Pour Juppé, Macron fait "de la mousse"
"L'ancien monde" se rebiffe: dans la foulée de François Hollande et François Bayrou, Alain Juppé, dont les fidèles se réunissent à Bordeaux jusqu'à dimanche, dégaine à son tour ses critiques sur les débuts d'Emmanuel Macron. Dans Sud Ouest, l'ancien favori de la primaire de la droite, résume l'action du président de la République en une phrase: "C'est de la communication." "Les vrais problèmes sont ailleurs: quelle éducation, quelle politique européenne, ...
"L'ancien monde" se rebiffe: dans la foulée de François Hollande et François Bayrou, Alain Juppé, dont les fidèles se réunissent à Bordeaux jusqu'à dimanche, dégaine à son tour ses critiques sur les débuts d'Emmanuel Macron. Dans Sud Ouest, l'ancien favori de la primaire de la droite, résume l'action du président de la République en une phrase: "C'est de la communication."
"Les vrais problèmes sont ailleurs: quelle éducation, quelle politique européenne, quelle politique de contrôle aux frontières européennes, quelle politique de transition énergétique vraiment efficace? Voilà les priorités. Le reste, c'est de la mousse", tranche le fondateur de l'UMP.
"J'en aurais pris plein la gueule"
Le vétéran de la politique s'agace de voir l'antienne du "renouvellement", déjà servie par Jean Lecanuet en 1965, revenir sur le devant de la scène:
"Je ne sais pas ce que c'est le macronisme. Dire qu'on veut faire de la politique autrement, ça me fait bien rigoler. Ça fait quarante ans que je l'entends dire."
Oublieux de la "Juppémania" qui sévissait naguère, "le meilleur d'entre nous" goûte peu la posture monarchique adoptée par Emmanuel Macron, aidé selon lui par une presse complaisante. "Il y a eu beaucoup de communication, regrette-t-il, avec la bienveillance des médias. Si j'avais dit: 'Je suis Jupiter', j'en aurais pris plein la gueule… Jupiter, c'est le roi des dieux. Mitterrand s'était borné à être Dieu…"
"Flou artistique" sur le budget
À peine le maire de Bordeaux, dont le protégé Édouard Philippe a pourtant été nommé à Matignon, reconnaît-il une amélioration de l'image de la France à l'étranger. Pour le reste, au plan national, le compte n'y est pas:
"Il y a un grand flou artistique sur le budget 2018", juge Alain Juppé. Comment promettre à nos armées 2 % du PIB et en même temps leur retirer plus de 700 millions d'euros dès cette année? Ensuite, en matière de fiscalité, les idées du gouvernement sont floues, ça manque de cohérence et d'ambition."
L'épisode de la déclaration de politique générale du Premier ministre contredit par Bercy et l'Élysée n'a pas échappé au mentor d'Édouard Philippe.
Le professeur Juppé adresse d'ailleurs ce conseil au gouvernement: "La performance économique est d'autant meilleure que la justice sociale est assurée." Un message quasi identique que celui adressé par François Hollande sur la loi Travail, qui estimait mardi qu'"il ne fallait pas demander des sacrifices inutiles aux Français".
Faire exister la "droite ouverte"
Alain Juppé prévient cependant: "Je ne suis pas François Hollande... Je n'ai pas l'intention de me relancer dans l'arène politique nationale." Pas question, pour autant, que l'héritage de la "droite ouverte" s'éteigne en silence.
"Ce que je veux, c'est aider à constituer une pépinière de nouveaux talents", explique l'ancien Premier ministre.
"Je veux exprimer mes idées. Vérifier qu'elles sont partagées par beaucoup. Et si elles ont leur place à l'intérieur de LR? C'est ça le défi", conclut-il, à l'heure où Laurent Wauquiez, porte-étendard de la ligne droitière des Républicains, tient sa victoire pour acquise lors de l'élection d'un nouveau président du parti en décembre prochain.
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