dimanche 26 mars 2017

Classé X : contre Fillon, Angot et sa décence peu commune…  « C’était une tentative de dialogue. Parfois, ça réussit. Parfois, ça s’emmanche moins bien. »

Par Nicloas Gauthier 

Jeudi soir sur France 2, on avait lâché les chiens – ou, pour être plus précis, la chienne de garde – contre François Fillon. D’où la prestation de Christine Angot, papesse de l’autofiction, nouveau genre littéraire pouvant se décliner sur les modes qui suivent : mon père était pédophile, mon père était nazi, mon père était un nazi pédophile. C’est une mode, dira-t-on, un peu comme les scoubidous, jadis, chers à Sacha Distel.
Plus qu’énervée, « l’Autriche » ou « l’auteure » – on ne sait plus trop bien quoi écrire – vole dans les plumes de l’ancien Premier ministre de la manière la plus grossière qui soit. On n’entrera pas dans le détail des malversations réelles ou supposées de ce dernier, ne retenant que cette seule phrase de la « procureure »/ »procureuse » d’un soir : « Ce n’est pas une question d’illégalité, c’est une question de décence. »
La décence, parlons-en, justement. Pour ce faire, remontons à 2006, année à laquelle Christine Angot publie un récit d’autofiction – évidemment – intitulé Le Marché des amants ; déjà, rien que ce titre… Elle y détaille par le menu son idylle avec Bruno Beausir, plus connu sous le nom de Doc Gynéco, rappeur qui défraye ensuite la chronique, puisque proche soutien de Nicolas Sarkozy en 2007. Extraits choisis, à éviter toutefois de montrer aux enfants : « On faisait l’amour, on jouissait, il me prenait dans le vagin mais par derrière, en me demandant de serrer mes jambes et de croiser mes chevilles. » En d’autres termes, madame était servie de cinq à sept.
Seul problème et véritable nœud du livre, si l’on peut dire, Doc est adepte des vices orientaux et des ultimes outrages, tandis que Christine lui interdit la porte des cabinets jouxtant celle de la traditionnelle salle de jeu : « Il était un peu déçu, mais il ne se trompait pas de trou. […] Il me prenait, me mettait dos à la fenêtre, essayait de baisser mon pantalon pour introduire sa queue, en m’immobilisant contre le mur et la fenêtre. Ou alors, j’étais à mon bureau, il la sortait et la mettait devant ma bouche… – Bruno non, non, je te dis. Pas maintenant.
Pas comme ça. – Si. – Non Bruno, je ne veux pas comme ça. – Allez, juste un petit peu. » Dans le registre du livre à lire d’une seule main, il sera toujours préférable de relire Brigade mondaine, collection créée par Gérard de Villiers et dont les meilleurs titres furent signés, sous pseudonyme, par un autre cher défunt : le regretté Philippe Muray…
Dans cette affaire finalement assez risible – la bourgeoise qui s’encanaille est une histoire ne datant pas d’hier –, le plus misérable n’est pas forcément le déballage intime de celle qui confond sœur Emmanuelle et Emmanuelle tout court (la belle Sylvia Kristel dans son fauteuil en rotin), mais l’arrogance des amis de Christine Angot, voyant chez le fougueux Bruno Beausir une sorte de bête de foire sortie d’une exposition coloniale.
Il s’en explique, d’ailleurs, à l’hebdomadaire Elle, en septembre 2008 : « Ils ne se comprennent qu’entre eux. On dirait une sorte de secte avec un langage codé, qui ne connaît rien d’autre que la littérature. Ils étaient très intolérants quand on parlait d’autres arts, plus simples, comme la chanson. Ils te disent qu’ils se sentent proches des gens modestes, tout en étant assis dans un restau à 150 euros par personne. Et après, ils se croient rebelles, anarchistes ! C’est comique. »
Le mot de la fin revient, bien sûr, à l’infortuné David Pujadas : « C’était une tentative de dialogue. Parfois, ça réussit. Parfois, ça s’emmanche moins bien. »
Doc Gynéco n’aurait pas mieux dit.

 


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