dimanche 20 août 2017

Des cadres d'En Marche ! se rebiffent

Alors que le parti présidentiel doit valider aujourd'hui ses statuts, certains responsables départementaux critiquent le fonctionnement du mouvement et souhaitent être davantage pris en compte.

Ne les appelez surtout pas frondeurs ! Mais ils sont une poignée de cadres de la République en marche (LREM) à sortir du bois pour confier ouvertement leurs inquiétudes sur l'avenir de leur mouvement. Et ce, alors même que les nouveaux statuts du parti d'Emmanuel Macron, qui sont loin de faire l'unanimité, doivent être validés aujourd'hui par un vote en conseil national. « Avec ces statuts, l'organisation est trop pyramidale. Ce n'est pas conforme à notre ADN, nous sommes un parti participatif », déplore Christine Jagueneau, référente En Marche ! dans le Loir-et-Cher, qui, comme trois autres responsables départementaux, signe aujourd'hui une tribune dans « l'Opinion » appelant à « (re)bâtir le parti ».


Depuis l'élection de leur champion, une certaine désillusion gagne les rangs. « On a beaucoup oeuvré pendant la campagne. On aimerait qu'on nous reconnaisse un vrai statut, qu'on ait de vraies attributions », détaille Pascal Maître, référent dans l'Indre, qui souhaiterait avoir les coudées franches pour faire vivre son mouvement localement. « Ce parti est trop parisianiste, il manque de capacité d'écoute », renchérit Christine Jagueneau, qui plaide pour une organisation plus décentralisée.


Quant à la communication interne, elle serait, à en croire certains, totalement... verrouillée : « Les dirigeants sont tellement obsédés par les médias, ils ont tellement peur des fuites que tout est sacrifié à la gestion de la com », s'agace un cadre du sud de la France. Autre écueil, les référents ne savent plus à quel saint se vouer au quartier général d'En Marche ! « Qui sont les vrais dirigeants du parti ? » s'interroge Michel Coste, responsable en Ardèche. Et de souligner que l'ex-présidente par intérim Catherine Barbaroux a disparu de la circulation et que, depuis, les cadres n'ont pas été informés du nouvel organigramme. « On a besoin d'un chef charismatique et compétent », martèle l'Ardéchois.


Au siège d'En Marche !, on relativise cette grogne naissante. « Nous sommes dans une période transitoire, l'organisation actuelle n'est pas adéquate mais les nouveaux statuts vont clarifier tout cela », démine un porte-parole. Et de préciser : « La future organisation donnera plus d'indépendance au niveau local. »

Le chef de l'état a été alerté

Les cadres en colère n'ont pas l'intention de faire exploser le parti : « Nous sommes des inquiets constructifs. On croit en ce mouvement, on a envie qu'il réussisse », résume Michel Coste, qui a envoyé un SMS, mardi, à Emmanuel Macron pour l'alerter. L'enjeu : les élections intermédiaires. « Dans deux ans, il y aura les européennes, dans trois ans les municipales. Pour gagner, nous avons besoin d'un ancrage local », rappelle Christine Jagueneau. Et de glisser avec malice : « On sait que le président n'est pas satisfait de l'organisation actuelle du mouvement. Si on peut contribuer à accélérer le remontage de bretelles, tant mieux ! »
  Le Parisien

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