jeudi 11 mai 2017

A droite, les pro-Fillon tentent de survivre derrière Bruno Retailleau... et avec un trésor de guerre

 Bruno Retailleau et Vincent Chriqui tentent de prendre la relève de François Fillon.
Malgré sa défaite à la présidentielle, François Fillon souhaite continuer à faire fonctionner son micro-parti Force républicaine, dont il confie la responsabilité au sénateur Bruno Retailleau. Faire vivre le fillonisme dans une droite qui se décompose ? La tâche s'annonce ardue...
Le soir du 24 avril, au lendemain de sa défaite au premier tour de l’élection présidentielle, François Fillon réunit ses équipes de campagne pour un pot d’adieu, au premier étage de son QG parisien. Pendant qu’il remercie ses troupes, micro en main, deux hommes l’encadrent - et tentent de sourire malgré les circonstances. A sa droite : Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR au Sénat et de la région Pays de la Loire, le seul ténor de droite à l’avoir soutenu jusqu’au bout dans cette campagne cauchemardesque. A sa gauche : Vincent Chriqui, énarque et maire de Bourgoin-Jallieu (Isère), propulsé en catastrophe au poste de directeur de campagne début mars, alors qu’une bonne partie de l’équipe lâchait le candidat.

"Poursuite de cette aventure collective"

C’est à ce duo de fidèles que François Fillon a l’intention de remettre les clés de la petite boutique qu’il a bâtie depuis sa candidature à la primaire de la droite. Selon Paris Match, l’ancien Premier ministre a décidé de confier la présidence de son micro-parti, Force républicaine, à Bruno Retailleau. Quant à Vincent Chriqui, il est devenu secrétaire général du mouvement à la suite du départ de Patrick Stefanini, l’ancien directeur de campagne de Fillon, qui a quitté le navire début mars.
Deux héritiers désignés pour faire vivre le fillonisme... sans François Fillon. Devant les parlementaires LR qu’il a réunis mardi à la Maison de la Chimie, celui-ci a en effet confirmé qu’il comptait devenir « un militant parmi les militants »... tout en assurant que Force républicaine continuerait son activité. « Je suis persuadé que la poursuite de cette aventure collective peut être utile à notre famille politique, car je crois à la pertinence de la ligne politique que nous avons définie ensemble », a-t-il affirmé, parlant d’une « synthèse entre la liberté économique, l’affirmation de l’autorité de l’Etat, la fierté des valeurs françaises ». Même si « tout ceci a vocation à être précisé ultérieurement », a-t-il ajouté.

Trésor de guerre

Mais entretenir la pâle flamme filloniste s’annonce comme une rude tâche après cette présidentielle désastreuse. Car dans une droite en mille morceaux, ils sont nombreux à être au moins d’accord sur un point : le seul responsable de la débâcle est le candidat, piégé par ses propres turpitudes, et personne d’autre. Un état d’esprit résumé dès le soir du premier tour par l’ex-ministre Eric Woerth : « Ce n'est pas la droite et le centre qui ont perdu, c'est François Fillon. »
Conséquence : dans un parti où deux autres retraités de marque, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, conservent des fidèles et interviennent toujours en coulisses, il n’est pas sûr que beaucoup d’élus se réclament encore du fillonisme... D’autant que dans les dernières semaines de la campagne, à mesure des révélations plus embarrassantes les unes que les autres, le candidat s’est coupé d’un certain nombre d’entre eux. « Fillon s’est enfermé avec un petit groupe », déplore un député qui compte parmi ses soutiens historiques. Parmi cette garde très rapprochée figurait Bruno Retailleau, mais aussi la patronne de sa communication Anne Méaux ou encore l’ancien patron d’Axa Henri de Castries.
Seule consolation : le cercle des fillonistes pas encore disparus peut compter sur un petit trésor de guerre pour fonctionner. A l’issue de la présidentielle, Force républicaine va en effet conserver 3,3 millions d’euros issus des dons des sympathisants. Et ses responsables comptent bien les garder, malgré l’insistance de Daniel Fasquelle, trésorier de LR, qui aimerait bien récupérer au moins une part du gâteau. Pour une fois que le camp Fillon n’a pas de problème d’argent...

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