S’affirmer
à la tête de la France chargée d’histoire et de contradictions en
pleine crise identitaire sociale et économique au milieu des craquements
du monde et de l’Europe est assurément
un défi compliqué.
Procédant
d’une alchimie complexe, conciliant les vieilles racines du pays, sa
longue histoire tourmentée, souvent exemplaire et les évolutions du
monde où la France
doit retrouver sa place et son rôle, la noblesse et le prestige d’un
Président de la République ne peuvent pas s’accommoder de déclarations
électoralistes insultantes dont le premier effet est d’aggraver les
fractures qui déchirent le pays.
En
allant en Algérie, cette terre encore meurtrie par les tourments de
notre histoire commune, insulter comme il l’a fait la mémoire
d’innombrables Français, Emmanuel
Macron n’a pas montré le talent de rassembleur apaisé qu’on attend d’un
Chef de l’Etat.
Il a,
au contraire heurté la plupart de ses compatriotes, attisé la haine et le mépris anti-français des banlieues,
instillé
le doute chez des Musulmans désireux de s’intégrer, stigmatisé une fois
encore les Harkis, soulevé le cœur des pieds noirs et
brouillé la perception historique des jeunes de plus en plus incultes,
conséquence de l’égalitarisme forcené et du nivellement par le bas
détruisant lentement mais sûrement nos écoles.
N’oubliez pas Monsieur Macron, la France
est riche et complexe, son histoire n'a que faire de vos insultes.
«
Elle vient du fond des âges ; elle vit, les siècles l’appellent ». (Ch de Gaulle, Mémoire d’espoir).
Passez votre chemin Monsieur Macron et laissez la France tranquille, vous n'y comprenez rien.
Passez votre chemin Monsieur Macron et laissez la France tranquille, vous n'y comprenez rien.
François Danjou.
***
Une mémoire meurtrie.
Dr Philippe PAUX, Médecin des troupes de marine
Monsieur
Macron, je suis un criminel...
Monsieur
Macron, médecin colonial, médecin des Troupes de Marine, je suis un criminel
contre l’humanité, je suis un criminel contre l’humain.
Par
vocation petit garçon je rêvais d’aller soigner au fin fond de l’Afrique, de
l’Océanie, de l’Asie. Adolescent puis jeune étudiant, de toutes mes forces,
j’ai travaillé, bossé, trimé pour pouvoir soigner à travers le continent et
porter la science pas seulement au pays des Bantous, mais partout dans le monde
où la France était présente. Ma vocation, que j’ai assouvie depuis, était de
rejoindre les ex-Colonies, sur les pas de mes glorieux Anciens à l'âge, comme
le disait le médecin colonial Paul-Louis Simond, où l'esprit est exempt de
préjugés, où les idées préconçues ne viennent pas contrarier la poursuite du
vrai, à l'âge des élans généreux, à l'âge des enthousiasmes pour tout ce qui
est vérité, lumière et progrès.
Mes
héros n’étaient pas footballeur, chanteur, acteur, mais médecins coloniaux
exerçant dans les conditions les plus extrêmes, dans ces pays tropicaux, sans
la moindre politique ou infrastructure de santé, où sévissaient des guerres
interethniques, le tribalisme, le féodalisme, l’esclavagisme, la famine,
l’irrationalité, la pensée magique, les mutilations rituelles sexuelles ou
corporelles et l’anthropophagie.
Je n’ai eu de cesse tout au long de
ma carrière de médecin de la Coloniale, des Troupes de Marine, au sortir de
l’illustre Institut de Médecine tropicale du Pharo à Marseille de représenter
mes illustres Anciens, de sauver parfois, de soulager souvent, de servir
l’humain toujours. Secourir était mon combat, sauver, ma victoire quelques soit
l’Homme, de Mopti, de Bobo-Dioulasso, de Grand Bassam, de Bouaké, de Korhogo,
de Brazzaville, de Bangui, de Ndjamena, de Moundou, de Bardai, de Hienghène, de
Lifou, de Maripasoula, de Camopi, de Paramaribo, de Mata-Utu, de Tchibanga, de
Brazzaville, et bien d’autres villages africains, sud-américains et océaniens.
Partout et toujours pour l’Humanité,
j’ai soigné, soulagé et prévenu, à pied, à cheval, par le ciel, par les eaux
des mers, rivières et rapides, dans les déserts, dans les montagnes, dans les
forêts, dans les ruines d’un tremblements de terre, dans les tempêtes, dans le
feu, sous le feu, mais jamais autant que mes Anciens qui ont pour beaucoup
donné leur vie et parfois la vie de leurs proches.
Monsieur Macron, ayez un peu de respect, d’égard pour tous ces Hommes, pour vous criminels contre l’Humanité, mais en fait les premiers « French Doctors », la modestie et l’humilité en plus. Et comme le disait, il y a quelques années, le premier doyen de la Faculté de médecine de Dakar « Y a-t-il au monde plus petite équipe d'hommes ayant rendu plus de services à l'humanité souffrante? Y a-t-il au monde œuvre plus désintéressée, plus obscure, ayant obtenu de si éclatants résultats et qui soit pourtant ignorée, aussi peu glorifiée, aussi peu récompensée ? Qui peut prétendre avoir fait mieux, où, quand et comment? »
Un peu d’histoire, Monsieur Macron. Tous ces Médecins coloniaux, mes héros, sont associés à ces maladies dont certaines ne vous sont pas connues et d’autres vous évoqueront probablement des souvenirs plus de voyages que d’Histoire, l’Histoire que vous bradez par clientélisme. Ces maladies sont parfaitement bien rapportées par Louis-Armand Héraut, historien de la médecine.
La peste, cette maladie tueuse qui élimina au XVe siècle un tiers de l’humanité et sema encore la terreur à Marseille en 1720. C'est le médecin colonial Alexandre Yersin qui, découvrit à Hong Kong le bacille qui porte désormais son nom. Quatre ans plus tard, à Karachi, le médecin colonial Paul-Louis Simond démontre le rôle vecteur de la puce du rat. Soulignons La mort héroïque en soignant des milliers de pestiférés du médecin major Gérard Mesny en 1911, lors de l'épidémie de Mandchourie. On ne peut oublier la mort tout aussi courageuse du médecin colonial Gaston Bourret en 1917 dans son laboratoire de Nouméa. Enfin ce sont les médecins militaires coloniaux Girard et Robic qui réussirent à mettre au point en 1932 à Tananarive un vaccin anti-pesteux efficace.
La variole fit l'objet d'une lutte constante dès les premiers temps de la colonisation aussi bien en Afrique qu'en Asie. L'action sans défaillance du Service de santé des troupes coloniales a contribué de façon décisive à l'éradication de cette maladie effroyable qui, faisait en France 10 000 victimes par an à la fin du 18e siècle. La vaccination, qui se faisait au début de bras à bras fut grandement améliorée quand on put inoculer le virus à partir de jeunes buffles, créer des centres vaccinogènes et transporter, grâce à Calmette, lui aussi médecin colonial, la lymphe vaccinale en tubes scellés.
La fièvre jaune, affection virale redoutée, endémique en Afrique et Amérique, fit des incursions dans les ports européens au XIXe siècle (20 000 morts à Barcelone). Elle fit de très nombreuses victimes dans le corps de santé colonial, comme en témoignent les monuments de Dakar et de Saint-Louis du Sénégal. Il faut attendre 1927 pour que le médecin colonial Laigret puisse obtenir un vaccin grâce au virus recueilli à Dakar sur un malade. Par la suite la vaccination par le vaccin de Dakar et le vaccin américain Rockefeller permit d'obtenir rapidement un contrôle quasi-complet de cette affection souvent mortelle.
Le paludisme, dont le parasite responsable, l’'hématozoaire, fut découvert par le médecin militaire Alphonse Laveran à Constantine en 1880. Le paludisme reste la principale cause de mortalité infantile sous les tropiques. Il faisait et fait partie du quotidien du médecin tropicaliste. Les premiers médecins qui s'acharnèrent à le combattre à travers son vecteur, le moustique, furent surnommés par les autochtones les "capitaines moustiques ». Le médecin colonial Victor Le Moal s'illustra particulièrement dans cette lutte anti- moustique à Conakry.
La
maladie du sommeil ou trypanosomose, parasitose particulièrement redoutable,
atteint le système nerveux central en provoquant une apathie, des troubles du
comportement et un état de délabrement organique cachectique extrême qui
aboutit à la mort. Nombreux sont les médecins qui furent contaminés en la
combattant, et parfois en sont morts. Cette affection dépeuplait en Afrique
noire des régions entières. Elle fit très tôt l'objet d'études qui vont
permettre au médecin colonial Jamot, grand nom de la médecine tropicale de
développer son action
La
lèpre, une autre vieille connaissance, quasi disparue d'Europe, atteint la
personne dans son apparence physique ainsi que dans sa dimension sociale.
Marchoux va organiser la lutte contre cette maladie mutilante, lutte qui sera
poursuivie et développée par le médecin général Richet en collaboration avec
Daniel Follereau. De nombreux médecins coloniaux se consacreront à cette lutte
difficile, dont Léon Stevenel qui isola le principe actif de l'huile de
Chaulmoogra, seul médicament d'une certaine efficacité avant qu'apparaissent les
sulfones.
La méningite cérébro-spinale à méningocoque, endémo-épidémique en Afrique tuant encore et toujours des milliers d’enfants, dont certains dans mes bras, au Burkina-Faso à Bobo-Dioulasso, au Mali à Djenne, dans une zone que l’on nomme encore la ceinture de Lapeyssonie du nom d’un illustre médecin colonial qui a tant dispensé aux pays sahéliens et qui a transmis son savoir à des légions de médecins tropicalistes et à moi-même dans les années 80.
Médecin
colonial, je suis, médecin colonial, je reste, car chemin faisant je termine ma
carrière dans un quartier multiculturel et je soigne hommes et femmes de 49
nationalités différentes dont de nombreux « colonisés ». Nous devons croire que
le « criminel » que je suis, ne fait plus peur à toutes ces victimes de la
colonisation tant ma patientèle est grande. Les « souffrances endurées », par
la faute du « bourreau-tortionnaire » que je suis, ont été vite oubliées et
pardonnées tant l’attachement de mes patients est profond.
Mr
MACRON, votre insulte envers tous ces Hommes dont la devise «Sur mer et au-delà
des mers, pour la Patrie et l'Humanité, toujours au service des Hommes » a
toujours été respectée jusqu’à la mort pour certain, ne fait pas honneur à un
homme qui pense pouvoir être un jour président. Je vous suis reconnaissant d'au
moins une chose : si j'ai pu avoir quelque hésitation à vous écouter au gré de
vos shows politiques, tant votre charme de beau-fils idéal, de prince charmant
des banques d’affaires, de bonimenteur, discoureur et beau phraseur m’avait
interpellé, vous m'avez définitivement libéré de cette faiblesse.
Je
vous laisse à vos fans, cadres urbains diplômés en communication ou en
sociologie, geek asociaux et bobos aux vélos électriques, vous qui n’avez
jamais été confronté par vos mandats inexistants ou par vos activités
professionnelles à la misère et la pauvreté, à la souffrance, à la violence et
la guerre, au communautarisme, à l’islamisme radical. Restez dans votre bulle
et qu’elle n’éclate pas.
Monsieur
Macron, bradeur d’histoire, j’ai la mémoire qui saigne.
Le Doc
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