La mère, habillée en Espagne comme l’Arabie Saoudite l’y obligerait, n’en finit pas de vanter ses petits.
Ses deux fils, l’un abattu, l’autre en garde à vue, sont au cœur de l’horreur islamiste qui s’est abattue sur la Catalogne et pas une larme au coin de l’œil, pas un trémolo dans la voix, un visage aucunement ravagé par le chagrin ! Mais de quel bois est donc faite cette mère ?
Comme elle semble, d’ailleurs, se prêter de très bonne grâce à l’interview de LCI, cette Halima ! Oh, évidemment, elle « ne comprend pas ce qu’il s’est passé » puisque, juste avant, ses « garçons » – terroristes présumés de l’attentat de Cambrils – « étaient à la maison, ils jouaient et rigolaient » ! Trébuche-t-elle sur ses mots ? Va-t-elle éclater en sanglots en évoquant les chairs de sa chair, précisément, ne plus jamais rire et s’amuser ?
Notre bon sens nous dit que toute mère normalement constituée va tourner le dos au journaliste et refuser de poursuivre une aussi affreuse interview ? Eh bien, non : la mère, habillée en Espagne comme l’Arabie saoudite l’y obligerait, n’en finit pas de vanter ses petits. C’est bien simple, ils n’avaient que des qualités. On connaît la chanson… Des gentils garçons « tout à fait normaux » qui prenaient soin d’elle, « avaient des emplois et ne volaient pas ». Enfin, quoi, c’est in-com-pré-hen-sible, qu’elle nous dit ; la preuve, quelques heures avant la criminelle épopée, « ils étaient souriants et détendus ». Rétrospectivement, cette Halima n’en ressent, d’évidence, aucun effroi…
Elle ne comprend pas, donc. Nous non plus. Choquant, de rester aussi maître de soi seulement trois jours après que ses fils, leur bande – et leur imam… – ont déferlé sur Barcelone et Cambrils. Aberrant de rester aussi stoïque après avoir appris qu’ils étaient (peut-être) des fous d’Allah. Et, par-dessus tout, terriblement inquiétante, cette absence de compassion, de regret (ne parlons pas de pardon !) envers les familles endeuillées et les victimes blessées.
Non, on ne comprend pas. Après avoir entendu cela, certains pourraient songer à ces mères palestiniennes interviewées à la télévision Palestinian Media Watch, qui voyaient la mort en « martyrs » de leurs fils comme le sacrifice suprême auquel doit se prêter « chaque mère », donnant ainsi raison à Wafa Sultan, la célèbre psychiatre et sociologue américaine d’origine syrienne. Celle qui n’a de cesse de dénoncer l’islam, cette idéologie mortelle méprisant la vie. Alors, comment, comme elle le dit elle-même, « se solidariser avec une femme qui lance les youyous de jouissance quand l’un de ses enfants se fait exploser contre les juifs et pleure quand les juifs tuent ses autres enfants » ?
Alors, que cherche LCI en octroyant la parole à la mère d’assassins présumés : que le citoyen s’identifie à une mère musulmane plutôt qu’aux victimes et à leurs familles ? À humaniser et atténuer l’horreur ? À diluer les causes et les responsabilités ? À brouiller la notion de « victimes » ?
On aurait aimé, de la part des parents Oukabir et des médias (car le père était aussi interviewé par le journal Sud-Ouest le lendemain même des attentats), alors que des victimes sont encore entre la vie et la mort, que certains morts ne sont même pas enterrés, que des terroristes compagnons de ces frères Oukabir sont encore en fuite et que d’autres du même acabit fourbissent leurs armes, un minimum de décence.
Oui, un minimum de décence.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire