L'entourloupe de la charte de Brigitte Macron, sainte patronne du président
Par Thomas Vampouille
Publié le 21/08/2017 à 12:02
La présentation, dans la "charte de transparence" publiée ce lundi 21 août par l'Elysée, des moyens dont dispose Brigitte Macron, est particulièrement avantageuse pour l'épouse du président par rapport aux Premières dames qui l'ont précédée…
La transparence, toute la transparence, rien que la transparence… vraiment ? L'Elysée a publié ce lundi 21 août la fameuse "charte de transparence relative au statut du conjoint du Chef de l'Etat", censée clarifier le rôle de Brigitte Macron. Actant le fait qu'"aucun texte juridique ne codifie" ce rôle, et après avoir renoncé à inscrire dans la loi un statut qui faisait grincer des dents dans l'opinion, l'Elysée inscrit sa démarche "dans une préoccupation de transparence démocratique", promettant "pour la première fois" d'y "clarifier et rendre publics tant la mission du conjoint du chef de l'Etat que les moyens qui lui sont alloués pour la remplir".
C'est toutefois au chapitre des moyens, le plus important en termes de transparence démocratique, que le bât blesse. Tout en soulignant que l'épouse du Président "ne bénéficie d'aucune rémunération", ni de frais de représentation, ni "d'aucun budget propre", l'Elysée explique qu'elle pourra s'appuyer "sur le cabinet du président de la République", et précisément sur deux conseillers "mis à sa disposition" : un conseiller spécial faisant office "de directeur du cabinet de Brigitte Macron" et "un conseiller qui exerce la fonction de chef de cabinet".
Deux collaborateurs… plus tous les autres
Présenté comme cela, Madame Macron paraît disposer d'un cabinet ultra-réduit. Sauf que ce qu'oublie de dire l'Elysée, c'est que parmi les personnels dévolus aux Premières dames, bon nombre sont assignés au courrier ! Or, celui-ci n'a pas disparu. La charte l'indique d'ailleurs, au sujet de Brigitte Macron : "Elle répond à l'ensemble de ces sollicitations, soit par courriers, soit par des rencontres". Spoiler : elle ne le fait pas elle-même ! Paris Match avance le chiffre de dix personnes - Capital dit cinq - chargées de répondre aux quelque 150 lettres reçues chaque jour. Et ceux-là, la charte n'en parle pas, se contentant d'une formule bien peu précise : "Un secrétariat est également mis à sa disposition". Pratique, car l'Elysée sait pertinemment que les commentateurs ne manqueront pas de comparer les moyens affichés avec ceux dont disposaient les compagnes de précédents présidents : Carla Bruni disposait de huit collaborateurs, Valérie Trierweiler de cinq (1 chef de cabinet, 1 chargée de mission + 3 secrétaires, selon nos informations) et Bernadette Chirac de pas moins de 21 ! Avec seulement deux collaborateurs officiels, l'actuelle Première dame fait donc en apparence figure de petite fourmi bien économe…
Concernant les missions de Brigitte Macron, la charte publiée par l'Elysée évoque une participation à des actions mises en place avec d'autres conjoints de chefs d'Etat "pour lutter contre le changement climatique ou encore les violences faites aux femmes et aux enfants", ainsi que, au niveau national, le maintien d'un "lien continu d'écoute et de relations avec les acteurs de la société civile dans les domaines du handicap, de l’éducation, de la santé, de la culture, de la protection de l’enfance ou encore de l’égalité homme-femme." Ou encore, le soutien à des initiatives "qui permettent à la société française d'être plus inclusive face aux différences" (on notera en revanche que l'écriture inclusive n'est pas au programme, l'Elysée parlant tout au long du texte de "conjoint du chef de l'Etat", au masculin, qui l'emporte manifestement toujours même si le cas ne s'est encore jamais présenté en France…).
Enfin, le rôle bien daté de maîtresse de maison est toujours d'actualité : Brigitte Macron en effet "supervise la tenue des manifestations et réceptions officielles au sein du Palais de l'Elysée". La Première dame n'a-t-elle pas, comme l'Elysée l'indique en préambule de la charte, un rôle de "patronage"du chef de l'Etat ? Pour savoir ce qu'on veut précisément nous dire avec cette formule incongrue, on vous laisse choisir dans les définitions proposées par le Larousse, qui vont d'"appui, protection de quelqu'un d'influent" à… "protection d'un saint". Sainte Brigitte, priez pour nous !
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