La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), qui avait été saisie par l’association Anticor a déclaré lundi après midi : « Les contrôles mis en œuvre par la Haute Autorité n’ont révélé aucun élément de nature à remettre en cause le caractère exhaustif, exact et sincère de la déclaration de patrimoine d’Emmanuel Macron. » Cependant, les chiffres indiqués laissent dans l’ombre plusieurs questions.
Malgré les explications qu’il a été amené à fournir à plusieurs reprises, des zones d’ombre subsistent lorsque l’on examine le patrimoine d’Emmanuel Macron. Voulant une nouvelle fois mettre un terme à la polémique sur ses revenus, le candidat à la présidentielle a ainsi déclaré, dimanche 19 mars lors du 20 heures de France 2 : « J’ai gagné de l’argent car j’ai eu un travail. Je n’ai rien à me reprocher. » Et l’ancien ministre de l’Economie de citer en référence l’article paru le même jour dans Le Journal du Dimanche sous le titre : « La fausse affaire des 3 millions évanouis ». Emmanuel Macron a salué cette enquête faite « avec beaucoup de rigueur » qui « démonte cette affaire ». Selon le candidat, ce sont donc ces chiffres qu’il faudra désormais considérer comme les bons. Pourtant, plusieurs éléments fournis au journal par le candidat à l’Elysée comportent des incohérences.
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Première zone d’ombre : lorsqu’il est nommé au ministère de l’Economie, Emmanuel Macron déclare à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) qu’il a accumulé des revenus de 2,75 millions d’euros pour les années 2010 à 2012 en tant que collaborateur de Rothschild, plus 360 000 euros comme secrétaire général adjoint de l’Elysée entre juin 2012 et août 2014, soit 3 110 000 euros. Pourtant, son patrimoine net n’atteint alors que 214 000 euros. Pour expliquer ce différentiel, Emmanuel Macron affirme qu’il a dû régler « des cotisations patronales, salariales, puis l’impôt sur le revenu ». Cette explication est en partie fausse : la HATVP prend en compte les revenus après paiement des charges et des cotisations sociales (le revenu déclaré à la HATVP est le revenu net imposable). Sur cette base, il n’avait donc plus ni charge patronale ou salariale ni RSI à régler. Il lui restait à acquitter environ 1,2 million d’euros en impôts sur le revenu et impôts sur les bénéfices.
Deuxième zone d’ombre : son revenu net-net, après paiement de tous ses impôts et charges s’est donc élevé à environ 1,9 million d’euros. Après remboursement des échéances d’emprunts contractés pour son appartement parisien et pour les travaux effectués dans la maison de son épouse au Touquet, il restait à l’ancien ministre un revenu disponible de 1,6 million. En défalquant la somme correspondant aux travaux payés de sa poche (150 000 euros au Touquet et 250 000 euros à Paris), il reste encore 1,2 million d’euros. Or il ne dispose plus, lors de sa nomination à Bercy, que de 214 000 euros (devenus aujourd’hui 227 300 euros, selon sa déclaration à la HATVP de mars 2017). Emmanuel Macron « a vécu sur un grand train de vie » à cette période, reconnaît son entourage, à tel point que « son salaire ne suffisait pas à payer ses impôts » lors de sa première année à l’Elysée. Question : a-t-il réellement dépensé plus d’un million d’euros entre 2010 et mi-2014, soit quelque 1 000 euros par jour ?
Troisième zone d’ombre : Emmanuel Macron a acheté en 2007 un appartement parisien de 83 m2 plus terrasse, évalué 935 000 euros dans sa déclaration de 2014 à la HATVP. Le futur candidat à l’Elysée, explique avoir acquis ce bien pour 890 000 euros et y avoir effectué 70 000 euros de travaux. Problème : il affirme désormais avoir fait 250 000 euros de travaux dans cet appartement (JDD et France 2, le 19 mars dernier). Entre ses deux déclarations, il existe donc un différentiel de 180 000 euros. Si ces travaux ont été réalisés après 2014, pendant qu’Emmanuel Macron et sa femme occupaient le logement de fonction de Bercy, cela signifie qu’ils ont rénové leur bien pour un total de plus de 3 000 euros le mètre carré, ce qui correspond à une rénovation haut de gamme. Question : pourquoi, en dépit de ces travaux d’embellissement, l’avoir revendu au printemps 2016 pour 952 000 euros, soit 17 000 euros seulement au-dessus de son évaluation ? Cela correspond à une perte sèche de plus de 160 000 euros, à une époque où le marché de l’immobilier s’était pourtant redressé
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