Publié
le 6 Mars 2017 - Mis à jour le 6 Mars 2017
Trocadéro
Il faut toujours regarder
la photo....celle de François Fillon entouré de ses soutiens
sur le parvis du Trocadéro
est éloquente et porteuse
d'indices pour la suite des évènements.Y figurent bien entendu ceux, célèbres, et ceux qui le sont moins,
qui n'ont jamais
douté de leur champion : Bruno Retailleau, Valérie Boyer, Philippe
Houillon, Camille de Roca Serra, Gérard Longuet. Pas un juppéiste
: ils ont quitté le navire de la campagne
Fillon. Pas Xavier Bertrand,
le président de la région Hauts de France, ni Valérie Pécresse,
la présidente de l'Ile de France,
pourtant aux cotés de François
Fillon mercredi dernier.
On cherche en vain Gérard Larcher, le président du Sénat : il n'a pas rompu avec François Fillon mais est à la recherche d'un plan B, pour l'heure,
introuvable... En revanche les sarkozystes occupent le terrain : Luc Chatel
et Eric Ciotti,
qui collent aux semelles du candidat, ainsi
que Philippe Goujon, Damien
Abad. Et puis il y a François
Baroin ; le sénateur maire
de Troyes, président de l'Association des Maires
de France, ex-futur
Premier Ministre de Nicolas Sarkozy
était positionné juste
derrière François Fillon. Ce groupe compact
avait les yeux rivés sur la foule munie de drapeaux tricolores venue soutenir le candidat, en scandant : " François tiens bon, la France est derrière toi". Même s'il n'y a pas eu "multiplication des pains", au point
de l'évaluer à 200.000 personnes, la mobilisation est importante. Tout le monde
le sait. Ce meeting
a valeur de test. Et le discours de François Fillon est prudent: il reconnait ses erreurs ,celle" d'avoir demandé à son épouse de travailler pour lui" , et celle
de ne pas savoir comment
parler de cette
erreur . Il fustige
"la désertion assumée sans honte et sans orgueil" de ses anciens
coéquipiers et il prend l'assistance à témoin : "Laisserez-vous
les intérêts de factions et de carrière
et les arrière-pensées de tous ordres l'emporter sur la grandeur
et la cohérence d'un projet adopté
par plus de quatre millions
d'électeurs?", mais il laisse le jeu ouvert
: " Je continuerai
à dire à mes amis politiques que ce choix à la fois leur appartient et ne leur appartient pas". Autrement dit :"
vous pouvez tenter de me remplacer, mais c'est pour mon projet,
mon programme que les électeurs
de la primaire ont voté et pas pour celui d'Alain
Juppé ". Cependant
François Fillon ne prononce aucune phrase définitive à l'image de " je ne me retirerai
pas, je ne cèderai pas ", entendue mercredi dernier. Tout reste ouvert. Un bain de foule et une réflexion plus tard, le voilà sur le plateau de France 2. François Fillon apparait détendu ; aucun marque de
crispation sur son visage .Il rembarre sèchement
cette initiative des trois présidents de région qui veulent lui offrir
une "sortie respectueuse", obligeant Valérie Pécresse à revenir sur ses propos
dans un twitt
quelques minutes plus tard où elle écrit
:" nous défendrons coûte que coûte
le projet de François Fillon
car c'est lui qu'il faut à la France".
Le projet oui , mais l'homme? Quant au comité politique de LR qui se réunit aujourd'hui, Fillon rappelle que c'est lui qui
l'a créé au lendemain de la primaire
et prévient : " Personne
ne peut m'empêcher d'être candidat.
J'ai déjà 1500 parrainages" ( ndlr, soir le triple du nombre requis).Il brandit la menace d'un " hold up démocratique", affirme qu'il
n'est pas "autiste" et se déclare ouvert
à la discussion". Que pèsent
alors les tractations de coulisses qui aboutiraient à une candidature d'Alain Juppé, lequel ferait un ticket avec François Baroin, voire à l'idée toujours caressée par certains sarkozystes d'une candidature Baroin tout court? De Bordeaux
Alain Juppé doit se poser la
question, puisqu'il fait savoir dans la soirée
qu'il fera une déclaration ce lundi matin.
Quelle que soit la décision
du maire de Bordeaux, les dirigeants de
droite devront résoudre
l'équation suivante :
- ne pas décevoir l' électorat de droite qui réclame dans sa grande majorité le programme de rupture de François
Fillon, et qui rejette une candidature d'Alain
Juppé , jugé " trop à gauche"; pour empêcher cet électorat de se
tourner vers Marine Le Pen, il n'y a qu'une solution, la formation d'un " ticket avec François
Baroin , caution sarkozyste, qui reprendrait les grandes lignes du programme
de François Fillon,
qui serait de nature à éviter une hémorragie en direction du Front
National .
-
donner satisfaction à l'électorat de sensibilité centriste
(-certes minoritaire mais dont l'appoint
est indispensable pour constituer une majorité), qui se détourne
aujourd'hui de François
Fillon et lorgne du coté d'Emmanuel Macron. Pour cet électorat, la présence de François Baroin,
auréolé de son passé chiraquien, serait également une hypothèse envisageable . Le maire de Troyes apparait
donc incontournable, quel que soit le cas de figure,
surtout si François Fillon reste en lice .
Mais le temps presse,
et personne n'a les moyens d'empêcher François
Fillon d'être candidat.
Le candidat baisse dans les sondages. Il clame son innocence et les défections
continuent dans son camp. Hier ce sont trente élus de l'Est qui ont appelé François Fillon
à" prendre une décision forte ne tenant compte que du seul destin de la
France". Mais la solution juridique n'existe pas. En attendant la sortie du tunnel on ne peut faire qu'un
constat : la droite en est revenue
à la situation dans laquelle
elle se serait trouvée avant l'organisation de primaires. Un peu comme si celles-ci n'avaient jamais
existé .
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