Combien gagne le président de la République ?
Depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande, en mai 2012, le montant du salaire est fixé par décret et indexé sur la rémunération des fonctionnaires.
Logement de fonction, voitures avec chauffeurs, flotte aérienne.... Si chacun sait que la République garantit aux hôtes provisoires du Palais de l'Élysée des avantages liés à sa fonction, une certaine opacité a longtemps entouré le montant de son salaire. Une situation largement dûe au flou juridique qui régnait jusqu'à très récemment autour de cette question. Et pour cause! Comme l'explique au Figaro René Dosière, député PS de l'Aisne et spécialiste des finances présidentielles, avant 2008 aucun texte précis ne fixait le montant exact de cette rémunération. Une tradition initiée au début de la Ve république voulait ainsi que le Président décide lui-même du montant de sa charge.
Nicolas Sarkozy, dès son arrivée au pouvoir, met fin à
cette opacité en décidant de faire basculer la fixation du salaire
présidentiel dans le domaine de la loi. Un véritable «effet de
transparence» pour René Dosière, bien que le texte de loi soit, à
l'époque, très mal accueilli par l'opposition. Il faut dire que cette
légalisation s'est accompagnée d'une très forte augmentation du salaire
présidentiel. Fixé à 7984 euros net par Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy
l'a aligné sur celui du premier ministre, soit l'équivalent de 21.300
euros net mensuels. Autre différence, si la rémunération de Jacques
Chirac était entièrement imposable, seule l'indemnité de fonction, soit
4260 euros sur les 21300 euros, l'est désormais devenue.
Avec
l'élection de François Hollande, ces règles de rémunération ont une
nouvelle fois été bouleversées. Mettant en application l'une de
promesses de campagne, l'ex-candidat socialiste obtient par décret une
diminution de 30% de la rémunération du président de la République, qui
passe de 21.300 euros à 14.910 euros. Depuis, cette rémunération,
indexée sur le traitement des fonctionnaires, aurait gagné quelques
euros pour atteindre finalement, selon René Dosière, 14.999 euros.
Depuis janvier 2017, la totalité de cette somme est désormais imposable.
Une
enquête de la chaîne CNN a révélé que la rémunération de François
Hollande le plaçait, en mars 2015, à la septième position du classement
des chefs d'État les mieux payés des 12 pays les plus riches de l'OCDE.
Il était devancé par Barack Obama (31.000 dollars par mois), mais
également par Angela Merkel (18.000 euros par mois) ou par David Cameron
(l'équivalent de 16.800 euros mensuels).
Plusieurs hauts
fonctionnaires gagnent par ailleurs plus que les chefs de l'exécutif: le
directeur de la Banque publique d'investissement, Nicolas Dufourcq,
touche par exemple 37.500 euros mensuels.
Les anciens présidents coûtent dix millions d'euros par an à l'État
Une
fois le quinquennat achevé, les anciens présidents de la République
bénéficient d'indemnités de fin de mandat. La loi du 3 avril 1955
prévoit ainsi qu'ils perçoivent une dotation d'un montant égal à celui
du traitement d'un conseiller d'État, soit 5.164 euros net mensuels. À
cette première indemnité s'ajoute une rémunération de 14.400 euros bruts
mensuels s'ils décident de siéger au Conseil Constitutionnel, dont les
anciens présidents de la Ve républiques sont membres de droit.
Dans
son enquête parue en février 2012, René Dosière nous apprend également
que les anciens présidents de la Ve République bénéficient d'un
appartement de fonction meublé et équipé, et de deux personnes affectées
à leur service. Ils ont également accès à une voiture de fonction avec
deux chauffeurs et disposent de plusieurs collaborateurs permanents qui
leur permettent de gérer les affaires courantes. Par ailleurs, deux
policiers assurent en permanence leur protection rapprochée.
Le député socialiste évalue le coût annuel total des frais cumulés de
Valéry Giscard d'Estaing, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac à environ 10
millions d'euros. Un chiffre qui, précise-t-il, n'inclue ni leur
indemnité mensuelle d'ancien Président, ni la rémunération touchée à
l'heure actuelle par Valéry Giscard d'Estaing au Conseil
constitutionnel.
Face à l'agacement suscité par ce coût,
exorbitant, François Hollande a commandé en 2014 un rapport à la Cour
des comptes et au Conseil d'État afin d'esquisser des pistes pour
réduire ces privilèges d'État. Les
conclusions ont abouti, en octobre dernier, à la publication d'un
décret prévoyant une dégressivité des moyens accordés aux anciens
présidents de la République. Selon le texte, le nombre des
«collaborateurs permanents» passera désormais progressivement de sept à
trois, celui des agents de service de deux à un. René Dosière table sur 3
millions d'économies pour le budget de l'État.
Des économies
d'autant plus justifiées que s'ajoute dès aujourd'hui la prise en charge
d'une autre pension, celle de François Hollande. Selon des chiffres
fournis par le cabinet de l'Élysée à René Dosière, le président sortant
devrait toucher une pension mensuelle équivalente à 15.000 euros net. Un
total obtenu grâce au cumul de quatre indemnités différentes: celle
d'ancien président de la République, d'ex-député de Corrèze, d'ancien
conseiller de la Cour des comptes et finalement d'ancien président du
conseil général de Corrèze.
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