Report de lancement d’Ariane 5, barrages à l’entrée des villes, écoles fermées... Les mouvements sociaux paralysent la Guyane depuis le début de la semaine.

La tension sociale est montée de plusieurs crans ce jeudi en Guyane, en proie depuis plusieurs jours à une multiplication des conflits et des troubles sociaux. La prolifération des barrages routiers tenus par différents manifestants, a abouti à une quasi-paralysie du département, avec des conséquences en cascade sur toutes les activités.

L'avion d'Air France a ainsi dû faire demi-tour ce jeudi, quatre heures après son départ de Paris, les conditions d'un atterrissage en toute sécurité à l'aéroport de Cayenne n'étant plus réunies. Air Caraïbes a également dû dérouter son vol sur les Antilles. En revanche, le vol régional Antilles/Guyane d'Air France a pu se poser.
Selon nos informations, des barrages routiers empêcheraient les passagers et certains personnels, dont les pompiers, d'accéder à l'aéroport Félix Eboué. Des barrages seraient également disposés aux entrées de Cayenne, Saint-Laurent du Maroni, Iracoubo, Roura et Kourou, qui ne laisseraient passer que les services d'urgence.

Commerces et écoles fermées

Selon le site France Guyane, presque tous les commerces de Cayenne sont fermés « à l'exception des pharmacies ». Les écoles sont également fermées. Les services municipaux ne fonctionnent pas et toutes les manifestations sportives et culturelles ont été annulées.
Des coupures d'électricité se sont également produites à plusieurs reprises. De longues files d'attentes d'automobilistes se sont formées devant les stations-service, qui ne sont plus approvisionnées.

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Vols détournés et routes barrées : la Guyane paralyséeCertains collectifs ont également poussé des commerçants à fermer boutique, rapportent des médias locaux.

Ariane 5 clouée au sol

Au centre spatial, Arianespace a dû reporter, pour la troisième fois, le lancement d'une Ariane 5 prévu ce jeudi. La fusée européenne doit placer en orbite deux satellites.
Aucune date n'est avancée la reprise des tirs, conditionnée à un retour à la normale, qui semble bien compromis. Outre le barrage qui empêche l'accès au site, une partie des salariés en charge de l'acheminement des fusées depuis le bâtiment d'assemblage, est en grève depuis plusieurs jours.

Manifestations de protestation contre l'insécurité

Cette situation explosive découle de la combinaison de plusieurs conflits sociaux (chez Arianespace, chez EDF, au centre médico-chirurgical de la Croix rouge à Kourou...) et des manifestations de protestation contre l'insécurité et au déficit d'offres de soins, organisées par divers collectifs de citoyens, pour réclamer des renforts de forces de l'ordre.
Un de ces collectifs, celui des "500" Frères, fait particulièrement parler de lui depuis quelques jours. Constitué d'une bonne centaine de personnes portant des cagoules, et créé après le meurtre d'un habitant dans un quartier populaire, le mouvement a perturbé la visite de la ministre de l'Environnement Ségolène Royal vendredi dernier.

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Des barrages routiers ont été installés par des collectifs à l'entrée des villes, comme ici à Saint-Laurent-du-Maroni. - Guyane 1ere
Des barrages routiers ont été installés par des collectifs à l\'entrée des villes, comme ici à Saint-Laurent-du-Maroni. - Guyane 1ereLa Guyane est le département français qui compte le plus grand nombre d'homicides, le plus souvent liés aux règlements de comptes entre trafiquants de drogue, et un taux de chômage record.
La ministre des Outre-mer Ericka Bareigts a demandé la levée des blocages qui « permettrait que ces discussions se déroulent dans un climat apaisé et constructif » et « appelle les responsables des différents mouvements et organisations à se saisir de cette opportunité ".
Mais les tentatives de négociations, tant au niveau régional qu'au niveau national, semblent au point mort, les représentants des collectifs ayant notamment rejeté la proposition du gouvernement de participer à une réunion à Paris.
Bruno Trevidic, avec L.M.