Législatives : "Parachuter Gantzer, c'est une faute"
Confidentiel. L'investiture de l'énarque, vieil ami d'Emmanuel Macron, en Ille-et-Vilaine agace Jean-Yves Le Drian, qui ne devrait pas le soutenir.
PAR OLIVIER PÉROU
Publié le | Le Point.fr
De l'Élysée jusque dans les tréfonds de la deuxième circonscription d'Ille-et-Vilaine, l'investiture de Gaspard Gantzer sous la bannière La République en marche passe mal. « Parachutage », « faute politique », « mépris »... Les élus locaux de Rennes, du Parti socialiste et des Républicains ne goûtent guère à l'arrivée du Monsieur Presse de François Hollande et ami de longue date d'Emmanuel Macron. Même l'hégémonique président de la région Bretagne – et désormais ancien ministre de la Défense – Jean-Yves Le Drian ne voit pas d'un bon œil cette investiture.
C'est en tractant devant le café d'une petite bourgade de la circonscription que le candidat Les Républicains Bertrand Plouvier a appris la nouvelle. « Je pense aux militants d'En marche ! dont c'est le premier engagement en politique pour certains. Avec l'arrivée d'Emmanuel Macron, ils ont cru au renouveau des pratiques politiques, et là, on leur sert un parachutage à l'ancienne. De vieilles ficelles. Quel mépris ! » dénonce au Point.fr l'élu rennais de droite. Même son de cloche chez la concurrente du Parti socialiste Gaëlle Andro : « Il y a une dimension de dédain pour nous, candidats, qui nous engageons depuis des années sur le territoire, mais aussi pour ceux qui concouraient à l'investiture et s'étaient engagés depuis longtemps dans la campagne d'En marche !. »
Un deal tout con entre deux potes un peu naïfs
En effet, ce sont près de seize personnes qui avaient candidaté à l'investiture du mouvement d'Emmanuel Macron sur cette circonscription bretonne. Deux favorites se dégageaient. Il s'agissait de la centriste Laurence Maillart-Méhaignerie et de Carole Gandon, issue de la société civile. Le référent d'En marche ! dans le département jure pourtant que le choix de Gaspard Gantzer est le bon. « Il est de la société civile, ce n'est pas un professionnel politique au sens qu'il n'a jamais été élu. Si ça grince autant, c'est que c'est la bonne stratégie. Après tout, nous devons élire des députés de la nation, pas des barons locaux », se défend Florian Bachelier. Pourtant, d'après nos informations, ce responsable du mouvement n'apprécierait pas non plus ce parachutage et aurait tenté toute la journée de le contrecarrer auprès de Richard Ferrand, secrétaire général de La République en marche. En vain.
Soutien d'Emmanuel Macron et patron de la région, Jean-Yves Le Drian n'était pas au courant de l'arrivée de Gaspard Gantzer sur ses terres de l'Ouest. « Il jette toujours un œil sur les candidats investis en Bretagne, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il déteste les parachutages. Encore plus quand il les apprend dans la presse », fait savoir son entourage, qui abonde : « C'est sans doute un deal tout con entre deux potes un peu naïfs, géré sur un coin de table. Mais, parachuter Gantzer ici, c'est avant tout une faute politique. » L'ancien ministre de la Défense n'apprécie guère ce catapultage politique et ne devrait d'ailleurs pas soutenir la campagne de cet énarque et vieil ami d'Emmanuel Macron.
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