Raoult - L'exposition de nos actes montre nos incohérences
Tout candidat à une élection sait que son passé sera passé au crible. Face à ces révélations, il faut hiérarchiser les qualités demandées à nos représentants.
J'ai été candidat (puis élu) à la présidence de mon université en
1994. J'ai été sidéré par les bruits qui circulèrent à l'époque,
certains syndicats déclarant que, jeune, je faisais partie du groupe
étudiant d'extrême droite, le GUD (de fait, à cet âge, j'étais plutôt
anarchiste), d'autres que j'étais alcoolique, d'autres que je battais ma
femme et d'autres, enfin, que je cassais les portes plutôt que les
ouvrir. C'est l'expérience de ceux qui s'exposent à une élection où tout
peut être utilisé par les gens hostiles à leur programme ou leur
candidature.
Concernant la présidence de la République, qui se préoccupe encore des mœurs et des financements de François Mitterrand, salarié pour un emploi fictif par Roger-Patrice Pelat pendant des années ? Qui se préoccupe de l'achat de la villa de Raymond Barre à la fin de son mandat de Premier ministre, supposée payée grâce aux fonds secrets ? Qui considère encore comme une affaire d'État la feuille d'impôt de Jacques Chaban-Delmas ? Les diamants de Valéry Giscard d'Estaing ? La condamnation par le fisc de Jean-Marie Le Pen ? Ou les paiements en liquide et les frais de bouche de Jacques Chirac ? Ou les frasques sexuelles de Bill Clinton ou de Dominique Strauss-Kahn ?
Notre « misérable petit tas de secrets »
Quand ce dernier chapitre va être ouvert en France,
là encore quelques déflagrations montrant pour certains la discordance
entre les mœurs affichées et la vie réelle sont à prévoir. La puissance
des journaux dits « people » amène d'ailleurs les candidats à jouer avec
leur vie privée et à exposer leur famille, ce qui conduit à des
contradictions insupportables ! Il n'y a guère, avec le temps, que
l'État du pays qui nous intéresse. L'indulgence a posteriori permet de
refaire une hiérarchie des qualités. L'époque actuelle est encore plus
dangereuse, car la traçabilité de nos actes et de nos paroles ne peut
que montrer nos incohérences, nos contradictions et notre « misérable
petit tas de secrets », comme Malraux définissait l'homme.
L'exposition des secrets financiers, sexuels et comportementaux des candidats nous entraîne dans une folie. Tout le monde, comme le décrit Laurent Mucchielli dans L'Invention de la violence, a commis quelque crime ou délit, a peut-être volé quelque chose, ou a caché des revenus au fisc, ou a travaillé au noir, ou a fait travailler au noir, ou a participé à une bagarre. Les candidats doivent s'attendre à être fouillés « au corps ». Que la justice fasse son métier et que les condamnés aient un délai imposé avant de se représenter est raisonnable. Mais, là encore, la sagesse a créé la prescription, car les humains changent en vieillissant.
Cette violence de dénigrement a probablement aidé Donald Trump à être élu. La lassitude des attaques hargneuses contre l'homme a fait oublier l'incongruité de son programme, que l'on découvre un peu trop tard. Ce n'était pas l'homme qu'il fallait haïr, c'était son programme, qu'il fallait démonter. Hiérarchiser les qualités que l'on demande à nos représentants est le seul choix raisonnable pour une démocratie. Il devient nécessaire que les candidats cessent de passer pour des hommes « normaux » ou « idéaux » qui n'existent que dans les mauvais romans.
Concernant la présidence de la République, qui se préoccupe encore des mœurs et des financements de François Mitterrand, salarié pour un emploi fictif par Roger-Patrice Pelat pendant des années ? Qui se préoccupe de l'achat de la villa de Raymond Barre à la fin de son mandat de Premier ministre, supposée payée grâce aux fonds secrets ? Qui considère encore comme une affaire d'État la feuille d'impôt de Jacques Chaban-Delmas ? Les diamants de Valéry Giscard d'Estaing ? La condamnation par le fisc de Jean-Marie Le Pen ? Ou les paiements en liquide et les frais de bouche de Jacques Chirac ? Ou les frasques sexuelles de Bill Clinton ou de Dominique Strauss-Kahn ?
Notre « misérable petit tas de secrets »
Quand ce dernier chapitre va être ouvert en France,
là encore quelques déflagrations montrant pour certains la discordance
entre les mœurs affichées et la vie réelle sont à prévoir. La puissance
des journaux dits « people » amène d'ailleurs les candidats à jouer avec
leur vie privée et à exposer leur famille, ce qui conduit à des
contradictions insupportables ! Il n'y a guère, avec le temps, que
l'État du pays qui nous intéresse. L'indulgence a posteriori permet de
refaire une hiérarchie des qualités. L'époque actuelle est encore plus
dangereuse, car la traçabilité de nos actes et de nos paroles ne peut
que montrer nos incohérences, nos contradictions et notre « misérable
petit tas de secrets », comme Malraux définissait l'homme.L'exposition des secrets financiers, sexuels et comportementaux des candidats nous entraîne dans une folie. Tout le monde, comme le décrit Laurent Mucchielli dans L'Invention de la violence, a commis quelque crime ou délit, a peut-être volé quelque chose, ou a caché des revenus au fisc, ou a travaillé au noir, ou a fait travailler au noir, ou a participé à une bagarre. Les candidats doivent s'attendre à être fouillés « au corps ». Que la justice fasse son métier et que les condamnés aient un délai imposé avant de se représenter est raisonnable. Mais, là encore, la sagesse a créé la prescription, car les humains changent en vieillissant.
Cette violence de dénigrement a probablement aidé Donald Trump à être élu. La lassitude des attaques hargneuses contre l'homme a fait oublier l'incongruité de son programme, que l'on découvre un peu trop tard. Ce n'était pas l'homme qu'il fallait haïr, c'était son programme, qu'il fallait démonter. Hiérarchiser les qualités que l'on demande à nos représentants est le seul choix raisonnable pour une démocratie. Il devient nécessaire que les candidats cessent de passer pour des hommes « normaux » ou « idéaux » qui n'existent que dans les mauvais romans.
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