En bon partisan du travail dominical, reconnaissons au moins ceci à Emmanuel Macron qu’il montre l’exemple en ne se reposant jamais.
Par Nicolas Gauthier
C’est à se demander si Emmanuel Macron n’a pas fait le pari de se surpasser en permanence. Tenir les pieds-noirs pour responsables de « crimes contre l’humanité », pour ensuite prétendre les « comprendre ». Estimer que les ouvriers bretons de l’abattoir Gad, mis au chômage pour cause de faillite d’entreprise, sont des « illettrés ». Assurer que les gens de la Manif pour tous ont été « humiliés » et affirmer, dans la foulée, que les mêmes refuseraient aux homosexuels de vivre librement leur sexualité : inutile de vous presser, faites la queue, il y en aura pour tout le monde !Bref, c’est un mélange de grand huit intellectuel et de train fantôme politique. En bon partisan du travail dominical, reconnaissons au moins ceci à Emmanuel Macron qu’il montre l’exemple en ne se reposant jamais. Ce mardi dernier, invité par le site Explicite pour un Facebook en direct, il a donc fait pleurer Kevin dans les chaumières en assurant que, lui aussi, en tant qu’étudiant, savait « ce que c’est de boucler une fin de mois difficile ». Levons le rideau et sortons les mouchoirs, le spectacle va commencer. Prière de ne pas rire trop fort ; il ne faut jamais déconcentrer les artistes.
« Quand j’ai quitté ma famille pour venir à Paris [Avec sa valise en carton ? NDLR], dans des moments qui peuvent arriver dans la vie [On imagine que le père qui buvait sortait de prison, tandis que la mère faisait le trottoir pour ramener quelques quignons de pain à ses douze enfants, une fois la nuit tombée, NDLR], j’ai à ce moment-là vécu en donnant des cours particuliers pendant deux ans… » Nous y voilà ! Il donnait donc des cours de français à Brigitte Trogneux, sa prof de… français, laquelle lui en prodiguait sûrement de son côté, mais de flûte à bec. Une bonne fée qui le logeait par ailleurs. Nourri, blanchi : c’était quand même pas Biribi, sachant que maman devait encore avoir de beaux restes, au siècle dernier.
Notre cher Petit Chose, donc, survivait péniblement avec mille euros mensuels, soit pas loin de sept mille francs de l’époque. En ce XXe siècle finissant, on en connaissait, des étudiants, qui auraient donné un bras pour vivre dans une telle misère noire. Pourtant, Emmanuel Macron demeure lucide : « Et encore, j’étais favorisé.
[Sandec ? NDLR] J’étais en classe préparatoire et je pouvais donner des cours. Donc, je sais ce que c’est, que des étudiants qui doivent se faire le McDo pour vivre de leurs études. » Toute réflexion faite, ce ne devait pas être des cours de français qu’il donnait. Autrement, il aurait su que « les étudiants qui doivent se faire le McDo » le font pour « financer » leurs études et non point « pour en vivre ».
Bravo Manu, ce n’était pas trop mal tenté. Dommage que de sales gosses en aient profité pour remuer la twittosphère. Exemple : « Un étudiant actuel à 1000€/mois c’est le roi du pétrole. » Ou : « Pauvre chou!! J’espère qu’il a reçu les APL. »
Dans le fort joli film d’Hal Ashby Harold et Maude, au moins Harold apprenait-il quelque chose de Maude. En retour, il l’emmenait en motocyclette dans la lande anglaise. Elle le payait de sourires et de tendresse. Ils avaient la décence de ne pas conclure. C’était charmant et délicat. Du 100 % garanti sans Macron, produit de synthèse qui, à haute dose, peut aussi se révéler nocif pour la bonne santé mentale de ceux qui le respirent de trop près.
Finalement, la grande force des tocards de ce calibre, c’est qu’ils avancent à visage découvert. Ce serait drôle si cet homme n’était potentiellement présidentiable… Remarquez que, dans le genre zozo qui se la joue popu, la France a bien survécu à Giscard. Marianne est décidément bonne fille.
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