappeler que "rien n'est fait" et que la victoire est loin d'être acquise, avait fait preuve d'un peu trop d'optimiste cette fois-ci. Seuls 2500 Réunionnais étaient venus l'écouter, les images montrant une salle à moitié vide et des rangs clairsemés.

Un exercice totalement improvisé selon son équipe de campagne

Emmanuel Macron se lance, mais au bout de quelques minutes à peine, il s'arrête, invectivé par un homme dans les gradins. "Qu'est-ce qu'il y a ? Je n'entends rien", demande le candidat. La scène s'éternise et l'ancien ministre se décide à inviter sur scène le perturbateur : "Je n'ai pas entendu, viens !", lâche-t-il. Celui qui se révèle être un militant associatif le questionne sur ce qu'il envisage de faire pour les jeunes de l'île, trop souvent confrontés au chômage. Le candidat en profite pour parler de sa "priorité : l'éducation", rappelant que "le premier problème, c'est l'illettrisme", dans ce territoire "parfois oublié, où les défis

sont plus grands qu'en métropole". "Quand il y a 20% des jeunes qui ne savent pas lire, écrire ou compter proprement, ils ne peuvent pas travailler", détaille-t-il. Et de glisser au passage l'une de ses propositions : "La moitié des enfants réunionnais sont concernés par mon projet de limiter à 12 élèves les classes de CP et de CE1".

Mais une fois le militant parti, d'autres questions fusent dans la salle. Emmanuel Macron décide de se prendre au jeu et invite un à un les membres du public désireux de le questionner sur un point précis. Le meeting se transforme alors en débat public.

Défilent tour à tour sur scène une jeune chef d'entreprise ulcérée par "les blocages" rencontrés, un aveugle d’origine comorienne, un homme âgé le questionnant sur la santé, un sourd-muet défendant la cause des personnes handicapées, une "métropolitaine venue travailler à La Réunion" ou encore un chauffeur de taxi se plaignant de la complexité administrative. Un exercice totalement improvisé, explique son équipe de campagne, mais qui a permis à Emmanuel Macron d'apporter, au fil des réponses, des éléments de son programme, notamment sur l'Outre-Mer. Il explique ainsi vouloir renforcer les subventions à la continuité territoriale, qui réduisent le coût des billets d’avion entre les départements d’Outre-Mer et la métropole. Il promet également d'"adapter les règles aux réalités du terrain", car "les contraintes d’un agriculteur de la Beauce ne sont pas les mêmes que celles d’un agriculteur de La Réunion."

Mais ce jeu de questions/réponses ne plaît pas forcément au public, invité en premier lieu à écouter un discours de campagne et qui se lasse de ces prises de paroles incessantes, qui passent du coq à l'âne et s'éternisent. Les rangs se vident.

Monte même sur scène un petit garçon qui se demande comment on fait pour devenir président. "Il y a un petit côté Jacques Martin là…", reconnaît Emmanuel Macron d'un air amusé. Le candidat se lance tout de même dans un échange pédagogique sur la fonction de président, expliquant que lorsque tu es président, "tu cherches à porter un projet pour le pays, pour toute la République", tout en reconnaissant que même s'il est élu, il ne pourrait apporter de "solution à tous les problèmes". "Je ne suis pas le Père Noël", avertit-il. La séquence est tout aussi amusante que gênante.

Certains n'hésitent pas à qualifier l'exercice de "bide".

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