Les affaires du quinquennat Hollande
VIDÉO. Si le président "normal" n'a rien à se reprocher, son mandat a été émaillé par six affaires concernant ministres ou conseillers.
PAR LE POINT.FR
Publié le | Le Point.fr
Jérôme Cahuzac
Le 19 mars 2013, le ministre du Budget Jerôme Cahuzac est contraint à la démission trois heures après l'annonce par le parquet de Paris de l'ouverture d'une information judiciaire pour blanchiment présumé de fraude fiscale. Cahuzac niait depuis plusieurs mois être détenteur d'un compte en Suisse comme l'en accusait le site d'information Mediapart. Le 2 avril, il reconnaît détenir un compte non déclaré à l'étranger. Il est condamné le 8 décembre 2016 à trois ans de prison ferme sans aménagement de peine et cinq ans d'inéligibilité. Il interjette appel et reste donc libre en attendant ce procès prévu en 2017. À la suite de cette affaire, les ministres sont tenus de publier leur patrimoine et deux lois sur la transparence de la vie publique sont adoptées.
Yamina Benguigui
Le 31 mars 2014, la ministre déléguée à la Francophonie Yamina Benguigui, soupçonnée d'avoir menti sur sa déclaration de patrimoine, n'est pas reprise dans le gouvernement de Manuel Valls formé à la suite des municipales. En septembre 2015, elle est relaxée pour ses défauts de déclarations de patrimoine, mais reconnue coupable pour une déclaration d'intérêts incomplète, sans toutefois écoper d'une peine, et fait appel. Elle est condamnée le 27 septembre 2016 par la cour d'appel de Paris à un an d'inéligibilité, deux mois de prison avec sursis et 5 000 euros d'amende. Son pourvoi en cassation lui permet de continuer à siéger au Conseil de Paris (non-inscrite).
Aquilino Morelle
En 2014, Mediapart accuse Aquilino Morelle, conseiller politique de François Hollande, de conflits d'intérêts pour avoir été rémunéré par un laboratoire danois alors qu'il était en poste à l'Igas (Inspection générale des affaires sociales). Dans une enquête au vitriol, le site révèle également que Morelle fait venir un cireur pour lustrer ses nombreuses et luxueuses chaussures dans un salon de l'hôtel Marigny, tout proche de l'Élysée. L'anecdote, symbolique, fait des ravages dans l'opinion. Aquilino Morelle, inspirateur du discours du Bourget de janvier 2012 dans lequel François Hollande, alors candidat PS à la présidentielle, désignait la « finance » comme son « ennemi », est contraint à la démission. Les accusations de prises illégales d'intérêt sont toutefois classées sans suite un an plus tard.
Thomas Thévenoud
Le 4 septembre 2014, neuf jours seulement après sa nomination, le secrétaire d'État au Commerce extérieur, Thomas Thévenoud, démissionne du gouvernement Valls, après avoir reconnu des « retards de déclaration et de paiement » au fisc. Valls met officiellement fin à ses fonctions « à sa demande et pour des raisons personnelles ». Le 19 avril 2017, estimant que le « comportement fiscal » qui devait être le sien n'était « pas au rendez-vous », le parquet du tribunal correctionnel de Paris a requis un an de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité, pour le motif de fraude fiscale. Le jugement sera rendu le 29 mai.
Kader Arif
Le 21 novembre 2014, le secrétaire d'État aux Anciens Combattants Kader Arif, cité dans une enquête pour favoritisme, présente sa démission au président Hollande. L'enquête a pour but de vérifier si deux sociétés d'organisation de spectacles successives, dirigées par des membres de son entourage, ont pu bénéficier de favoritisme pour remporter deux marchés de plusieurs millions d'euros avec la région Midi-Pyrénées où Arif a son implantation locale. Sa démission intervient quelques heures après l'annonce d'une perquisition à ce sujet menée le 6 novembre dans un service du ministère de la Défense. Une information judiciaire est ouverte par le Parquet national financier en novembre 2015 et l'enquête sur des soupçons de favoritisme est en cours. Kader Arif est toujours député socialiste.
Bruno Le Roux
Bruno Le Roux est ministre de l'Intérieur de François Hollande depuis décembre 2016. Le 21 mars, il quitte le gouvernement quelques heures après l'ouverture d'une enquête préliminaire du Parquet national financier sur l'emploi de ses filles quand il était député. L'émission Quotidien, sur TMC, a révélé que Le Roux a employé ses deux filles, alors qu'elles étaient lycéennes puis étudiantes. Elles ont cumulé 14 CDD pour l'une, 10 pour l'autre, entre 2009 et 2016, pour un montant total de 55 000 euros. Elles n'avaient, lors des premiers contrats, que 15 à 16 ans. La démission de Bruno Le Roux porte ainsi à six le nombre de proches de la présidence Hollande contraints de démissionner à la suite de révélations compromettantes, depuis l'arrivée du chef de l'État à l'Élysée en mai 2012.
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