mercredi 30 août 2017

Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos

de Christian Combaz

C’est au sommet de la tour Montparnasse que j’ai compris où, et au nom de quoi, le malade qui nous gouverne et qui s’en lave déjà les mains voulait entraîner la France.
J’ai rendez-vous avec mon ancien éditeur, Bernard Fixot, au 47e étage.
[…]
On voit très bien pourquoi les chaînes de télévision du câble, financées par les amis et les partenaires de mon hôte, multiplient les directs fébriles en provenance de la campagne de Hillary Clinton. Il est indispensable, pour nos suzerains économiques, de faire gagner indéfiniment l’Amérique implacable et volontaire (icône qui malheureusement s’effondre toujours davantage à chaque replâtrage, à l’exemple de Mme Clinton elle-même). Il faut restaurer sans cesse l’illusion du melting-pot, de l’immigration destinée à alimenter la croissance à crédit, de la tolérance mutuelle dont on se fiche en vérité totalement sur le plan moral, mais qui est, seule, susceptible de forger un marché homogène, docile aux buzz et aux hypes.
Il faut maintenir la machine du crédit, entretenir la dépendance de ceux qui le contractent. On ne peut pas laisser les peuples décider de leur sort et s’affranchir de la tutelle de ceux qui savent mieux qu’eux ce qu’il leur faut. S’il faut pour cela armer des bandes de va-nu-pieds au bord du désert, s’il faut financer le déplacement de millions de Somaliens ou d’Afghans vers l’Europe comme le font explicitement certaines fondations, s’il faut faire tuer les potentats africains qui veulent créer des zones de libre-échange locales, ils le feront.
Ils l’ont fait. Ils le font. Avec la complicité de la France de Neuilly-sur-Seine, depuis quarante ans, le pont aérien de la dépendance est continu : directs de Los Angeles, présidents de plus en plus atlantistes, cérémonies du débarquement de plus en plus appuyées, festival américain de Deauville, foucades destinées aux télés américaines sur le tapis rouge à Cannes, destin californien de deux ou trois vedettes françaises prises au hasard comme on gagne sa carte verte à la loterie, tout est prévu pour entretenir la faveur dont nos maîtres ont besoin pour continuer à commercer avec nous, c’est-à-dire orienter nos besoins de consommateurs selon ce qu’ils produisent, de manière à nous le fourguer plus aisément.
C’est la première fois que les Européens en perçoivent les conséquences à domicile en voyant les hordes de migrants sur leurs routes et sous leurs ponts. Nos peuples commencent à deviner l’organisation de ce système d’oppression à prétexte humanitaire. La nature de certains intérêts commence à devenir très voyante depuis qu’ils se raidissent. Que le président américain se soit déplacé tout exprès à Londres pour dire aux Anglais de bien voter a été très mal perçu en Europe. Plus encore, dans un concentré de maladresse, le système médiatique a imaginé de tirer parti d’un assassinat politique, celui d’une malheureuse députée travailliste, pour déséquilibrer le vote en faveur du maintien de l’Angleterre dans l’Union. Les arguments choisis l’ont été dans la musette des bons sentiments obligatoires. On y a puisé par habitude, sans trop réfléchir. Ce fut, par malchance, au moment où ils devenaient impopulaires : on nous a dit que la députée anglaise assassinée était une fille formidable parce qu’elle employait une assistante parlementaire qui portait le voile. Elle fréquentait des imams « modérés », elle accueillait à bras ouverts cette fameuse « diversité » si nécessaire et si tolérante, etc. Hélas, des dizaines de photos la montraient en train de fraterniser plutôt à la sortie d’une salle de prière avec n’importe qui. Ces photos ont fait le tour de l’opinion anglaise en une semaine. Le résultat fut ce vote inattendu par lequel l’Angleterre a décidé de reprendre la main avant qu’il ne soit trop tard.
Peu à peu, les langues se sont déliées. Il y a, bel et bien, un projet délibéré de mettre l’Europe au pas ; et accessoirement la France à genoux. Les liens de l’ancien commissaire européen avec la banque américaine Goldman Sachs, les menées invraisemblables du gouvernement américain pour obtenir de son vassal suédois l’extradition de Julian Assange, l’intimidation dont la France a été la victime lorsqu’elle a dû refuser le survol de son territoire par le transfuge Snowden, le garrot de l’OTAN, la diabolisation programmée de la Russie, la campagne de presse indigne en faveur de Hillary Clinton, tout indique que notre pays connaît l’une des pires sujétions de son histoire, sur fond de déséquilibre programmé à la libanaise. Si la maîtrise de ses décisions, de sa conscience, de son être profond ne lui est pas rendue, il peut perdre la main en quelques mois.
L’élection de Donald Trump à la tête de l’empire américain semble apporter à l’Europe quelque répit. Mais les ferments de la servitude et de la division sont répandus. La façon dont l’élection de Trump a d’abord été annoncée à l’envers, puisque sa rivale ne pouvait pas perdre, puis accueillie avec dédain par la machine à fabriquer l’opinion, révèle des courants pélagiques capables d’engloutir quiconque. […]

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