jeudi 2 mars 2017

Les 4 conditions de la réussite des réformes. Par Vincent Chriqui, maire de Bourgoin-Jallieu, membre de l'équipe projet de François Fillon


(Crédits : DR)





Là où la plupart des candidats à l'élection présidentielle accumulent les promesses démagogiques et les annonces de dépenses non financées, François Fillon fait exception. Il est seul à proposer un projet de réforme et de redressement fondé sur des économies de dépenses et des mesures favorables au travail. Il concentre ainsi toutes les critiques : celles des partisans de l'immobilisme comme celles de ceux qui feignent de croire qu'un pays écrasé d'impôts peut continuer dans la fuite en avant des dépenses publiques. Tous dénoncent à l'unisson un projet « radical », « brutal », une « purge ».
Pour en juger, la meilleure approche consiste à prendre un peu de recul. D'autres pays ont engagé des réformes profondes, et ont redressé durablement leur situation économique et sociale. Se pencher sur ces exemples, c'est déterminer les conditions d'une réforme réussie et éclairer le chemin que doit prendre la France pour retrouver son rang en Europe et dans le monde.
Ces conditions sont au nombre de quatre.

1 Pédagogie de la réforme

Premièrement, tous les gouvernements qui ont réussi ont commencé par une pédagogie de la réforme. Par des explications claires, par un diagnostic lucide, ils ont persuadé l'opinion en amont de l'urgence à réformer.
Au Canada, les dirigeants de l'époque, Jean Chrétien et Paul Martin, ont abondamment présenté leur projet de réforme de l'État au cours des années 1990. Ils ont notamment convaincu l'opinion canadienne qu'il était nécessaire de réduire le poids de la sphère publique en deçà de 50% du PIB, un taux qui constitue également l'un des marqueurs du projet porté par François Fillon.
Il en a été de même en Allemagne : devenue « l'homme malade de l'Europe » au début des années 2000, après avoir subi un choc économique majeur avec la réunification, elle s'est réformée en profondeur sous le gouvernement social-démocrate de Gerhard Schröder. Avec son « Agenda 2010 » (restaurer la compétitivité grâce à une libéralisation du marché du travail - les « lois Hartz » -, contenir les prestations sociales et réformer les retraites), le Chancelier a convaincu ses concitoyens que l'emploi, et non les aides sociales, constituait la solution pour sortir d'une décennie de croissance molle. Ce travail pédagogique a notamment permis la mise en œuvre dans un large consensus de la réforme du marché du travail en Allemagne.
La pédagogie a également été le maître-mot des gouvernements réformateurs au Danemark et en Australie. Les réformes menées au Danemark de 1994 à 2003 sont marquées par un dialogue renforcé avec les partenaires sociaux et la société civile, qui permet la cristallisation d'un consensus national favorable à la réforme.
En Australie, la pédagogie des gouvernements de tous bords politiques en faveur de la responsabilité budgétaire depuis les années 1980 a fait émerger une véritable conscience citoyenne à ce sujet : l'impératif de maîtrise de la dépense publique est maintenant une donnée politique admise par l'opinion et qui transcende les clivages partisans.
Dans cette logique d'efficacité et de concertation, François Fillon a montré par le passé sa capacité à faire passer des réformes difficiles, notamment la réforme des retraites de 2003, grâce à un sens aigu du dialogue et de la pédagogie, conjugué à une grande fermeté. Par ailleurs, comme dans la démarche proposée par François Fillon, la société civile a été largement associée aux réformes menées dans les pays qui ont réussi leurs programmes de réformes.

2 Rendre leur liberté aux acteurs économiques et aux citoyens

Deuxièmement, la réforme doit s'appuyer sur une philosophie du changement. De ce point de vue, on rejoint à nouveau une idée-force de François Fillon qui a souvent remarqué qu'il n'y a pas de victoire politique sans victoire idéologique.
Pour autant, cette philosophie du changement n'est pas une philosophie partisane. Il est frappant de constater que ce sont des gouvernements de droite comme de gauche qui ont assumé ces réformes. Quel qu'ait été leur bord, la philosophie restait globalement la même : elle consistait à dire qu'une puissance publique trop présente, trop dépensière, finit nécessairement par obérer la liberté et la responsabilité des citoyens. Mieux vaut une politique de l'emploi efficace, qui redonne de la dignité aux populations, qu'une multiplication des aides. Là aussi, on retrouve clairement le fil directeur du projet de François Fillon, qui vise à rendre leur liberté aux acteurs économiques et aux citoyens, afin de renouer avec le plein emploi.
C'est ainsi que, face à la récession qui frappe l'Australie dans les années 1980, le parti travailliste, alors au pouvoir, se lance dans une vaste réforme de la fonction publique qui sera poursuivie par le gouvernement de centre-droit de John Howard dans les années 1990.  Les premières réformes Cameron au Royaume-Uni sont le fait d'une solide coalition Conservateurs-Libéraux qui a permis un large consensus sur les réformes à mener.
En Italie, ce sont des gouvernants de centre-gauche qui ont mené les réformes importantes du marché du travail ces dernières années (Mario Monti à la tête d'une coalition en 2011-2013 et le démocrate Matteo Renzi en 2014-2015).
En Allemagne, il y a une continuité, en termes de politique économique, entre Schröder (SPD) et Angela Merkel (CDU, à la tête d'une coalition avec le SPD). Résultat : un renouveau de l'industrie, le succès à l'exportation et, aujourd'hui, le plein emploi.

3 Ne pas se contenter de demi-mesures

Troisièmement, ces réformes sont de grande ampleur. Lorsqu'il s'agit d'obtenir des résultats macro-économiques profonds - le retour au plein emploi, le redressement des finances publiques -, on ne peut se contenter de demi-mesures.
Au Canada, la dépense publique et la taille de la fonction publique ont été réduites d'environ 20% en 6 ans. Les réformes menées par Jean Chrétien (1993-2003) ont conduit à une amélioration significative du solde public, de -8% du PIB 1993 à +2% du PIB en 2000 ; la dette a baissé de 30 points de PIB sur la période. Des mesures de reclassement et des indemnités de départ ont été mises en place pour faciliter les départs volontaires.
D'autres exemples de réformes de l'État d'ampleur menées efficacement sont ceux de l'Espagne (réformes Rajoy 2011-13) avec 50 milliards d'euros d'économie de début 2011 à fin 2014, dont 37,2 milliards d'euros en dépenses publiques ; et du Royaume-Uni avec les réformes Cameron (2010-2016) avec une dépense publique qui est passée de près de 50% du PIB en 2010 à 44% du PIB en 2014.
François Fillon propose quant à lui une réduction de 500 000 du nombre d'emplois publics, soit une diminution de 8% ; une baisse du niveau des dépenses publiques de 57% à 50% ; et un redressement des finances publiques de 1 point de PIB par an à partir de 2020, pour parvenir à l'équilibre des finances en fin de mandat. Comme on le voit, ces objectifs sont tout à fait comparables avec les résultats obtenus à l'étranger.

4 Ne pas se contenter d'un seul levier

Et enfin, quatrièmement, les réformes couvrent généralement un large champ : il n'est pas possible d'obtenir des résultats globaux en agissant sur un seul levier. Il faut une réforme de l'État profonde et générale pour réduire significativement la dépense, et pour ainsi redresser les finances publiques et réduire les charges, afin de favoriser l'emploi.
François Fillon est clairement dans cette logique en proposant un plan de réforme « à 360° » : réforme de l'État, réforme du marché du travail, réforme des retraites. Les Français en verront d'ailleurs immédiatement les bénéfices, non seulement à travers l'amélioration de la situation économique générale, mais aussi dans leur vie quotidienne : c'est la réforme des retraites qui permettra d'améliorer les petites retraites, c'est la baisse des dépenses qui permettra de réduire les impôts et les charges sur les entreprises et sur les salariés.
En matière de réforme de l'État, au Canada, le nombre de ministères est passé de 32 à 23. En Suède, un grand nombre de missions de l'État ont été transférées à des agences. François Fillon propose de réduire le nombre de ministères à 15, avec à leurs têtes des ministres choisis uniquement pour leur compétence, afin d'augmenter leur efficacité, d'éviter les doublons et les gaspillages et d'augmenter la visibilité de l'action gouvernementale.
S'agissant de la réforme du marché de l'emploi, en Allemagne, suite aux réformes Schröder/Hartz, l'indemnisation du chômage est désormais fonction du revenu précédant la période de chômage sur les 12 premiers mois après la perte de l'emploi, avant de basculer sur une allocation forfaitaire : en janvier 2017, le taux de chômage en Allemagne a atteint son plus bas historique depuis 27 ans (5,9%, contre près de 10% en France). En Italie, les réformes Monti (2012) et Renzi (2014-2015) ont conduit l'assurance chômage vers plus d'universalité, mais avec une conditionnalité forte à la recherche effective d'emploi. François Fillon s'en inspire en proposant à la fois le retour à la dégressivité des allocations chômage et un meilleur contrôle de la recherche d'emploi.
Le nouveau CDI italien mis en place par Matteo Renzi est à protection croissante au cours des trois premières années. Celui-ci est assorti d'une aide financière à l'embauche qui a déjà conduit à une reprise des créations d'emploi en Italie et à la fin du déclin de l'emploi industriel. Ces mesures sont proches des propositions de François Fillon en matière de réforme du contrat de travail et de baisse des charges.
Globalement, toutes ces réformes ont produit des résultats significatifs. À titre d'exemple, l'Australie est le seul pays de l'OCDE à ne pas avoir connu de récession durant la crise, l'économie ayant connu 25 années de croissance consécutives suite à des réformes menées graduellement à partir de la fin des années 1980. La croissance a atteint 2,4% en 2015 (1,1% en France). La dette publique est de 37% du PIB en 2015.
Au Royaume-Uni, le chômage des jeunes, qui avait atteint 21 % en 2011, est retombé à 15 % en 2015. L'assouplissement du marché du travail a permis de lutter efficacement contre le chômage, qui est retombé en 2014 à 6% de la population active, proche de son niveau d'avant-crise, en un temps record. La forte croissance de l'économie britannique (2,3% en 2015) a permis de créer 2 millions d'emplois dans le secteur privé entre le deuxième trimestre 2010 et le quatrième trimestre 2014, tandis que 400 000 emplois publics étaient supprimés sur la même période. En 2016, malgré les premiers effets du Brexit, la croissance britannique s'est encore établie à près de 2%.
François Fillon l'a souvent déclaré dans la campagne : « En France, on a tout essayé, sauf ce qui marche. » La réforme qu'il propose s'inspire ainsi directement de celles qui ont réussi à l'étranger. Elle repose sur un diagnostic lucide et sans concession de la situation française. Elle implique un changement profond de philosophie politique, avec un État qui donne de la liberté au lieu de multiplier les allocations. Elle est ambitieuse, sans pour autant être d'une plus grande ampleur que ce qui a été réalisé chez nos partenaires. Et elle est cohérente, car la France ne se redressera pas sans un projet d'ensemble.
Ceux qui la dénoncent comme « impossible » ou « irréaliste » partent du principe que la France serait moins audacieuse, moins volontaire, moins capable de se réformer que d'autres pays. Cette approche, celle du déclassement et de l'abandon, est à l'opposé de notre démarche. Nous croyons que la France est capable du meilleur, qu'elle peut retrouver la première place en Europe dans les 10 ans, à la seule condition de faire confiance à tous ceux qui veulent travailler, innover, créer, et réussir. C'est le sens du projet de François Fillon.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire