«Qu’on s’en désole ou qu’on s’en réjouisse, les
gauches françaises sont en miettes. Il s’agit d’un constat objectif.»
Auteur d’un passionnant pavé sur l’Histoire des droites en France
(Ed. Perrin), l’universitaire Gilles Richard résume d’une phrase
l’opportunité que François Fillon peut encore saisir pour parvenir en
finale de la présidentielle.
Désormais calé dans son personnage de survivant face aux juges, aux médias et aux adversaires de son propre camp, le candidat de la droite n’est en effet pas acculé dans un recoin du paysage politique hexagonal. Il demeure, malgré son désastreux début de campagne, au centre du jeu, tant l’envie d’alternance reste réelle à l’issue du quinquennat socialiste de François Hollande. Lequel, en plus d’avoir replongé la gauche dans les affres de la division et de la «fronde» à l’égard des compromis indispensables à l’exercice du pouvoir, laisse derrière lui un besoin de stature et une envie de chef D’État «fort» dont peut espérer profiter, in extremis, le candidat Fillon.
Lire aussi: La droite française à l’épreuve du «Fillon ou rien»
Le premier, que l’on ne redira jamais assez, est la droitisation de l’opinion française, dont profite aussi Marine Le Pen. L’idée d’une société où l’ordre, les valeurs, la souveraineté nationale et l’esprit d’entreprise (oublié par le FN étatiste) seraient réhabilités est plébiscitée par les enquêtes d’opinion et explique la forte mobilisation de la primaire à droite en novembre 2016.
Lire aussi: La droite française plus déboussolée que jamais
Troisième élément, juridique celui-ci: le statut qui sera celui de François Fillon après sa convocation par les juges le 15 mars (son épouse Penelope est, elle, convoquée le 28 mars). S’il est mis en examen pour avoir procuré des emplois fictifs à sa femme et à deux de leurs enfants, l’ancien premier ministre se retrouvera de nouveau sur le fil du rasoir. S’il sort de son audition comme «témoin assisté», tout changera. Le «résistant» Fillon pourra se draper dans un costume de victime. Son récit électoral deviendra haletant. Le survivant estompera le profiteur.
Lire également: Emmanuel Macron, ni libéral, ni «hollandiste»
Jusqu’à la manifestation pro-Fillon de dimanche au Trocadéro et au renoncement d’Alain Juppé, Emmanuel Macron pouvait incarner un éventuel recours. Les juppéistes et les centristes pouvaient envisager de l’adopter par dépit, imitant en cela François Bayrou. Or la réalité politique est revenue au galop. L’épée de Damoclès des investitures aux législatives de juin 2017 est réapparue. Sur qui parier, entre l’effet Macron et la machine «Les Républicains» pour ces législatives? Pourquoi, en plus, aller lier son destin à un quadragénaire jamais élu qui promet de donner, s’il accède à l’Élysée, 50% des postes électifs et gouvernementaux à des personnalités issues de la société civile?
François Fillon avait, en pédalant juste lors de la primaire, franchi les premiers cols. Ses propositions de réforme à la hussarde de la sécurité sociale et de suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, mal perçues, commençaient à être revisitées. Son échappée s’annonçait irrésistible. Puis l’homme est tombé dans le virage de la justice qu’il a mal négocié, oubliant ses coéquipiers et accusant les commissaires de course de tous les maux. Peut-il revenir? Oui. D’autant qu’en matière de dopage politique, on ne fait guère mieux que la présidentielle française.
Désormais calé dans son personnage de survivant face aux juges, aux médias et aux adversaires de son propre camp, le candidat de la droite n’est en effet pas acculé dans un recoin du paysage politique hexagonal. Il demeure, malgré son désastreux début de campagne, au centre du jeu, tant l’envie d’alternance reste réelle à l’issue du quinquennat socialiste de François Hollande. Lequel, en plus d’avoir replongé la gauche dans les affres de la division et de la «fronde» à l’égard des compromis indispensables à l’exercice du pouvoir, laisse derrière lui un besoin de stature et une envie de chef D’État «fort» dont peut espérer profiter, in extremis, le candidat Fillon.
Droitisation de l’opinion française
Cette fenêtre de tir ne signifie pas que le vainqueur de la primaire de la droite a déjà refait son handicap. Tant s’en faut. Sur les ondes suisses romandes de Forum, mes collègues correspondants Ariane Hasler (RTS) et Xavier Alonso (24 heures/La Tribune) ont, tout comme moi, réitéré lundi dernier leur pronostic d’un second tour Macron-Le Pen. Problème: cette hypothèse étayée par les sondages néglige plusieurs éléments favorables à une possible remontée de François Fillon.Lire aussi: La droite française à l’épreuve du «Fillon ou rien»
Le premier, que l’on ne redira jamais assez, est la droitisation de l’opinion française, dont profite aussi Marine Le Pen. L’idée d’une société où l’ordre, les valeurs, la souveraineté nationale et l’esprit d’entreprise (oublié par le FN étatiste) seraient réhabilités est plébiscitée par les enquêtes d’opinion et explique la forte mobilisation de la primaire à droite en novembre 2016.
Le costume de victime
Deuxième rocher sur lequel peut s’agripper l’alpiniste Fillon: le calendrier. Le premier tour, le 23 avril, aura lieu dans un mois et demi, délai largement suffisant pour faire oublier aux électeurs les vicissitudes du «Penelopegate», surtout si le camp conservateur, avec son aile centriste, fait enfin bloc autour du candidat.Lire aussi: La droite française plus déboussolée que jamais
Troisième élément, juridique celui-ci: le statut qui sera celui de François Fillon après sa convocation par les juges le 15 mars (son épouse Penelope est, elle, convoquée le 28 mars). S’il est mis en examen pour avoir procuré des emplois fictifs à sa femme et à deux de leurs enfants, l’ancien premier ministre se retrouvera de nouveau sur le fil du rasoir. S’il sort de son audition comme «témoin assisté», tout changera. Le «résistant» Fillon pourra se draper dans un costume de victime. Son récit électoral deviendra haletant. Le survivant estompera le profiteur.
Une épée de Damoclès: les législatives
L’autre partie de l’équation concerne Emmanuel Macron. Jusque-là, le candidat d’«En Marche!» a réalisé un sans-faute. Sur sa planche de surf politique, s’affirmant comme le candidat d’un système renouvelé, où le clivage droite-gauche serait dépassé, l’ancien ministre de l’Economie a triomphé de toutes les vagues. Au point d’être maintenant crédité de 23 à 25% des voix au premier tour, derrière Marine Le Pen et (nettement) devant Fillon. Sauf que le champ de bataille s’est déplacé cette semaine.Lire également: Emmanuel Macron, ni libéral, ni «hollandiste»
Jusqu’à la manifestation pro-Fillon de dimanche au Trocadéro et au renoncement d’Alain Juppé, Emmanuel Macron pouvait incarner un éventuel recours. Les juppéistes et les centristes pouvaient envisager de l’adopter par dépit, imitant en cela François Bayrou. Or la réalité politique est revenue au galop. L’épée de Damoclès des investitures aux législatives de juin 2017 est réapparue. Sur qui parier, entre l’effet Macron et la machine «Les Républicains» pour ces législatives? Pourquoi, en plus, aller lier son destin à un quadragénaire jamais élu qui promet de donner, s’il accède à l’Élysée, 50% des postes électifs et gouvernementaux à des personnalités issues de la société civile?
François Fillon avait, en pédalant juste lors de la primaire, franchi les premiers cols. Ses propositions de réforme à la hussarde de la sécurité sociale et de suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, mal perçues, commençaient à être revisitées. Son échappée s’annonçait irrésistible. Puis l’homme est tombé dans le virage de la justice qu’il a mal négocié, oubliant ses coéquipiers et accusant les commissaires de course de tous les maux. Peut-il revenir? Oui. D’autant qu’en matière de dopage politique, on ne fait guère mieux que la présidentielle française.
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