L'ancien
patron de Numericable est le chef de file des personnalités de la
société civile qui entourent François Fillon. Il a, à ce titre,
collaboré étroitement à la rédaction du programme du candidat de la
droite et du centre.
LE FIGARO. - Comment François Fillon a-t-il bâti son projet?
Pierre DANON. - Il s'est entouré de la société civile. François Fillon aime se déplacer, rencontrer les gens discuter. C'est précisément pour cette raison que je me suis rapproché de lui. Quand je dirigeais Numericable, il était un des rares qui écoutait vraiment ce que je lui disais! Mais surtout, c'est une écoute stratégique, qui lui permet d'en déduire des choses. Fin 2013, il a commencé par rencontrer entrepreneurs, une quinzaine à chaque fois. Pas seulement des patrons du CAC 40, ou des communicants, dans des grands restaurants. Non, il allait à la rencontre d'entrepreneurs, parfois des patrons de 5 personnes, parler de leur quotidien. C'est comme ça que les mesures compétitivité sont nées. Finalement, c'est la société civile qui a écrit le programme, pas les experts de l'administration -même si une trentaine d'entre eux nous a bien aidés. Jusqu'à fin 2016, on a travaillé comme ça, avec 500 personnes de la société civile. Sur l'apprentissage, par exemple, ils ont travaillé 9 mois: 3 directeurs de CFA, une personne de chambre de métiers, 4 entrepreneurs, 3 personnes de l'Éducation nationale, dont un prof de philo, ont fait les propositions. Ensuite, en comité de pilotage, Fillon faisait ses choix.
Vous nous dites en fait que le programme vient du terrain...
C'est ça. Du terrain et des ateliers thématiques mis en place par François Bouvard [ancien consultant chez McKinsey, ndlr]. En février 2016, le projet était abouti, un programme de vrai changement. Il a alors fallu en faire la pédagogie. La manière la plus efficace? Des réunions autour d'un thème, à une centaine de personnes. Les agriculteurs veulent qu'on leur parle d'agriculture. Puis les citoyens ont commencé à créer des comités thématiques; on en compte aujourd'hui 2500. À chaque fois, c'est François Fillon qui tranche sur les propositions qui lui remontent. C'est pour cela, on l'a vu pendant les débats de la primaire, qu'il connaît si bien chacun des sujets: il a arbitré une à une chacune des 400 mesures.
Qu'est-ce qui n'existerait pas dans le projet si la méthode n'avait pas été celle-ci?
Rien n'existerait! Je vous donne des exemples. François Fillon avait entendu très souvent que le droit du travail était une contrainte, avec ses 4000 pages. C'est un entrepreneur qui lui a suggéré qu'il fallait ne garder que les normes sociales fondamentales et renvoyer tout le reste à la négociation d'entreprise. Il a noté et c'est maintenant son fil rouge sur le droit du travail. Sur l'apprentissage, un garagiste du Nord, avec 300 employés, lui a expliqué chercher des apprentis vendeurs, mais qu'il lui était impossible de se réduire à un mi-temps. Aujourd'hui, le candidat propose d'augmenter le temps de travail en entreprise, avec l'utilisation tablette pour développer l'e-learning. Un jour, un policier et un maire lui ont parlé de mettre des contraventions plutôt que de lancer des procédures judiciaires pour des petits délits, qui de toute façon n'aboutissent à rien...
La société civile, c'est aussi l'addition de personnalités...
C'est vrai, et nous avons chacun mis une pierre à l'édifice. Pour ma part, j'ai mis du management dans les process, je suis allé recruter des entrepreneurs. Certains d'entre eux, comme Arnaud Vaissié, Philippe Hayat, Stanislas de Bentzmann, ont continué avec nous à construire le projet, en apportant chacun des idées. La créatrice Muriel Réus a monté les comités femmes; il y en a 300 à travers la France. Ils se sont beaucoup interrogés sur la question des femmes seules, celui des violences. Dominique Stoppa-Lyonnet, généticienne, grande figure de la médecine, nous a beaucoup aidés au programme santé. Nous sommes aussi entourés de nombreux juges, professeurs... Et nous élargissons maintenant les sujets, par exemple au sport avec le cavalier Pierre Durand.
Pierre DANON. - Il s'est entouré de la société civile. François Fillon aime se déplacer, rencontrer les gens discuter. C'est précisément pour cette raison que je me suis rapproché de lui. Quand je dirigeais Numericable, il était un des rares qui écoutait vraiment ce que je lui disais! Mais surtout, c'est une écoute stratégique, qui lui permet d'en déduire des choses. Fin 2013, il a commencé par rencontrer entrepreneurs, une quinzaine à chaque fois. Pas seulement des patrons du CAC 40, ou des communicants, dans des grands restaurants. Non, il allait à la rencontre d'entrepreneurs, parfois des patrons de 5 personnes, parler de leur quotidien. C'est comme ça que les mesures compétitivité sont nées. Finalement, c'est la société civile qui a écrit le programme, pas les experts de l'administration -même si une trentaine d'entre eux nous a bien aidés. Jusqu'à fin 2016, on a travaillé comme ça, avec 500 personnes de la société civile. Sur l'apprentissage, par exemple, ils ont travaillé 9 mois: 3 directeurs de CFA, une personne de chambre de métiers, 4 entrepreneurs, 3 personnes de l'Éducation nationale, dont un prof de philo, ont fait les propositions. Ensuite, en comité de pilotage, Fillon faisait ses choix.
Vous nous dites en fait que le programme vient du terrain...
C'est ça. Du terrain et des ateliers thématiques mis en place par François Bouvard [ancien consultant chez McKinsey, ndlr]. En février 2016, le projet était abouti, un programme de vrai changement. Il a alors fallu en faire la pédagogie. La manière la plus efficace? Des réunions autour d'un thème, à une centaine de personnes. Les agriculteurs veulent qu'on leur parle d'agriculture. Puis les citoyens ont commencé à créer des comités thématiques; on en compte aujourd'hui 2500. À chaque fois, c'est François Fillon qui tranche sur les propositions qui lui remontent. C'est pour cela, on l'a vu pendant les débats de la primaire, qu'il connaît si bien chacun des sujets: il a arbitré une à une chacune des 400 mesures.
Qu'est-ce qui n'existerait pas dans le projet si la méthode n'avait pas été celle-ci?
Rien n'existerait! Je vous donne des exemples. François Fillon avait entendu très souvent que le droit du travail était une contrainte, avec ses 4000 pages. C'est un entrepreneur qui lui a suggéré qu'il fallait ne garder que les normes sociales fondamentales et renvoyer tout le reste à la négociation d'entreprise. Il a noté et c'est maintenant son fil rouge sur le droit du travail. Sur l'apprentissage, un garagiste du Nord, avec 300 employés, lui a expliqué chercher des apprentis vendeurs, mais qu'il lui était impossible de se réduire à un mi-temps. Aujourd'hui, le candidat propose d'augmenter le temps de travail en entreprise, avec l'utilisation tablette pour développer l'e-learning. Un jour, un policier et un maire lui ont parlé de mettre des contraventions plutôt que de lancer des procédures judiciaires pour des petits délits, qui de toute façon n'aboutissent à rien...
La société civile, c'est aussi l'addition de personnalités...
C'est vrai, et nous avons chacun mis une pierre à l'édifice. Pour ma part, j'ai mis du management dans les process, je suis allé recruter des entrepreneurs. Certains d'entre eux, comme Arnaud Vaissié, Philippe Hayat, Stanislas de Bentzmann, ont continué avec nous à construire le projet, en apportant chacun des idées. La créatrice Muriel Réus a monté les comités femmes; il y en a 300 à travers la France. Ils se sont beaucoup interrogés sur la question des femmes seules, celui des violences. Dominique Stoppa-Lyonnet, généticienne, grande figure de la médecine, nous a beaucoup aidés au programme santé. Nous sommes aussi entourés de nombreux juges, professeurs... Et nous élargissons maintenant les sujets, par exemple au sport avec le cavalier Pierre Durand.
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