mardi 7 mars 2017

Crise politique, affolement et sondages. François Fillon, face au rejet de l’oligarchie.

François Danjou. 7 mars 2017
En France sévissent à jets continus les techniques de désinformation, de matraquage et de brouillage des réalités utilisés par les médias et certains commentateurs. A l’automne 2016, après la primaire, avant même l’offensive morale violemment concentrée sur les rémunérations tant décriées accordées à Pénélope Fillon, toute la presse focalisait presqu’uniquement et ad nauseam  sur les convictions religieuses du vainqueur de la primaire et ses opinions exprimées en privé sur l’avortement. 
Libération avait même titré « Au secours, Jésus revient ». On mesure l'indignité de ce titre de Laurent Joffrin, alias Mouchard, en pleine transe islamiste radicale
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L’intoxication continue. France Infos, L’Express, Libé, BFM TV, Antenne 2, Paris Match, Challenges,  font ouvertement campagne pour Macron. Il y a quelques jours, sur TV 5, après le Trocadéro, le titre de l’émission politique était « Fillon peut-il encore gagner ? », rien sur son programme, sur l’enthousiasme de la foule, sur sa maîtrise et son autorité.  
Après l’excellent meeting de Nîmes, le titre de BFM TV était « Fillon, le candidat abandonné » ( !!!).  Personne ne relève la ferveur, les déplacements de gens venus de la France profonde, leur vitesse de réaction. On ne parle pas non plus du fait qu’en dépit des commentaires systématiquement adverses, les parrainages continuent à tomber pour Fillon qui en totalise 1155, dont 738 enregistrés le 1er mars et 417 le 3 mars, contre 464 à Macron et 334 à Hamon. 
En revanche, avant la mise au point du maire de Bordeaux on rabâchait avec délectation les 1 ou 2 parrainages qui lui étaient envoyés, laissant flotter l’idée d’une manœuvre interne d’expulsion, pourtant impossible sans l’accord de l’intéressé. 
Après le coup de maître du Trocadéro, la détermination de Fillon à continuer son combat provoque l’affolement au point que certains dans la classe politique semblent avoir perdu leur boussole. Le 3 mars Valérie Pécresse annonçait quelle lâchait Fillon, puis, après le Trocadéro, elle« twittait » qu’elle soutiendrait son programme ( ?). Le programme mais pas l’homme ? Était-ce une tentative pour préserver ses arrières au cas où ? Quel courage !!!. Comment les électeurs pourraient-ils faire confiance à de pareilles marionnettes dans des temps aussi troublés. 
Le 6 mars, le comité LR, après  avoir intrigué pour évincer Fillon, mais impressionné par la démonstration du Trocadéro, annonçait « solennellement » qu’il le soutiendrait sans réserves, tandis qu’Alain Juppé renonçait « une fois pour toutes » à porter une solution alternative.  Mais, le visage crispé, ayant mal accepté sa déception des primaires, il envoyait un très perfide coup de pied de l’âne au Sarthois qu’il accusait « de s’obstiner ». 
Pour faire bonne mesure, il laissait flotter sans le dire l’idée que l’insistance des Fillonnistes à dénoncer une manœuvre politique, pourtant très probable et dont peu d’observateurs sérieux doutent, affaiblissait la justice.  Le coup de sabot à François Fillon était également assorti d’une attaque contre « l’immaturité et la faiblesse » du projet de Macron « qui ne ferait pas toujours illusion ».  
Dans cet affolement agité et contradictoire, la sérénité de Fillon est impressionnante. Coureur de fond imperturbable, il a montré une étonnante capacité à se renforcer dans l’adversité. En voulant l’assassiner, ses ennemis et ses amis qui le lâchent épouvantés par la vérité de son discours,  n’ont réussi qu’à le cuirasser encore un peu plus dans ses convictions et à lui rallier de nouveaux soutiens écœurés par le lynchage. 
En haussant l’analyse d’un étage, l’hypothèse suivante vient à l’esprit. 
L’hystérie qui domine autour des questions de moralité liées à l’argent, marquée par le mouvement brownien des soutiens et des défections avec, toujours en arrière plan et en dépit des déclarations de solidarité, une large connivence à droite et à gauche, contre François Fillon pour l’inciter à se démettre,  traduit en réalité un rejet de nature presque biologique par l’oligarchie d’un corps étranger perçu comme très menaçant. 
Depuis 2006, François Fillon ayant constaté l’état catastrophique du pays pose en effet l’hypothèse que les Français ne supportent plus les faux semblants et l’estompage des vérités dont la classe politique est coutumière, le plus souvent à gauche, mais aussi dans la mouvance de droite dont Alain Juppé est l’un des porte-parole après Jacques Chirac, au prétexte de préserver la paix sociale.
La brutalité sans apprêt du discours du Sarthois, sur la situation économique et financière, le poids des administrations, les entraves à l’initiative et les menaces terroristes sur fond de transes identitaires et religieuses mettant en danger l’unité du pays, répond à de fortes angoisses de l’opinion.
En même temps, la gravité et la puissance de rupture de ses dénonciations terrorisent les très nombreux adeptes de la nuance édulcorée au point qu’elles provoquent une réaction réflexe de rejet exprimée à droite comme à gauche. La tentation d’élimination s’exprime d’abord par l’accusation portée contre Fillon d’affaiblir la justice par ceux-là même qui ne cessent de l’ébranler par leurs incessantes ingérences idéologiques ; elle s’affiche aussi par l’accusation « d’obstination », première indication d’une volonté de « mise au ban psychiatrique » rappelant les vieux procédés d’élimination des perturbateurs à l’œuvre dans les dictatures et dénoncées par Soljenitsyne.  
Cet instinct irrépressible d’expulsion d’un corps étranger dont chacun a bien compris qu’il pourrait être capable de réveiller les anesthésies, mais dont la force de rupture contre les narcoses ambiantes n’est pas sans risque pour l’apparente paix sociale, ne cessera que si Fillon était mis « hors d’état de nuire » et empêché de porter atteinte à l’entre soi politique qui complote pour le chasser. Mais s’il accédait à l’Élysée le réflexe d’excommunication continuerait par automatisme réactif et mécanique.
Par dessus l’inquiétant maelstrom qui bouscule violemment les repères, flotte la contradiction des sondages dont on voit bien qu’ils accélèrent le tourbillon des tâtonnements politiques, des défections, des ralliements et des changements de pied. 
Les sondages traditionnels à la crédibilité récemment affaiblie par les surprises du Brexit, l’élection de Trump et du triomphe de Fillon à la primaire, mesurant l’écume instantanée d’une opinion devenue très changeante, indiquent un affaiblissement de la position de Fillon estimée à 17 % dans des sondages. Mais, ne tenant à l’évidence pas compte du choc provoqué par le rassemblement du Trocadéro, l’avalanche des sondages négatifs pour Fillon publiés les 6 et 7 mars participent à la désinformation partie du réflexe de rejet. 
A côté des anciennes méthodes traditionnelles de mesure de l’opinion assorties de techniques correctives à la validité contestable et dont les marges d’erreur varient de 2 à  4%,  de nouvelles méthodes ont surgi qui ne sont pas des sondages par questionnaires. La société FILTERIS dont les créateurs canadiens rappellent qu’ils avaient prévu le Brexit, Trump et Fillon (aux primaires), contre la doxa ambiante, prétend, par l’analyse des millions de données des réseaux sociaux, mieux approcher la vérité des situations très mouvantes. 
Leur mesure effectuée après le 5 mars contraste nettement avec les résultats des enquêtes traditionnelles récemment publiées et placent François Fillon en 2ième position du jeu de l’oie électoral avec 22,08%, derrière Marine Le Pen, 22,55% et devant Emmanuel Macron 20,74%. 
Plus encore, le bilan de ces mesures montre qu’en dépit des matraquages médiatiques, Fillon est resté constamment à ce niveau depuis le 17 février avec un  score variant entre 21,3% au 17 février et 22,8% au 6 mars. Le 24 février, il était même en tête avec 22,53%. Après une baisse sensible à 20,72% et 20,24 % les 2 et 3 mars, le succès fracassant du rassemblement du Trocadéro l’a remis en selle.

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Compte tenu du harcèlement judiciaire dont il est l’objet, la route de François Fillon vers le pouvoir reste pavée de chausse-trappes dont les échéances et la nature ne sont cependant pas toutes connues puisqu’elles sont suspendues aux inconnues judiciaires dont il n’est pas exagéré de dire qu’elles ont pris en otage le scrutin, pierre angulaire de la 5ième République. 
Commentée presque entièrement à charge autour de considérations non juridiques mais morales par une importante partie des médias, - et il n’y a pas de raison que les choses changent -, la candidature de François Fillon pourrait être détruite en pleine course par une décision de justice radicale de mise en examen entraînant une brutale chute de popularité dans les sondages, moteurs des réflexes grégaires difficiles à contenir.
Une telle évolution de la situation conduit à considérer la notion « d’empêchement » évoquée par le Sarkozyste Pierre Lellouche  qui suggérait la mise en œuvre de l’article 7 de la constitution prévoyant un report de l’élection en cas de décès ou « d’empêchement » d’un candidat. 
Mais en l’absence d’autorité directe pouvant imposer au candidat Fillon d’abandonner la course dès lors qu’il se dit lui-même innocent et que la justice ne l’a pas condamné, les seules éventualités de retrait pourraient venir soit de lui – hypothèse pour l’heure improbable après le succès du Trocadéro le 5 mars – soit, en vertu de l’article 61, d’une saisine du Conseil Constitutionnel par un « jury » formé du Président de la République, du premier ministre, du président du Sénat ou de 60 députés et de 60 sénateurs. (Cf analyse parue dans Le Point, le 2 mars dernier  http://www.lepoint.fr/presidentielle/constitution-francois-fillon-peut-il-etre-empeche-02-03-2017-2108660_3121.php
 
Enfin, si en dépit des attaques dont il est l’objet, François Fillon parvenait à surmonter les pressions matérielles et psychologiques pesant sur lui et sa famille et à se maintenir dans la course, sa candidature serait probablement renforcée, d’abord par l’effet positif du 5 mars au Trocadéro ayant mis fin aux hésitations de quelques ténors de son parti et, surtout, par le sérieux de son programme et ses qualités de sérénité et de maîtrise qu’il a déjà exprimées lors des débats des primaires

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