- Emmanuel Macron a nommé Edouard Philippe à Matignon
- Le président espère recomposer le paysage politique avant les législatives
Après un intenable suspense, le nom d’Edouard Philippe est sorti du chapeau. Emmanuel Macron a nommé le maire Les Républicains du Havre à Matignon en début d’après-midi. Pourquoi le président a-t-il choisi cet élu de droite, proche d’Alain Juppé, comme chef du gouvernement à moins d’un mois des législatives ? 20 Minutes fait le point.
1. Il a le profil annoncé
Le député de Seine-Maritime remplit (presque) toutes les cases du portrait-robot dessiné par Emmanuel Macron pour le job. Le nouveau locataire de Matignon n’a qu’un mandat de député au compteur et a travaillé à plusieurs reprises dans le privé. De tendance centre-droit, l’élu LR incarne aussi la ligne souhaitée par le chef de l’Etat.
« Ça respecte l’équilibre "de gauche et de droite" défendu par Emmanuel Macron. Ce n’est donc pas étonnant qu’il vienne de cette droite juppéiste, centriste, compatible sur le plan idéologique », assure Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et membre du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Edouard Philippe a lui rappelé qu’il était bien « un homme de droite », même si dans sa jeunesse, il a milité au Parti socialiste pour soutenir Michel Rocard. Seul bémol : le candidat En Marche ! avait dans un premier temps émis le « souhait » de nommer une femme à Matignon.
2. Pour faire imploser la droite
Après avoir fait éclater le Parti socialiste, Emmanuel Macron se tourne vers la droite. Pour recomposer la vie politique et dépasser le traditionnel clivage, le chef de l’Etat doit casser Les Républicains. « Le projet d’Emmanuel Macron ne peut aboutir que si LR et PS ne renaissent pas de leurs cendres. Le président doit consolider cette dynamique en faisant converger les centristes des deux bords », avance Bruno Cautrès. « Cela pourrait fonctionner car le pari de l’UMP, de fonder un parti unique de droite et du centre, n’a jamais bien fonctionné. Les centristes n’ont jamais réellement trouvé leur place dans le parti ».
L’appel du pied du nouveau président à la droite n’est d’ailleurs pas passé inaperçu. Une vingtaine d’élus LR et UDI ont appelé leurs familles politiques à « répondre à la main tendue » par Emmanuel Macron. Parmi eux, Fabienne Keller, sénatrice LR du Bas-Rhin (Grand Est) : « C’est un acte majeur qui confirme la volonté du président de gouverner la France au centre droit et au centre gauche. Notre projet et le projet d’Emmanuel Macron sont très proches sur la création d’emplois, la réforme du Code du travail, la vision européenne et l’éducation ».
Doit-on s’attendre à voir des députés LR se ruer dans les 149 circonscriptions gelées par la République en marche ? Fabienne Keller répond à sa façon. « Il y a une coalition de projet qui se dessine. Et je n’ai pas croisé beaucoup de collègues qui aient retenu la position d’opposition frontale défendue par François Baroin ». Et les circonscriptions gelées ? « Je ne suis pas forte en géo », balaye la sénatrice.
« Il est prématuré de parler de recomposition politique avant les législatives », assure Bruno Cautrès. « On peut imaginer des adhésions individuelles au programme d’Emmanuel Macron, mais je n’imagine pas que LR vont en masse proclamer le suicide de leur parti ». Edouard Philippe sera en première ligne pour la bataille des législatives. « Un homme de droite », donc. Un argument utile pour séduire l’électorat de droite et obtenir une majorité à l’Assemblée.
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