mercredi 29 mars 2017

La ministre des Outre-mer Ericka Bareigts explique pourquoi elle ne va pas en Guyane malgré la crise
En pleine crise sociale, la région française d'Amérique du Sud sera en grève générale à partir de lundi.

 26/03/2017 13:55 CEST | Actualisé 26/03/2017 14:05 CEST

AFP
Ericka Bareigts à l'Elysée en janvier 2017
GUYANE - La ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, a assuré ce dimanche 26 mars qu'elle n'avait pas "peur" de se rendre en Guyane, en proie à un important mouvement social, mais remis une éventuelle visite au moment où "les conditions seront réunies".
"On pourra aller en Guyane lorsque les conditions seront réunies et que les choses auront bien avancé. Aujourd'hui ce que je souhaite, c'est le dialogue, l'identification des demandes pour pouvoir apporter des réponses", a déclaré la ministre sur franceinfo, assurant qu'elle n'avait "peur de rien".
"Nous voulons ce travail sérieux, nous ne voulons pas juste y aller pour pouvoir avoir une discussion large politique, et au bout ne pas avoir de réponses", a-t-elle ajouté, alors que des protestataires refusent de rencontrer la mission interministérielle envoyée samedi, réclamant la venue de ministres, et qu'un mot d'ordre de grève générale a été lancé à compter de lundi.
Ce dimanche, Air France a par ailleurs annulé ses vols long-courrier de Paris-Orly à Cayenne ce dimanche et lundi, en raison du mouvement social en Guyane. "Nous ne pouvons pas assurer ces vols pour des raisons opérationnelles", a expliqué le porte-parole, évoquant notamment des problèmes sur place d'approvisionnement des appareils en carburant et des difficultés de circulation au sol.
"En lien de façon continue" avec la mission depuis Paris
"Nous sommes avec une mission interministérielle de haute qualité, des gens qui connaissent parfaitement le territoire et qui ont le pouvoir de décider", a par ailleurs martelé Ericka Bareigts sur Europe 1.
Cette délégation, menée par Jean-François Cordet, conseiller maître à la Cour des comptes et ancien préfet de Guyane, est composée de plusieurs hauts fonctionnaires connaissant bien la Guyane et issus de différents ministères. Elle comprend aussi Michel Yahiel, commissaire général de France Stratégie et ex-conseiller social de François Hollande.
Appelant "les uns et les autres à être dans le dialogue", la ministre a indiqué être "en lien de façon continue" avec la mission pour pouvoir "à Paris, avec le Premier ministre", "suivre pas à pas et apporter les réponses pas à pas". La ministre a précisé que les membres de cette mission "écoutent, font un état des lieux très précis et agissent".
"La preuve hier, la mission a déjà annoncé des mesures très concrètes", a souligné la ministre, citant le maintien du centre médical de Kourou, ou encore l'expérimentation d'un scanner à l'aéroport "pour le contrôle du trafic de drogue".
Écoles, port, administrations et commerces fermés
En ce qui concerne le renforcement de la sécurité, revendication phare du mouvement de protestation, Ericka Bareigts n'a pas exclu l'envoi de troupes supplémentaires, en plus de celles déjà envoyées en renfort. "Il y a eu des envois de troupes supplémentaires. (...) Aujourd'hui, si la demande est identifiée et qu'elle est évaluée techniquement (...), nous en parlons et nous déciderons de la nécessité, de combien, de qui et de où".
Depuis jeudi, des barrages routiers filtrants, soutenus par la classe politique, ont été installés sur l'ensemble du territoire pour réclamer un plan d'investissement massif et une amélioration de la prise en charge sanitaire, éducative et sécuritaire, dans cette collectivité territoriale de plus de 250.000 habitants.
Les écoles, l'université, le port de commerce, les administrations et certains commerces sont fermés depuis jeudi. Les déplacements motorisés sont très difficiles, à l'exception de ceux des véhicules d'urgence.

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